Ould Salek : «Le Polisario n’est pas impliqué dans les réseaux criminels»

Le ministre des Affaires étrangères de la République arabe sahraouie démocratique a démenti hier l’implication de membres du Front Polisario dans un quelconque réseau de trafic, de criminalité ou de terrorisme dans la région sahélo-saharienne. M. Mohamed
Salem Ould Salek récuse l’information distillée par l’AFP et reprise par plusieurs médias faisant état de l’arrestation de sept personnes présentées comme membres importants du Polisario mêlés à l’un des plus importants réseaux de trafiquants de drogue dans le Sahara occidental. «C’est l’un des principaux réseaux de trafiquants dans la zone du Sahara occidental, surnommé ‘‘Polisario’’ parce qu’il était composé à plus de 90% d’éléments  issus des camps du Polisario», avait écrit l’AFP.    «Ils ne sont pas du Polisario», insiste Ould Salek, en dénonçant les campagnes de dénigrement du mouvement de libération orchestrées par le Maroc. 
«Depuis plus de trois ans, le Maroc s’active dans la région sahélo-saharienne avec des lobbies installés aux Etats-Unis et en Europe pour dénaturer la lutte du peuple sahraoui en créant des instituts fictifs et autres pseudo-centres d’analyses  constitués d’une ou de deux personnes uniquement, travaillant avec les services marocains, qui essaient par tous les moyens de dévoyer la cause en s’évertuant à lui trouver des liens avec les réseaux criminels et terroristes», dénonce le ministre des Affaires étrangères (MAE). Il citera nommément le Centre européen d’études stratégiques et de sécurité (ESISC) et son directeur Claude Moniquet, l’AFP et la MAP (agence officielle de presse marocaine) impliqués dans cette campagne. «L’on se rappelle l’épisode de Omar le Saharoui qui aurait kidnappé des touristes espagnols. Les autorités qui l’ont arrêté, jugé et condamné ont prouvé qu’il était de nationalité malienne. Mais des médias persistaient à l’appeler Omar le Sahraoui. On fait l’amalgame entre le peuple du Sahara occidental et les autres habitants du Sahara», explique-t-il. S’agissant des réseaux de trafiquants de drogue et de criminalité dans la région, Ould Salek poursuit : «Si les forces du Front Polisario n’occupaient pas la région le long du mur de séparation,  le trafic de drogue aurait eu des proportions plus importantes. Avec la quantité qui arrive d’Amérique latine et du Maroc, plaque tournante de la drogue, la situation aurait été autre.»  
Evoquant l’évolution de la situation politique au Sahara occidental, il met en garde les Nations unies contre le risque d’aggravation du conflit qui oppose le peuple sahraoui au royaume du Maroc. «Les Nations unies doivent prendre leurs responsabilités devant le blocage de la solution politique par le Maroc», tonne-t-il. Devant l’échec du dernier round de négociations informelles à Manhattan et la violence de la répression contre le peuple sahraoui dans les territoires occupés par les forces marocaines, les voix se font plus insistantes en vue d’une reprise des armes. «Il y a une forte pression de la base civile et militaire dans les zones occupées et les camps de réfugiés pour la reprise des combats. Depuis 2005, suite au blocage du processus de paix et l’incapacité de la Minurso d’accomplir sa mission – organiser un référendum pour l’autodétermination – le  peuple sahraoui s’impatiente», avertit Ould Salek. Il motive la participation sans faille du Polisario aux différents rounds de négociations avec le Maroc par la volonté des Sahraouis de parvenir à une fin pacifique au conflit selon les décisions de l’ONU. «Nous ne voulons pas donner au Maroc le prétexte du refus du dialogue. Il ne sera pas dit que le Sahara occidental bloque la volonté des Nations unies. Mais nous ne pourrons pas contenir le peuple indéfiniment». 
Il profitera de la tribune d’El Moudjahid pour dénoncer le rôle joué par la France et l’Espagne (anciennes puissances coloniales) de faire le jeu du royaume dans sa politique expansionniste. «La présence de la France et de l’Espagne au sein du groupe des amis du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental a empêché une action positive nécessaire du Conseil de sécurité pour faire respecter les accords conclus entre les deux parties et l’accomplissement par la Minurso de son mandat», tranche Ould Salek. «L’autodétermination du peuple sahraoui est dans l’intérêt du Maroc, de la région et des deux rives de la méditerranée», poursuit-il.  
Par Samir Azzoug
La Tribune d’Algérie, 22/12/2010

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