Le gouvernement sahraoui met en garde contre l’escalade

«L’intransigeance du Maroc à refuser tout règlement du conflit en dehors de la formule qu’il propose et la caution que lui donne la France mais aussi l’Espagne poussent plutôt le peuple sahraoui à reprendre les armes», a déclaré hier, lors d’une conférence de presse donnée au Centre de presse d’ El-Moudjahid, le ministre des Affaires étrangères de la RASD, M. Mohamed Salem Ould Salek. 

Le ministre sahraoui, qui a assuré que «les efforts consentis par les Nations Unies trouvent encore l’écho souhaité chez le Polisario», a appelé la communauté internationale à «exhorter le monarque alaouite à se soumettre à la légalité et à respecter les engagements de son père, des engagements consignés, ajoutera-t-il, dans les accords de 1991». M. Ould Salek a estimé que la lenteur que prend le processus de paix, au moment où le Maroc continue, sous le regard du monde entier et de la Minurso, de «réprimer les populations et piller leurs ressources», a entamé la patience des Sahraouis. «L’Organisation des Nations Unies doit assumer sa responsabilité. Dans ce sens, nous appelons le Conseil de sécurité à faire bouger le processus de paix et faire pression sur le Maroc pour qu’ils exécute ce qui a été conclu dans les accords du cessez-le-feu», lancera-t-il. 
Le ministre sahraoui, qui s’est exprimé pour faire le «bilan des évolutions qu’a connues le conflit ces deux dernières années», a souligné qu’en dépit de plusieurs rounds de négociations formelles et informelles (le dernier s’est achevé le 18 décembre dernier), «aucune avancée pouvant ouvrir la voie à la solution politique qui permet l’autodétermination du peuple sahraoui n’est enregistrée à ce jour». Encore une fois, dira-t-il, le Maroc a «dressé de multiples obstacles en conditionnant tout progrès dans les négociations par l’acceptation à l’avance de sa souveraineté sur le Sahara occidental». Chose inacceptable, selon le ministre sahraoui et contraire à la résolution du Conseil de sécurité stipulant des négociations «sans condition préalable et de bonne foi». 
M. Ould Salek a réitéré l’engagement de son gouvernement à n’accepter la tenue du référendum d’autodétermination que s’il offre les trois choix convenus, à savoir l’indépendance, l’intégration et l’autonomie. Sinon, le ministre de la RASD a jugé que le «revirement du Maroc, depuis 2003, quant à la tenue du référendum suivant les règles négociées par son père, a plutôt plongé la région dans l’incertitude et l’instabilité, sources de tous les dangers. Ainsi, a-t-il insisté, «la France comme l’Espagne n’ont pas intérêt à continuer de soutenir le Maroc au détriment du peuple du Sahara puisque, avancera-t-il, la raison dit que leurs intérêts stratégiques ne peuvent être garanties qu’en s’assurant de la stabilité de la région et non en accordant le soutien à un pays qui ne respecte pas les frontières de ses voisins». Enfin, le ministre sahraoui a tenu à démentir l’information relayée par l’AFP et selon laquelle un groupe de trafiquants de drogue écumant dans la région du Sahel a été arrêté par les autorités maliennes et dont le chef serait un membre organique du Polisario. M. Ould Salek a qualifié l’information d’intox et déclaré que les services secrets marocains en seraient les artisans. «Sachez que l’actuel chef des services marocains n’est autre que l’ancien directeur de l’agence de presse marocaine. Et les journalistes travaillant pour le compte de cette agence ne peuvent être accrédités s’ils n’ont pas la caution de ces services. Je vous dis les personnes évoquées par cette agence n’ont aucun lien avec le Polisario», accusera-t-il en soutenant son propos par le fait que les Marocains agissent ainsi en évoquant de supposés liens avec le terrorisme ou le trafic de drogue justement pour discréditer les représentants des Sahraouis. Des allégations, rappellera-t-il, qui ont été, à maintes fois, balayées par les officiels américains surtout. Selon ses dires, le Polisario joue plutôt un rôle important dans la lutte contre les réseaux de crime organisé opérant dans la région et que la situation aurait pu être pire si le Polisario ne contrôlait pas les zones jouxtant le mur érigé par le Maroc pour isoler les territoires occupés. 
Le Soir d’Algérie, 22/12/2010

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