Mohamed Abdelaziz appelle la communauté internationale à ''intervenir d’urgence" pour l’arrêt du nettoyage ethnique au Sahara occidental

Bir Lahlou (territoires libérés), 05/12/2010 (SPS) Le président de la République, SG du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz a appelé les pays membres de l’Organisation des Nations Unies à « intervenir d’urgence » pour arrêter la politique de nettoyage ethnique menée par le gouvernement marocain contre les citoyens sahraouis sans défense dans les territoires occupés du Sahara occidental.

En voici le texte intégral de la lettre du président de la République, Mohamed Abdelaziz aux rois, chefs d’Etats et de gouvernements membres de l’organisation des nations unies :

« Majesté, Excellence,
Nous vous adressons cette lettre urgente pour vous exprimer notre profonde préoccupation et notre inquiétude à l’égard de ce que le Maroc est entrain de commettre au Sahara Occidental, particulièrement à El Aaiun où les graves pratiques coloniales se déclinaient sous forme de politique d’épuration ethnique dirigée contre des citoyens sahraouis sans défense.

Le 8 novembre 2010, plusieurs dizaines de milliers d’exilés sahraouis comprenant femmes, enfants et vieillards ont été sauvagement agressés, pendant qu’ils dormaient, par des milliers de soldats, de gendarmes, de policiers et des éléments des forces auxiliaires. Des dizaines d’engins, des camions, des véhicules, des canons à eau chaude, des balles réelles ont été utilisés durant cette intervention. Des hélicoptères lançaient des bombes lacrymogènes.

Après deux heures d’agression, ce camp composé de plus de huit mille tentes, abritant trente milles personnes a été complètement rasé.

Il est douloureux que cette intervention soit commise contre des civils ayant installé leur camp à plus de 10 km à l’extérieur de la ville pour justement éviter toute atteinte à l’ordre publique, affichant son pacifisme depuis son installation en octobre 2010 et jusqu’à son démantèlement, et rejetant fortement toute forme de violence comme en avaient pu témoigner plusieurs journalistes et observateurs étrangers.

Il est regrettable que cette violence et cette sauvagerie aient été commises dans l’obscurité et quelles aient été dirigées contre des enfants, des femmes, des vieillards et des jeunes qui n’avaient commis de crime que celui d’avoir protesté de façon pacifique et civilisée contre une situation politique, économique, sociale très mauvaises ; imposé par l’occupant marocain 35 ans durant.

Majesté, Excellence,

L’ignoble a été atteint avec le nettoyage ethnique préparée et mise en pratique par les autorités d’occupation après qu’elles aient constaté l’importance de la concentration des sahraouis dans le camp du Gdeim Izik protestant contre la réalité coloniale et ses conséquences.

Dès le départ, les journalistes et observateurs étrangers ont été interdits, puis le camp et la ville d’El Aaiun ont été quadrillés. La présence militaire et policière a été intensifiée avec le déplacement d’unités militaires, auparavant stationnées au mur militaire, qui sépare le Sahara occidental et le peuple sahraoui en deux parties.

Une fois que tout a été méthodiquement préparé, les forces répressives marocaines se sont lancées à la poursuite des citoyens sahraouis dans les environs de la ville d’El Aaiun puis dans les rues et quartiers de la ville même, avec une rare violence et sauvagerie.

Des membres des services, habillés en civil, ont participé à la campagne de même que des colons marocains. Les résultats son catastrophiques : une terreur absolue, des arrestations, des enlèvements, des assassinats, des maisons, boutiques, voitures et autres biens appartenant aux sahraouis brûlés.

Personne ne peut actuellement compter avec précision ni le nombre des morts sahraouis et ils sont nombreux, ni celui des blessés, arrêtés et disparus estimés à des milliers de civils innocents. Le blocus imposé, le climat de terreur et de peur qui règne, empêche jusqu’à maintenant de connaitre avec précision le nombre des victimes.

De même qu’elle empêche les familles des victimes de s’enquérir de l’état de leurs proches. Les blessés se cachent encore, de peur qu’ils subissent le pire.

Les parents, les épouses et les familles ne parviennent pas à avoir des nouvelles de leurs proches qui avaient été écrasés par l’intervention massive des forces d’occupation marocaines ou arrachés de force de leurs maisons détruites. Les arrêtés ont été sauvagement torturés et obligés par la suite à signer des procès verbaux préparés par avance ; d’autres ont été contraints, sous la menace, de faire des déclarations à la presse marocaine.

Le représentant de l’organisation Human Whrits watch était l’un des rares étrangers ayant pu accéder au territoire. Son témoignage qu’il qualifie lui-même d’incomplet à cause des obstacles dressés devant lui, et à cause de la terreur imposée aux sahraouis qui ne pouvaient qu’à peine respirer sans même parler de pouvoir témoigner aux étrangers.

Le témoignage du représentant de l’organisation des droit de l’homme confirme sans équivoque cette vérité et met en exergue la torture sauvage qu’ont subi les sahraouis que les autorités d’occupation marocaine arrêtaient les sahraouis en les sélectionnant de façon raciste et en les jetant dans les prisons et dans des centres de détentions, pour un destin inconnu.

