Une vie pour un toit

Un Marocain doit épargner près de 70 ans en moyenne pour acquérir un logement décent. Un record mondial.
Selon une étude du cabinet international Evans, spécialisé dans l’immobilier, le Maroc détient la triste palme en matière de pénurie de logements dans le monde. Un article du Telegraph (journal biélorusse) qui reprend le classement nous apprend qu’un Marocain doit en moyenne épargner durant 67,5 ans (!) pour acquérir un logement. Le coût moyen d’une propriété au Maroc est de 144 800 euros, alors que le revenu moyen annuel des ménages n’est que de 2145 euros. 
En juin dernier, le royaume chérifien avait annoncé en grande pompe un énième plan de construction de logements sociaux, pour permettre à un million et demi de personnes ayant des revenus faibles de vivre dans des habitations décentes. Pour cela, il a mis en place des facilités fiscales au profit des sociétés immobilières et des ménages à faibles revenus et projette de construire 300 000 logements sociaux au cours des dix prochaines années. Le Maroc doit répondre à une demande annuelle de 123.000 nouveaux ménages, dont 70.000 pour le logement social. 
Le constat terrible d’Evans a une résonance bien amère dans l’actualité : le démantèlement du camp de Gdeim Izik à Laâyoune. Le nettoyage de la hiérarchie sécuritaire au Sahara et la guerre médiatique que se sont livrés les médias marocains, algériens, polisariens et espagnols ont quelque peu fait passer au second plan le jeu de chaises musicales au sein de la holding publique Al Omrane. Le remplacement de son patron Mohamed Najib Laraichi par Badr Kanouni le 20 novembre dernier résulte de la situation à Laâyoune(capitale occupée du Sahara Occidental, ndds) Al Omrane y était chargé de distribuer des terrains à des familles sahraouies vivant dans des habitats insalubres. Mais en 2009, elle n’aurait distribué qu’une part réduite de ces lots. A l’origine des heurts, les protestataires de Gdeim Izik réclamaient justement des logements et dénonçaient leur distribution clientéliste pour des raisons bassement électorales. Des critiques qui ont rejailli sur Taoufiq Hjira, le ministre de l’Habitat et sur Hamdi Ould Rachid, le maire istiqlalien de Laâyoune, tous deux aujourd’hui sur la sellette.
Ali Amar
Voxmaroc, 8/12/2010 

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