Par 375 voix pour et une abstention, les parlementaires espagnols ont en effet voté un texte dans lequel ils demandent à leur gouvernement de «condamner les incidents du 8 novembre et d’exprimer aux autorités marocaines leur préoccupation face aux informations sur des violations des droits de l’homme sur le territoire sahraoui». La motion réclame aussi au souverain marocain qu’il «respecte le libre accès et la circulation de la presse, des observateurs indépendants et des organisations humanitaires sur le territoire sahraoui».
S’il s’était contenté de «regretter la partialité et la précipitation» du contenu de la résolution du Parlement européen et en déclarant que malgré celle-ci, «le Royaume reste attaché à la poursuite de son association privilégiée avec l’Union européenne, le Makhzen a réagi à l’initiative des députés espagnols en proférant la menace. En son nom, le ministre de la Communication, également porte-parole du gouvernement, a en effet déclaré que le moment actuel nécessite une réévaluation globale des relations du Royaume avec l’Espagne».
La nature agressive de la réaction de ce Makhzen à la motion des parlementaires espagnols s’explique par le fait que celle-ci bat en brèche irréversiblement le thème de sa propagande qui donnait à voir l’opinion espagnole acquise à la position du Maroc sur le dossier sahraoui, à la seule exception de sa frange minoritaire représentée par le Parti populaire espagnol (PPE).
Le vote à la quasi-unanimité de cette motion par la représentation parlementaire du peuple espagnol démontre que la réalité est tout autre concernant le point de vue de ce dernier sur la question sahraouie. Ce que les autorités marocaines semblent avoir découvert seulement après l’adoption de la motion. En brandissant la menace de procéder à «la réévaluation» des relations maroco-espagnoles, le Makhzen pense pouvoir désarmer l’opposition qui s’exprime dans la péninsule contre sa politique colonialiste au Sahara Occidental, et ce en laissant sous-entendre que sa poursuite met en cause les intérêts économiques et autres de l’Espagne dans le Royaume, qui vont en pâtir.
La motion des parlementaires espagnols a si ébranlé le Trône et le Makhzen qu’ils ont englobé dans leurs vindictes toutes les forces politiques espagnoles, même celles dont ils se targuaient d’avoir le soutien. En les accusant toutes de «mettre le Maroc au cœur des luttes politiques internes dans un contexte électoral visant à détourner les regards de la crise profonde que connaît l’Espagne».
Il y a de la débandade pathétique dans les réactions marocaines aux condamnations internationales qui accablent le Royaume. Elles ne sont que fuite en avant et refus d’admettre qu’elles s’expriment sur la base de la conviction de ceux qui les prononcent.
Le «show» de la marche populaire organisée la semaine dernière à Casablanca n’aura finalement guère contribué à faire changer la perception négative sur le Royaume qui prédomine sur la scène internationale à cause de la politique sahraouie du Trône et de son Makhzen.
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