De la même manière, les témoignages présentés par des activistes des droits de l’homme et des journalistes étrangers, ayant pu contourner le blocus et vivre les moments difficiles avant, pendant, et après l’assaut, sont horribles et rendent compte du degré de cette infamie que certains qualifient de génocide à huis-clos contre les sahraouis.

Majesté, Excellence,

Pour lancer l’assaut contre ces milliers d’enfants, de femmes, de vieillard et de jeunes sahraouis sans défense, le gouvernement marocain avait choisi le même jour que celui qui avait était choisi par M. Christopher Ross, Représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU, pour les négociations entre le Front POLISARIO et le Maroc afin de torpiller les efforts de l’ONU visant à permettre au peuple sahraoui son droit inaliénable à l’autodétermination.

Aujourd’hui encore et face au monde, le gouvernement marocain continue son opération de nettoyage ethnique après avoir écarté les journalistes et les observateurs internationaux et imposé un quadrillage drastique autour de la ville et sa région. Parallèlement à cela, les autorités marocaines se sont mises à fabriquer de faux scénarios et à inventer des amalgames afin d’effacer les traces du crime et de pousser la communauté internationale à croire la version du criminel, le témoignage de l’agresseur et du tortionnaire et d’ignorer les injustices subies par les agressés et les souffrances des victimes sahraouis qui ploient sous le joug du colonialisme marocain.

Aujourd’hui, la situation à El Aaiun et dans les territoires occupés s’aggrave de plus en plus à cause de la persistance la politique d’épuration ethnique pratiquée par le gouvernement marocain.

La communauté internationale ne peut pas accepter la persistance d’une telle situation qui plus est dans un territoire où les Nations Unies sont présentes et alors que la Minurso elle-même avait déclaré devant le Conseil de sécurité que les autorités d’occupation marocaines l’avaient empêchée de se rendre sur le lieu du crime. Tout cela se produit dans un territoire qui se trouve sous la responsabilité directe de l’ONU.

Laisser les autorités d’occupation marocaines commettre en catimini une telle agression avec une telle violence durant dix jour, est un acte gravissime qui a causé et qui cause encore de graves dégâts parmi les sahraouis et dont les détails demeurent encore inconnus. Si la communauté internationale n’intervient pas rapidement, les conséquences de cette politique de nettoyage ethnique seront catastrophiques et l’humanité toute entière en sera responsable.

Nous vous exhortons d’agir avec urgence afin de mettre un terme à ces graves atteintes des droits de l’homme et à ces pratiques moyenâgeuses dont l’Etat marocain se rend coupable en ce XXI siècle contre des civils sans défense.

Nous comptons beaucoup sur votre intervention urgente afin de lever le blocus que l’armée et la police marocaine imposent à la population sahraouie et de mettre un terme à l’état de peur et de terreur qui s’est emparé de la ville ; ce qui permettrait une liberté aux sahraouis et leur laisser la possibilité de rechercher et de s’enquérir de leurs proches disparus et pour pouvoir porter secours aux blessés abandonnés à leur sort.

La communauté internationale ne peut pas continuer d’admettre que le gouvernement marocain puisse continuer d’interdire systématiquement à la presse et aux observateurs internationaux l’accès à El Aaiun et aux territoires occupés sans apparaitre comme complice de ce grave blocus organisé par les autorités coloniales marocaines ayant pour seul but d’effacer les traces du crime et d’être en mesure de présenter leur propre version, unique et épurée.

Nous comptons beaucoup sur votre intervention afin de parvenir à

1- Envoyer de façon urgente une Commission d’enquête internationale pour enquêter sur les crimes déjà commis,
2- Elargir les compétences de la Minurso afin qu’elle puisse protéger et sécuriser les sahraouis vivant dans ce territoire au statut international,
3- Permettre à cette même Mission de protéger les droits de l’homme et de rapporter sur les violations commises.

Majesté, Excellence,

Le conflit du Sahara Occidental est un conflit de nature coloniale qui doit trouver sa solution sur la base de la Charte et des résolutions de l’ONU relatives aux questions coloniales. Cela passera nécessairement par l’application du droit à l’autodétermination via un référendum libre, régulier et transparent.

En attendant que l’ONU s’acquitte de cette mission dans les plus brefs délais, elle est appelée, ainsi que la communauté internationale, à intervenir pour faire cesser la politique du nettoyage ethnique contre un peuple sans défense qui n’a commis de crime que celui d’avoir revendiqué un droit qui lui est pourtant reconnu en droit international et d’avoir exprimer pacifiquement et légitimement son rejet de l’occupation illégal de son territoire nationale.

Majesté, Excellence, Si je vous adresse cet Appel urgent et insistant c’est parce que j’ai entière confiance qu’il trouvera l’attention et l’importance nécessaires auprès de votre Excellence et auprès de votre pays pour qui le combat pour la liberté, la justice, la légalité et les droits de l’homme est l’expression d’une conviction profonde.
Veuillez agréer, Majesté, Excellence, l’expression de ma haute considération.

Mohamed Abdelaziz
Président de la République Arabe Sahraouie Démocratique
Secrétaire général du Front POLISARIO ». (SPS)

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