Solutions marocaines, les impasses successives…

Le royaume est malmené par les Sahraouis depuis l’invasion barbare du territoire en 1975 et avant même … Après la Nième démonstration de cela pendant tout le mois d’octobre, l’épisode violent et sanglant du 8 novembre n’a rien résolu.

Sans honte, le Maroc affirme le bilan du 8 novembre et des jours suivants. 11 morts militaires, et 2 civils sahraouis. Les civils sahraouis que l’on a attaqués avec l’armée, la gendarmerie, la police, les forces auxiliaires, les civils, les pompiers, du renfort et encore du renfort…. auraient été les plus forts, avec leurs pierres et leurs couteaux de cuisine. Le bilan est suspect mais affirmé sans complexe, comme pour mieux passer sous silence la raison de la mort des civils – qu’ils ne peuvent pas nier-, l’un sous la torture, l’autre écrasé délibérément et plusieurs fois par une voiture de police après avoir été éjecté du car de son entreprise, l’OCP.

Le roi doit agir… Et le roi agit, à grand renfort de phrases mécaniques de son agence de propagande, la MAP.


Il utilise la vieille méthode, la vieille croyance, pourtant inopérante. Pour contenter les Sahraouis, là-bas loin dans le désert, il faut mettre des leurs aux postes de dirigeants. À condition bien sûr que ceux-ci aient adopté les valeurs royales et perdu les leurs.
Il avait nommé Ahmadou Ould Souelm,un de ces Sahraoui « rallié », comme ambassadeur du Maroc en Espagne, et l’avait coincé dans un placard. Ce vieil atout va enfin entrer en fonction. Ahmadou Ould Souelm a choisi le Maroc il y a 20 ans, en 1991.
Le roi change aussi en grande pompe le gouverneur de El Aaiun. L’autre Sahraoui « Maraoui » qu’il nomme, Khalil Dkhil, n’a que peu goûté la saveur de la lutte pour la liberté puisqu’il a opté pour le Maroc en 1976. http://www.marocjournal.net/actualites-maroc/18567.html et http://www.marocjournal.net/actualites-maroc/18559.html

Autre technique, autre tactique. Les sahraouis veulent-ils du travail, 1300 postes sont promis à ceux qui ont des diplômes de haut niveau. Pour tous : des postes de fonctionnaires dans les administrations des villes du Maroc. Ministère de l’intérieur et d’autres. Disperser l’élite, l’éloigner, l’intégrer… D’autres postes sortiront d’un chapeau au détriment des marocains, pour employer fictivement les moins diplômés, et tenter ainsi de les disperser et museler. Tentative de l’efficacité d’un coup d’épée dans l’eau, promesses probablement pas tenues, mais suite logique de la négation du problème de l’autodétermination.

Cependant, l’édifice se craquelle inexorablement.
Le roi gesticule, trépigne et insulte ceux qui ne clonent pas sa version. L’Espagne, l’Europe, l’Algérie… à qui le tour ?

Le royaume méprise les Sahraouis, il lit le fonctionnement de leur société à la lumière des archaïsmes de son fonctionnement, selon des clichés du 17ème siècle.
Pour la tactique diviser pour mieux régner, il s’accroche au mirage d’un fonctionnement tribal. Tribus de sauvages probablement, menés par le bout du nez par les chefs, et non groupe muni d’un fonctionnement démocratique, qui ne peut contourner l’importance de la place des femmes sans qui rien ne se décide, et qui a su s’adapter à l’évolution du monde, protégé par la force de la lutte pour l’indépendance.
Si pour les besoins de la propagande les services royaux plagient les termes des résistants et de leur République Sahraouie (RASD, proclamée en 1976 sur le sol du Sahara Occidental envahi par le Maroc en 1975, ndds), ils n’ont pas mesuré le formidable apprentissage que 35 ans d’exil avaient imposé aux Sahraouis, ni les retombées sur leurs familles vivant en territoires occupés.

Les uns sont aux ordres du roi, les autres aux ordres de leur liberté.
Dans l’armée marocaine, où se trouvent des recrus d’origine sahraouie, ceux-ci se rebellent et protestent. Dans les unités du sud du Maroc, Gulmim, Tantan, les sahraouis dénoncent les attaques violentes contre le campements de Gdem Izik, contre leurs familles.
La réponse dictatoriale c’est d’éloigner tous les soldats d’origine sahraouie à plus de 50 km du mur qu’ils gardent. Et pourtant, des journalistes affirment que des militaires de l’armée du Maroc ont récemment déserté, pour passer le mur et la frontière et rejoindre le Polisario.

Les sahraouis arrêtés ont été torturés, HRW rapporte le récit de ceux qui osent parler. Et à El Aaiun, chacun sait l’interdiction de montrer ses blessures par balle sous peine d’autres violences et tortures.
Les meurtrissures enfouies des années de terreur, quand chaque Sahraoui pouvait disparaître enlevé par la police et ne réapparaître pour certain que des années après où jamais, sont à fleur de peaux. Reviennent des photos que l’on avait cru disparues de corps blessés sans les visages, de peur…

Le roi doit agir…

 
En règne dictatorial, où les libertés ne sont que surveillées, résoudre un problème ne passe pas par la rhétorique. Quand éliminer le problème par la violence ne fonctionne pas, on tente de changer les paramètres, mais le problème reste. Et en l’occurrence la réalité qu’une brutale invasion, l’appropriation par la force de la terre des voisins n’est pas admissible, malgré toutes les colères et caprices pour convaincre du contraire.
Et le problème finalement c’est que ces voisins colonisés, les Sahraouis, entendent récupérer toute leur terre pour décider de son avenir, comme c’est justice.

Apso, 7 décembre 2010.

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