Le Polisario n’écarte pas la reprise des hostilités

La reprise des hostilités avec le Maroc n’est pas à écarter. Le ministre des Affaires étrangères de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), Mohamed Salem Oueld Salek, l’a clairement signifiée hier.

« La pression au sein de la base militante et au sein des militaires augmente chaque jour davantage» a-t-il déclaré, au forum El Moudjahed.

Les Nations unies doivent assumer leurs responsabilités, a encore ajouté le ministre en soulignant que la patience des Sahraouis arrive à sa limite.

Mohamed Salem Oueld Salek a conseillé hier vivement au roi Mohammed VI de prendre exemple sur son défunt père qui était, dit-il, arriver à la conclusion qu’après 17 années de guerre avec les Sahraouis, seule la voie de l’autodétermination était possible.

«Si le roi Hassan II, jusqu’à sa mort s’est attaché à l’organisation du référendum, c’est parce qu’il a conclu, après de longues années de guerre dévastatrice et de confrontation diplomatique que l’intérêt suprême du Maroc et de tous les peuples de la région résidait dans la solution démocratique qui obéit à la légalité internationale et satisfait les droits inaliénables du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance» a déclaré le ministre des Affaires étrangères de la RASD. Ce dernier rappellera en outre que Hassan II avait pris un engagement solennel devant la communauté internationale de respecter le résultat du référendum et serait le premier à accréditer un ambassadeur auprès de l’Etat sahraoui si le choix du peuple était celui de l’indépendance.

«Jusqu’à quand on va rester dans cette situation» s’est interrogé le ministre sahraoui qui rappellera toutes «les volte-face» du gouvernement marocain depuis l’accession au trône du nouveau roi. Mohamed Salem a fait savoir que tous les efforts déployés par les Nations unies pour surmonter les obstacles dressés par le Maroc pour contrer l’expression libre du peuple sahraoui n’ont pu aboutir à ce jour à cause de l’intransigeance du gouvernement marocain et la complicité de la France, membre permanent du Conseil de sécurité et du gouvernement espagnol actuel qui, poursuit-il, depuis 2004 ont voulu tous les deux légitimer le fait accompli colonial marocain.

Le ministre sahraoui des Affaires étrangères a indiqué par ailleurs que le quatrième round de «négociations informelles» entre le Front Polisario et le Maroc qui s’est achevé le 18 décembre dernier à Manhassat, près de New York n’a abouti à rien.

«Aucune avancée pouvant ouvrir la voie à la solution politique qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies, n’est enregistrée à ce jour» s’est désolé le responsable de la diplomatie sahraouie. Ce dernier a indiqué que le Maroc a dressé de multiples obstacles conditionnant tout progrès dans la négociation par l’acceptation, à l’avance, de sa souveraineté sur le Sahara occidental, contrairement à l’appel du Conseil de sécurité pour des «négociations substantielles, sans conditions préalables et de bonne foi».

L’invité du forum d’El Moudjahed a déclaré sans ambages que le conflit au Sahara occidental s’enlise de plus en plus du fait des tergiversations marocaines.

«Le revirement opéré par Mohammed VI depuis 2003 pour dévier le processus de décolonisation du Sahara occidental de son cours normal à travers la tentative de l’enterrement du référendum d’autodétermination a plongé le Maroc et la région dans l’incertitude et l’instabilité, sources de tous les dangers» a averti le ministre.

Il soulignera en outre que la répression sanglante dont ont été victimes les Sahraouis dans les camps d’El Ayoune démontrent la rupture totale qui existe entre le peuple sahraoui et l’occupant marocain.

«Le déni de justice, le traitement inhumain et la répression sauvage ne viendront pas à bout de la lutte héroïque de notre peuple pour jouir de ses droits inaliénables et imprescriptibles à la liberté et à l’indépendance» a lancé le conférencier qui ajoute que le chemin emprunté par le nouveau monarque du royaume marocain est périlleux et comporte des risques incalculables.

Enfin interrogé sur la présumée complicité d’un membre du Polisario dans un réseau de trafic de drogue, tel que rapporté par une dépêche AFP et reprise par l’agence officielle marocaine, le ministre des Affaires étrangères a démenti formellement cela. Mohamed Salem Oueld Salek a mis cette «information» sur le compte de la guerre que mène les Marocains dans le but de noircir la cause sahraouie.

«Depuis trois années le Maroc s’active dans la région sahélo saharienne en créant des lobbys pour déstabiliser la cause sahraouie» soutient le ministre qui dénonce «une volonté manifeste du Maroc de vouloir lier à tout prix la cause sahraouie au terrorisme et au trafic de drogue dans la région».

par Z Mehdaoui 
Le Quotidien d’Oran, 22/12/2010

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