En confiant à l’Algérie , le soin d’organiser en grande pompe la célébration du cinquantenaire de la Résolution 1514 – Résolution des indépendances- L’ONU non seulement rappelle que la décolonisation reste le point cardinal de son rôle, mais conforte aussi la lutte de libération des peuples palestinien et sahraoui. C’est l’un des messages qui a été relevé indirectement par les participants à la Conférence internationale organisée à l’occasion du cinquantième anniversaire de cette résolution. Une Conférence à laquelle ont été invités d’éminentes personnalités politiques et des chefs d’État qui ont marqué le mouvement de libération mondial et qui sont encore les témoins vivants de ces combats de libération.
Ainsi l’ancien président sud-africain, Thabo Mbeki, compagnon de Nelson Mandela, qui s’active pour éviter la guerre civile en Côte d’Ivoire, aux sages de l’Union africaine, fondateurs de l’OUA, l’ancien président de la Zambie, Kenneth Kaunda et le premier président algérien, Ahmed Ben Bella , qui ont tenu à être présents malgré le poids visible des années. Il y avait aussi dans cette salle du Palais des nations, où fut proclamé l’État de Palestine et qui fut le théâtre de tant d’événements historiques, une héroïne de la première heure du peuple vietnamien, Nguyen Thi Binh.
Il y avait aussi du haut de ses 90 ans Stephane Hessel, rescapé des camps nazis, élevé à la dignité d’ambassadeur de France et qui se bat pour les droits du peuple palestinien, stigmatisant la nouvelle barbarie des descendants de ceux qui ont échappé ou survécu à l’Holocauste. Présent aussi Maître Jacques Vergès, compagnon de la libération, avocat du FLN, plaidant toujours et jusqu’a son dernier souffle comme il aime à le dire. Et aussi Pierre Galand, l’infatigable défenseur des peuples palestinien et sahraoui. Une lutte à laquelle il se consacre depuis plus de quarante ans et qui souligne la «centralité» de la lutte des Palestiniens et «l’exemplarité» de celle des Sahraouis, dont le pays, on ne cessera pas de le rappeler, est la dernière colonie d’Afrique (Le Sahara Occidental envahi par le Maroc en 1975, ndds). Une décolonisation contrariée par un pays qui a lui même subit le joug colonial a travers les artifices d’un protectorat. Il dénonce dans un même élan le risque génocidaire à El Ayoun occupée et le blocus imposé à Ghaza, devenue, un vaste ghetto. Il lance un appel à l’ONU pour intervenir en urgence afin de mettre un terme à cette injustice dont souffrent les Sahraouis et les Palestiniens. Il exige, dans la foulée, l’envoi par l’ONU d’une commission d’investigation à El Ayoun pour enquêter sur les violations des droits de l’Homme dans cette région. Il faut également élargir les missions de la Minurso pour faire respecter les droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés, lance-til, la crinière blanchie sous le harnais. Un confrère a relevé la remarque d’un journaliste occidental qui se demandait pourquoi l’Algérie s’obstine, 50 ans après son indépendance, à vouloir toujours défendre des peuples qui aspirent à la décolonisation. Citons la belle formule d’un autre éditorialiste en vue qui écrit que se faisant l’Algérie agit ainsi car c’est dans son ADN. C’est aussi et surtout parceque le combat libérateur du peuple algérien et de ceux qui ont donné naissance à la 1514 a été, est et sera, aux côtés des peuples qui luttent pour leur liberté et leur émancipation, qu’ils aient tort ou raison, selon la formule lumineuse du président Boumediene, dont l’ombre planait en cette rotonde du Palais des nations, dont il fit une tribune au service exclusif du droit et de la justice .
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 15/12/2010
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