Les amis loups

En fait, l’entente sur le dos de la cause sahraouie ne fait que consacrer de vieilles réalités tenues hypocritement au secret, mais qui ont fini par être révélées dernièrement sur Wikileaks.
«Dieu préservez-moi de mes amis, quant à mes ennemis je m’en charge.» Une prière que le Polisario devrait adopter et réciter autant de fois que possible dès qu’il entend évoquer les actuels décideurs de Paris et de Madrid. Deux capitales qui composent, avec les Etats-Unis, la Russie et la Grande-Bretagne, «le groupe des amis» du Sahara occidental. Vendredi dernier à Paris, les ministres des Affaire étrangères de France et d’Espagne, Mmes Michèle Alliot-Marie et Trinidad Jiménez, ont annoncé à l’issue de leur rencontre une jonction réussie de leurs politiques sur le conflit du Sahara occidental. Comme on ne peut imaginer que Paris change sa position pour s’aligner sur Madrid, donc c’est l’Espagne qui rejoint celle de la France. 
Madrid ne le proclame pas sur les toits, mais tout indique qu’elle opte pour la proposition marocaine au détriment de celle avancée par le Polisario qui, somme toute, est plus démocratique. Une évolution qui annonce publiquement que les deux comparses appuieront implicitement sinon ouvertement le fait accompli marocain au Sahara occidental. Ce qui, sans doute, compliquera davantage la vie au peuple du Sahara occidental, attaché, lui, à une solution conforme à la légalité internationale. En fait, l’entente sur le dos de la cause sahraouie ne fait que consacrer de vieilles réalités tenues hypocritement au secret, mais qui ont fini par être révélées dernièrement sur Wikileaks. 
M. Mohamed Salem Ould Salek, le ministre des Affaires étrangères des la RASD (République arabe sahraouie démocratique, membre fondateur de l’UA), ne se trompait pas lorsqu’il accusait dernièrement l’Espagne de Zapatero de s’aligner sur Paris pour «légitimer le fait accompli colonial marocain». Ce qui fait que la présence de la France et de l’Espagne au sein du groupe des amis du Sahara occidental est devenue, selon lui, un obstacle à la contribution positive de ce groupe. Une présence qui, soulignait-il, «affaiblit considérablement les chances de voir le Conseil de sécurité exiger l’accomplissement de la mission de la Minurso et l’avènement de la paix juste et durable tant souhaitée par tous les peuples des deux rives de la Méditerranée». 
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 19/12/2010

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