Sahara Occidental : Négocier éternellement ?

MM. Ross et Ban Ki-moon ont clairement fait savoir qu’au Sahara occidental le statu quo est intenable.
M. Khalid Naciri, le porte-parole du gouvernement du Maroc, a affirmé avant-hier que le Maroc poursuivra ses négociations avec le Front Polisario. Les deux rencontres informelles décidées pour les mois de décembre et de janvier prochain se tiendront malgré le climat négatif né de l’assaut sanglant du 8 novembre à Gdeim Izik. Une lâche attaque contre une concentration pacifique de civils sahraouis, destinée à faire justement un croche-pied aux pourparlers qui devaient se tenir ce jour-là à New York. Le Polisario ne tomba pas dans le piège. La rencontre eut lieu et pour la première fois le Maroc accepta d’inclure, aux côtés de sa proposition d’autonomie, l’option sahraouie qui s’avère plus riche, puisqu’elle donne l’opportunité au peuple sahraoui de choisir entre son intégration au Maroc, une large autonomie sous la souveraineté marocaine ou bien l’indépendance. Plus démocratique aussi, non ? 
Donc, M. Christopher Ross devrait entendre les Marocains chuchoter quelque chose sur l’option sahraouie, quitte à aller chercher des poux à la version indépendantiste. Il faut absolument donner l’impression que ça bouge. MM. Ross et BanKi-moon ont clairement fait savoir qu’au Sahara occidental le statu quo est intenable. Une conclusion que le monde partage de plus en plus, comme le démontrent les réactions sur une question étouffée délibérément jusqu’ici mais qui a fini, grâce aux sacrifices sahraouis et à la bêtise du roi, par revenir avec force sur la scène internationale. En effet, aujourd’hui, sur le terrain, la cause sahraouie ne repose plus sur les épaules du seul Polisario. Le silence des armes depuis 1991 a favorisé l’apparition de la résistance pacifique qui est inséparable de la lutte des droits humains. Un terrain où le trône n’a aucune chance, comme l’ont amplement démontré ses échecs cuisants, les bras de fer avec Aminatou Haïder, l’épisode sanglant de Gdeim Izik et son prolongement à El-Ayoun. Le cessez-le-feu et la perte de temps dans les interminables négociations ne deviennent plus aussi favorables pour le makhzen entraîné irrésistiblement à l’erreur. Et la situation ne fera en principe qu’empirer à l’avenir, maintenant que les Sahraouis de l’intérieur ont fait savoir au monde que leur allégeance va au Polisario puisqu’ils ne sont pas des sujets marocains. 
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr 
Le Jeune Indépendant, 11/12/2010

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