Conférence d’Alger sur la décolonisation : Pour des «mesures efficaces» au sein des Nations unis

La deuxième et dernière journée de la Conférence internationale d’Alger sur la célébration du 50e anniversaire de la déclaration de l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a été consacrée au débat et à l’enrichissement en séance plénière. Au menu des deux ateliers au programme de la journée, le rôle de la femme et de la jeunesse dans l’émancipation des peuples, le rôle des médias et du cinéma dans l’expression du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. 
Les participants à cette conférence internationale sur la résolution 1514 de l’Onu appellent à l’adoption au sein de l’Onu de mesures « efficaces » pour l’application « intégrale » de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples colonisés. « Les participants appellent à l’adoption au sein des Nations unies et dans l’ensemble du système des Nations unies, de mesures efficaces pour l’application intégrale de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples colonisés. » Ils ont rappelé que, conformément au droit international, « aucun prétexte lié à la superficie du territoire, à la situation géographique ou à l’importance numérique des peuples, ne saurait être recevable pour empêcher le libre exercice des peuples encore colonisés au droit à l’autodétermination et à l’indépendance », ajoute le projet. 
Exprimant la satisfaction des participants quant aux « efforts » déployés pour consolider les indépendances nationales, à travers la reconstruction des structures étatiques, sociales et économiques que la colonisation « s’était évertuée à briser », les participants ont noté, à cet égard, que « malgré le lourd héritage colonial qui a généré des contraintes de toutes natures et un système de relations économiques internationales qui ignore largement leurs intérêts, les pays nouvellement indépendants ont enregistré des avancées indéniables « . 
Estimant que la coopération sud-sud et l’intégration régionale contribuent à la préservation de l’indépendance et à la facilitation de la participation équitable des pays ex-colonisés à l’économie mondiale, ils apportent « leur soutien aux programmes en cours au niveau régional et interrégional en Afrique, en Asie et en Amérique Latine, ainsi que dans l’établissement de partenariats stratégiques entre ces régions ». 
Notant que les pays ex-colonisés « s’efforcent de promouvoir un partenariat mutuellement bénéfique avec les autres pays tout en veillant à la préservation de leur capacité d’autonomie de décision et de leur souveraineté sur leurs ressources naturelles », ils ont renouvelé leur attachement à la démarche d’indépendance de décision dans les relations internationales poursuivies par les pays nouvellement indépendants « qui aspirent à participer pleinement à la conduite des affaires mondiales dans le cadre d’un multilatéralisme rénové ». 
Mettant en exergue le rôle « important » de l’Onu dans l’accélération du processus de libération des peuples coloniaux conformément à la résolution 1514, réaffirmant « la validité et la pertinence » de cette résolution, les participants à la conférence d’Alger ont exprimé leur conviction que le parachèvement de la décolonisation est inéluctable », ajoute le projet de déclaration. Ils ont exprimé, également, leur solidarité avec les peuples et territoires non-autonomes qui aspirent à exercer leur droit à disposer d’eux-mêmes dans le cadre préconisé par la résolution 1514.
APPEL À LA CRÉATION D’UN RÉSEAU FÉMININ POUR L’ÉCHANGE D’EXPÉRIENCES 

Les participants au dialogue sur « le rôle de la femme dans l’émancipation des peuples » qui se déroule à Alger ont plaidé pour la création d’un réseau féminin qui portera le nom de « réseau de la déclaration d’Alger ». Ils ont relevé que ce réseau « devrait constituer un trait d’union entre les femmes participantes à la conférence et un moyen d’échange d’expériences et de prise de décision ». Animée par Maria da Graça Amorim, ex-ministre des Affaires étrangères de la République de Sao Tomé-et-Principe, la rencontre a souligné la nécessité de promulguer les lois définissant le taux de participation de la femme au sein des instances politiques et des postes de prise de décisions. 
Samia Nkrumah, parlementaire ghanéenne a insisté sur « la promulgation des lois devant définir les prérogatives de la femme sur la scène politique, au sein des conseils législatifs et aux centres de prise de décisions » ajoutant qu’une commission restreinte avait été mise en place à cet effet pour présenter ses suggestions qui s’ajoutent à la Déclaration d’Alger. La fille de Gwame Nkrumah, leader du combat pour l’indépendance du Ghana, a cité l’exemple de la présence féminine sur la scène politique dans son pays qui ne dépasse pas 8,7% au parlement (230 membres), un taux jugé faible par rapport au taux de femmes dans la société ghanéenne dépassant 50% de la population, a-t-elle estimé. Elle a souligné le rôle des femmes dans les mouvements de libération déplorant le fait que ce rôle soit méconnu après l’indépendance. 
De son côté, la représentante du Polisario aux Pays-Bas, Sedika Stef a appelé à la reconnaissance des droits politiques des femmes soulignant l’importance de la création d’un réseau féminin à même d’unifier les décisions notamment celles relatives à la représentation de la femme sur la scène politique. La représentante sahraouie (du Sahara Occidental occupé par le Maroc depuis 1975, ndds) a mis en avant l’intérêt accordé par la société sahraouie à la femme notamment dans les camps de réfugiés rappelant les lois promulguées en sa faveur par le Polisario. Elle a rappelé par ailleurs la représentativité des femmes au parlement sahraoui (30%) ainsi que sa présence au sein du gouvernement et des postes à l’étranger.

 H.N. A. 

 Le Courrier d’Algérie, 15/12/2010

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