Maroc-Polisario: Les dessous de tables

Un autre round de «discussions informelles» entre le Maroc et le Polisario à New-York, s’est terminé par un échec tant les positions sont figées, malgré les auspices de l’ONU et la présence de la France et de l’Espagne jugée encombrante par les Sahraouis. D’abord pourquoi parle-t-on de «discussion» au lieu de négociations ? Ensuite pourquoi «informelles» alors qu’il s’agit de deux groupes officiellement mandatés pour trouver une issue à l’une des dernières colonisations de notre époque. Pourtant, les positions sont très peu éloignées. Là où le Maroc avance l’autonomie, le Polisario parle tout simplement d’indépendance. Un Sahara indépendant constitue un plus dans la région et dans l’Union du Maghreb alors qu’une autonomie gardera toujours les stigmates de la frustration qui risque de se traduire tôt ou tard par une remise en cause des traités proposés et donc par un retour à la case départ. Est-il dans l’intérêt du Maroc de garder sous son autorité administrative le Sahara Occidental ? 
 
La question se joue au niveau international entre les partisans et les opposants à cette sortie de crise. La France et l’Espagne ont un rôle à jouer et des intérêts à défendre, équation sommes toutes difficile à résoudre. La France a toujours affiché son soutien au Maroc pour ses intérêts économiques et politiques, dont entre autres, ses investissements dans le tourisme. L’Espagne a les mêmes intérêts que la France avec en prime le silence marocain concernant les conclaves espagnols sur le territoire marocain. L’épisode de «Layla» est encore présent dans les esprits et les marocains vivants sur le sol de Ceuta et Melilla sous domination espagnole ne sont pas intéressés par sa récupération par le Maroc, considérant qu’ils sont sur une terre européenne avec les avantages qui vont avec. 
 
L’Espagne et la France sont donc acquit aux thèses du royaume chérifien. Ceci explique pourquoi la délégation du Polisario rejette leurs présences aux «discussions informelles». Même la presse égyptienne se mêle de cette question considérant que le Polisario n’est qu’une création algérienne vouée à l’échec. On se demande bien ce que vient faire l’Egypte dans ce débat lorsque l’inamovible Amr Moussa hésite à inscrire à l’ordre du jour la question saharaouie pour conserver une unanimité dont on sait qu’elle est imaginaire au sein de la ligue qu’il s’est approprié. Rendez-vous est donné pour d’autres rencontres en janvier et en mars. D’autres «discussions informelles» pendant que le massacre continu et que tout se joue sous les tables des négociations.
Par Ahmed Meskine
Le Carrefour d’Algérie, 20/12/2010

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