Corruption et lutte contre le trafic de drogue

Le problème de la drogue s’est invité hier à la Chambre haute. Dans le cadre de ses activités scientifiques et culturelles, le Conseil de la nation s’est penché sur les effets socio-économiques du trafic de drogue et de la toxicomanie. Des effets désastreux, bien entendu, que ce soit sur l’économie nationale ou sur la santé humaine. L’incidence financière de la prise en charge des toxicomanes pourrait être considérée comme une intruse dans le budget consacré à la santé quand on sait le coût des nombreuses maladies chroniques. Loin de nous l’idée de dire qu’il faut écarter ceux qui s’adonnent aux narcotiques d’une prise en charge en rapport avec leur état de dépendance, mais combien on gagnerait si ce fléau pouvait être éradiqué. Le croire relèverait de l’utopie, il est vrai, tant le phénomène a pris de l’ampleur avec le trafic et l’usage de stupéfiants qui s’est intensifié chez nous, en dépit de la lutte contre le trafic de drogue et la toxicomanie. Un travail de titan qui absorbe de l’énergie et de l’argent, et qu’il faut poursuivre chaque jour avec des efforts et des investissements colossaux. Des saisies sont souvent opérées mais elles sont sans commune mesure avec les quantités qui entrent pour y être distribuées ou acheminées vers d’autres pays. 
De pays de transit, où la consommation fait rage parmi la jeunesse et même chez les adolescents, l’Algérie est devenue une plaque tournante de la drogue provenant essentiellement du Maroc qui inonde un marché de plus en plus prospère. Réputée être l’apanage des jeunes issus des couches défavorisées, la drogue s’est fait un chemin dans les milieux huppés de la capitale et des quartiers chics du pays. Le fléau s’est étendu pour toucher la jeunesse dorée qui en fait un phénomène de mode, presque un signe de richesse. Les lieux de consommation de haut standing sont devenus les repères de dealers qui vont à la rencontre de clients aisés ne lésinant pas sur les moyens pour acquérir leur «produit» de prédilection et, dans ce cas, c’est de la cocaïne qui passe «clandestinement» la frontière algéro-marocaine qu’il s’agit. Les campus et les cités universitaires ne sont pas épargnés, les étudiants sont, eux aussi, la proie de dealers, une proie consentante, il faut le dire puisque ces jeunes gens en quête du savoir s’adonnent aux narcotiques en connaissance de cause. Le danger est réel, il n’est pas besoin que les membres du Sénat le soulignent pour que l’on sache à quel point une frange importante de la population ruine sa santé et celle de l’économie de notre pays. C’est d’un engagement plus radical que nous avons besoin pour ne laisser aucune faille dont profiterait la corruption qui torpille la lutte en facilitant l’introduction de drogues. 
Par Rachida Merkouche

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