L’Espagne et la France parasitent les négociations

Le chef de la diplomatie sahraouie a appelé à écarter le gouvernement Zapatero et la France du groupe d’amis du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental.
Michèle Alliot Marie maîtrise-t-elle réellement le dossier du Sahara occidental? A son tour, elle voit dans sa résolution – avec des propos à peine voilés – une lutte plus efficace contre le terrorisme. «Le conflit autour du Sahara est l’un des éléments qui freinent la capacité d’avoir une action commune au Maghreb et c’est la raison pour laquelle nous souhaitons qu’il puisse trouver une solution en toute bonne foi», a déclaré vendredi dernier à Paris, la ministre française des Affaires étrangères à l’issue d’un entretien avec son homologue espagnole. «Il est important, à la fois pour les intéressés, les parties et pour pouvoir mieux lutter contre le terrorisme, qu’il puisse y avoir une réelle entente au niveau du Maghreb», a-t-elle maladroitement ajouté.

La France et l’Espagne ont, en commun, de conjuguer la diplomatie au féminin. Elles ont aussi la particularité de compliquer la mission du représentant personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara occidental. Alors que la quatrième rencontre informelle venait de débuter vendredi à la résidence de Greentree à Manhasset dans la banlieue de New York, les ministres des Affaires étrangères française et espagnole se sont fendues de communiqués pour «trouver une solution» au conflit du Sahara occidental. «Le Maroc est un pays prioritaire dans le cadre de nos relations internationales. Il s’agit d’un pays important sur le plan méditerranéen où des réformes et des avancées importantes ont été réalisées ces derrières années. Et nous pensons que nous devons essayer d’aider dans le processus de consolidation de ces réformes», a renchéri Trinidad Jiménez, la ministre espagnole des Affaires étrangères. Les deux nouvelles «stars» de la diplomatie européenne veulent jouer un rôle majeur dans le conflit du Sahara occidental.

L’Espagne et la France, deux anciennes puissances coloniales au Maghreb, affichent leur volonté de promouvoir le projet marocain de large autonomie.

M.Fassi Fihri a tenu à saluer «la position claire» des autorités françaises au sujet du Sahara marocain, rappelant «l’appui fort de la France à l’initiative marocaine d’autonomie», a rapporté une dépêche de l’agence de presse officielle marocaine MAP datée du 14/12/2010. Toutes ces déclarations n’ont pas échappé à l’oreille attentive du chef de la diplomatie sahraouie.

«L’Espagne, sous la direction du gouvernement socialiste, dirigé par M.Zapatero, s’est alignée tout simplement, depuis 2004, sur la politique de Paris en s’activant pour légitimer le fait accompli colonial marocain», a conclu Mohamed Salem Ould Salek dans une dépêche répercutée par l’agence de presse officielle sahraouie SPS.

«La présence de ces deux pays au sein du groupe d’amis du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental est devenue un obstacle à la contribution positive de ce groupe et affaiblit considérablement les chances de voir le Conseil de sécurité exiger l’accomplissement de la mission de la Minurso et l’avènement d’une paix, juste et durable tant souhaitée par tous les peuples des deux rives de la Méditerranée», a jugé le ministre sahraoui des Affaires étrangères.

Le gouvernement sahraoui estime que la Minurso, Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum, n’a pu atteindre l’objectif prioritaire que lui a assigné l’ONU, référendum prévu par le Plan de règlement du conflit du Sahara occidental de 1991, «non pas à cause de la volonté manifeste du gouvernement de Mohammed VI de renier les engagements souscrits officiellement et d’une manière solennelle par le roi Hassan II, mais parce que les deux pays qui ont colonisé l’Afrique du Nord se sont opposés clairement à une décolonisation pacifique et paisible du Sahara occidental», a tenu à souligner, dans sa déclaration, le chef de la diplomatie sahraouie.

Une autre manière d’annoncer que les pourparlers de la quatrième réunion informelle, ont pataugé et fait du surplace. Jusqu’à quand? Mohamed Salem Ould Salek a prévenu que la paix et la sécurité dans la région nord-ouest du continent africain sont «tributaires de la satisfaction totale des droits légitimes et imprescriptibles du peuple sahraoui, le respect des accords signés par les deux parties au conflit en 1991 et 1997 et l’accomplissement par la Minurso de son mandat au Sahara Occidental». A bon entendeur, salut!
Mohamed TOUATI
L’Expression, 19/12/2010

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