Aujourd’hui, la rupture entre le colon et le colonisé est à l’évidence consommée.
Décidément, le colonialisme est le même partout. Giap avait raison quand il disait qu’il (le colonialisme) était un mauvais élève. Les injustices individuelles et collectives dans les territoires occupés du Sahara occidental ressemblent parfois, toutes proportions gardées, à s’y méprendre à ce qui se passait durant la phase finale du colonialisme chez nous. Dans les villes occupées du Sahara occidental, les colons marocains passent aujourd’hui aux «ratonnades», comme le faisaient les «ultras» à Alger.
A Smara, la capitale spirituelle de la Seguia El-Hamra, fondée par le vénérable Mae el Aînine qui, soit dit en passant, est issu d’une souche purement sahraouie et non pas marocaine, les colons marocains se sont attaqués aux autochtones, à l’intérieur même de l’Institut Moulay-Rachid, faisant une trentaine de blessés parmi eux. El-Ayoun et Dakhla enregistrèrent des raids identiques sous l’œil bienveillant des forces coloniales. Aujourd’hui, la rupture entre le colon et le colonisé est à l’évidence consommée. L’évolution dangereuse de la situation au Sahara occidental donne malheureusement raison à la récente prophétie de Mme Aminatou Haïder qui, manifestant ses inquiétudes, mettait en garde sur l’éventualité d’»une guerre civile entre Marocains et Sahraouis» dans les territoires occupés.
Depuis l’assaut sanglant du 8 novembre dernier contre le camp de Gdeim Isik et les incidents qui suivirent à El-Ayoun, la cohabitation devient de plus en plus difficile. Le makhzen autorisa en sous-main la «chasse au Sahraoui». Alors, tels les Huns d’Attila, les colons marocains violèrent et mirent à sac les commerces et les domiciles sahraouis. Une politique machiavélique qui vise à désespérer, à terroriser les populations autochtones et, par là, à les mater. En fait, un saut dans l’inconnu, quand on connaît la force des aspirations sahraouies et la capacité de résistance de leur peuple.
Le changement de direction à la tête de la wilaya ou l’on retrouve désormais un pion local n’y pourra rien. L’histoire de l’humanité nous enseigne qu’un Juda ne fait pas le printemps et que les traîtres agissent tous contre leurs peuples, même s’ils sont tenus loin des affaires de souveraineté. Donc les populations sahraouies des territoires occupés ont plus que jamais besoin d’une protection onusienne.
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 02/12/2010
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