Aliot-Marie et Jiménez déterminées à trouver une solution au Sahara Occidental : Quel rôle veulent Paris et Madrid ?
Réunis vendredi à Paris, les chefs de la diplomatie française et espagnole, qui ont évoqué le conflit sahraoui, proposent de jouer “un rôle positif” pour lui trouver une solution, alors que leur homologue de la RASD, Ould-Salek demande à l’ONU l’exclusion de la France et de l’Espagne du “club des amis du Sahara occidental” en raison de leur alignement inconditionnel sur la position marocaine.
En marge de la réunion informelle, qui se tient à Manhasset près de New York entre le Maroc et le Front Polisario, les chefs de diplomaties française et espagnole, Mmes Michèle Alliot-Marie et Trinidad Jiménez, ont tenu une réunion vendredi à Paris pour discuter du conflit du Sahara occidental, auquel elles semblent accorder une importance particulière, si l’on en juge par leurs déclarations respectives. “Nous pensons qu’il s’agit du rôle le plus positif que les deux pays peuvent jouer dans cette question”, dira la ministre espagnole au cours d’un point de presse conjoint avec son homologue française : “Nous sommes bien décidées à travailler ensemble pour que l’on puisse trouver une solution et j’ai tenu à saluer les efforts de l’Espagne dans ce sens”.
Même son de cloche du côté de son homologue ibérique, qui a indiqué que “le plus important est d’aider les parties à trouver une solution juste, durable et acceptée par les parties”, en insistant sur le fait que les deux pays veulent “appuyer aujourd’hui les négociations (informelles) qui se déroulent à New York et continuer à travailler dans le cadre du Groupe des amis et dans le cadre des Nations unies”. Montrant l’intérêt de Paris pour le Maghreb, Mme Alliot-Marie dira que le conflit autour du Sahara est “l’un des éléments qui freinent la capacité d’avoir une action commune au Maghreb, et c’est la raison pour laquelle nous souhaitons qu’il puisse trouver une solution en toute bonne foi”. “Il est important à la fois pour les intéressés, les parties et pour pouvoir mieux lutter contre le terrorisme, qu’il puisse y avoir une réelle entente au niveau du Maghreb”, soulignera-t-elle, tout en estimant nécessaire de “rétablir la confiance”.
Il y a lieu de signaler que le rôle joué jusque-là par l’Espagne et la France dans le conflit est loin d’être du goût des Sahraouis, qui ont demandé par la voix de leur ministre des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, l’exclusion de ces deux pays du club des amis du Sahara occidental. Le chef de la diplomatie sahraouie a appelé, dans une déclaration écrite, “à exclure la France et le gouvernement Zapatero du Groupe d’amis du SG pour le Sahara occidental pour leur alignement inconditionnel sur les thèses coloniales marocaines et leur rôle dans le blocage du processus de décolonisation du territoire sahraoui”. “L’Espagne, sous la direction du gouvernement socialiste, dirigé par M. Zapatero, s’est alignée tout simplement, depuis 2004, sur la politique de Paris en s’activant pour légitimer le fait accompli colonial marocain”, a affirmé Ould Salek, qui a estimé que “la présence de ces deux pays au sein du Groupe d’amis du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental est devenue un obstacle à la contribution positive de ce groupe et affaiblit considérablement les chances de voir le Conseil de sécurité exiger l’accomplissement de la mission de la Minurso et l’avènement de la paix, juste et durable tant souhaitée par tous les peuples des deux rives de la Méditerranée”.
Il a notamment rappelé que pour le gouvernement sahraoui, la Minurso n’a pu s’acquitter de sa mission exclusive d’organisation du référendum prévu par le Plan de règlement de 1991, “non pas à cause de la volonté manifeste du gouvernement de Mohammed VI de renier les engagements souscrits officiellement et d’une manière solennelle par le roi Hassan II, mais parce que les deux pays, qui ont colonisé l’Afrique du Nord, se sont opposés clairement à une décolonisation pacifique et paisible du Sahara occidental”. Il n’hésitera pas d’accuser Paris et Madrid de vouloir “confisquer le droit inaliénable et imprescriptible du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance et faire obstacle à l’exercice de ce droit à travers le référendum d’autodétermination, pourtant accepté par les deux parties au conflit après 17 années de guerre dévastatrice, et endossé à l’unanimité par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale des Nations unies”.
À partir de ces conclusions, et au nom de son gouvernement et du Front Polisario, le ministre lancera “un appel pressant” au Conseil de sécurité pour “assumer ses responsabilités devant cet état de choses”, en exigeant “l’accomplissement” du mandat de la Minurso à travers “l’application du Plan de règlement qui constitue la seule solution que les deux parties au conflit ont solennellement signée sous les auspices et la garantie du Conseil”.
JournalDZ, 19/12/2010
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