Il n’y a rien à changer, aujourd’hui, dans le droit international, sinon l’application qui en est faite. Qui peut réfuter le droit à l’autodétermination d’un peuple décidé à choisir son destin ? Et pourtant, à y regarder de plus près, on se rend compte que le monde, dont les théories législatives et légales ont atteint la perfection, ne se porte pas aussi bien que ne le laissent penser ces textes. Outre ces peuples encore physiquement colonisés qui font l’objet d’un déni de droit flagrant et inadmissible (à titre d’exemple, le Sahara Occidental envahi par le Maroc en 1975, ndds), et qu’heureusement l’opinion mondiale condamne, il y a, en plus grand nombre, dans des postures moins évidemment dénonçables, car sous des formes latentes et invisibles, des nations entières qui croulent sous la colonisation économique, inféodées par les multinationales au lendemain des indépendances, qui ont asséché le ventre généreux de leurs patries et continuent d’épuiser le peu de ressources qu’elles recèlent.
Cela s’appelait, sous le monde bipolaire, le néocolonialisme, alors que sous le nouvel ordre mondial du capitalisme triomphant, cela s’appelle la mondialisation. Le plus grave, c’est que le néocolonialisme portait un qualificatif péjoratif qui le destinait à être réfuté, rejeté et décrié, alors que la mondialisation, terme neutre et sans coupable prédésigné, est perçue comme une espèce de lame de fond rampante, incommensurable et, somme toute, appelant les nations à s’y préparer comme une fatalité, au lieu de suggérer de la combattre et de la rejeter. La 1 514 a, certes, libéré les territoires et les hommes, mais elle n’a pas soustrait les peuples à l’hégémonie économique des puissants, qui ont, le temps aidant, fini par inféoder politiquement la plupart des Etats, rendant difficile, voire impossible dans certains cas, la véritable indépendance, celle de la souveraineté démocratique qui ne se pratique que dans un contexte de souveraineté économique.
F. N.
La Nouvelle République, 14/12/2010
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