La Chambre des conseillers a appelé, samedi dernier, le peuple marocain à se mobiliser pour défendre les causes sacrées de la nation.
Le Maroc est sur le pied de guerre. Madrid et Alger sont en ligne de mire. Les déclarations belliqueuses du pouvoir marocain sont-elles à prendre au pied de la lettre ou bien ne représentent-elles que de simples gesticulations? Si la Chambre des conseillers, la chambre haute du Parlement marocain, qui est composée de 270 membres, a consacré une séance plénière à l’examen de la position du Parlement espagnol concernant la question de l’intégrité territoriale du Maroc, cela n’a pas empêché ses membres de viser l’Algérie à travers une campagne de désinformation féroce et aveugle concernant les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf.
Dans leur communiqué, les conseillers de la chambre haute du Parlement marocain ont appelé «le peuple marocain à mobiliser l’ensemble de ses forces vives derrière Sa Majesté le Roi Mohammed VI,…pour défendre les intérêts suprêmes et les causes sacrées de notre pays, particulièrement l’intégrité territoriale de la nation», indique une dépêche répercutée par l’agence de presse officielle marocaine MAP, datée du 4 décembre 2010. Et comme il était inévitable et prévisible, la question du Sahara occidental n’a pu être esquivée. Un fer que le Makhzen prend le soin de garder soigneusement au feu pour faire…feu de tout bois et rebondir sur les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf. Une stratégie qu’il a adoptée pour tenter de se consoler de ses derniers et cuisants revers diplomatiques. La Chambre des conseillers a interpellé le gouvernement marocain afin de solliciter la communauté internationale pour «ouvrir une enquête internationale sur les violations des droits de l’homme dans les camps de Lahmada et le détournement des aides allouées, et appeler le Haut Commissariat aux réfugiés à recenser les détenus dans les camps de Tindouf et les identifier.» Elle n’a cependant, pipé mot sur les dizaines de morts et les milliers de disparus sahraouis suite à l’assaut lancé le 8 novembre 2010 par les forces d’occupation marocaines, contre le camp de Gdeim Izik.
Ainsi, la diplomatie marocaine, qui est en pleine déconfiture après la résolution adoptée par le Parlement européen et le vote du Parlement espagnol qui ont fermement condamné l’attaque du «camp de la liberté», fait «contre mauvaise fortune bon coeur» et change son fusil d’épaule. Rabat veut, non seulement revoir l’ensemble de ses relations avec son voisin espagnol mais, a surtout, l’intention de repartir à la conquête de Ceuta, Melilla et les îles Jaâfarines (un groupe de trois petites îles situées en Méditerranée, au large des côtes marocaines, à 48 km à l’est de Melilla). «Le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, M.Khalid Naciri a annoncé, jeudi, que le gouvernement marocain estime que les circonstances requièrent une réévaluation de l’ensemble des relations entre le Maroc et l’Espagne dans tous les domaines», indiquait une dépêche de l’agence MAP du 02/12/2010. Une sortie médiatique en guise de représailles contre la résolution adoptée jeudi par le Parlement espagnol qui a désapprouvé l’attaque du camp de Gdeim Izik.
Les représentants de la chambre haute du Parlement marocain, quant à eux, veulent passer à la vitesse supérieure quitte à en découdre. «La Chambre des conseillers a exhorté le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires pour aller de l’avant dans le processus de recouvrement de l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc et pour la récupération des villes de Sebta et de Melilla et des îles Jaâfarines occupées…», a révélé MAP. Des déclarations qui ne laissent aucun doute sur les intentions guerrières du Makhzen. Ouvrir et faire face à deux fronts à la fois, relève de la fanfaronnade. A moins que Rabat n’ait des dispositions suicidaires.
Mohamed TOUATI
L’Expression, 7/12/2010
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