Le Makhzen perd pied

La solidarité internationale s’intensifie autour de la lutte du peuple sahraoui

La dernière résolution du Parlement européen en faveur de
l’autodétermination du peuple sahraoui a semé la panique au Palais royal qui
s’est empressé de répondre par un argument qu’il juge solide : la participation
de milliers de sujets de sa majesté à une manifestation pour la défense de la
cause sacrée et pointer du doigt un ennemi.
Des milliers de Marocains ont manifesté, dimanche dernier,
à Casablanca contre le Parti populaire espagnol (PP, opposition), qui a dénoncé
des atteintes aux droits de l’Homme au Sahara Occidental, a rapporté, hier, la
presse marocaine. Selon ces médias, les manifestants, emmenés par le Premier
ministre Abbas el Fassi, brandissaient des drapeaux marocains et des banderoles
et scandaient « Parti populaire, ennemi du Maroc ». Qu’est-ce qui fait ainsi
s’agiter le Makhzen pour mettre à la disposition de ses sujets, des bus, trains
et offrir une journée chômée et payée, pour ceux qui ont un emploi, et toute une
logistique afin d’organiser une « grandiose manifestation ». C’est que les
données ont commencé à changer dans la question sahraouie. La dernière
résolution du Parlement européen en faveur de l’autodétermination du peuple
sahraoui, qui appelle l’Onu à envoyer une commission d’enquête sur l’agression
contre El Ayoun, a semé la panique au Palais royal qui s’est empressé de
répondre par un argument qu’il juge solide : la participation de milliers de
sujets de sa majesté et tout l’échiquier politique marocain à une manifestation
pour la défense de la cause sacrée et pointer du doigt un ennemi… le Parti
populaire espagnol. Le Front Polisario ou l’Algérie sont, pour cette fois, hors
de cause. L’Union européenne semble aussi prendre la juste mesure des choses. Et
la dernière résolution de son Parlement consacré au Sahara Occidental enfonce le
clou. « L’Union européenne demeure préoccupée par le conflit sévissant au Sahara
occidental et par ses conséquences et implications pour la région, y compris la
situation des droits de l’Homme au Sahara Occidental, et qu’elle soutient
pleinement les efforts du secrétaire général des Nations unies et de son envoyé
spécial pour trouver une solution politique juste, durable et mutuellement
acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental,
ainsi que le prévoient les résolutions des Nations unies » et « insiste sur la
nécessité d’inviter les organes des Nations unies à proposer l’instauration d’un
mécanisme de surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental ». Il
« considère également que les Nations unies constitueraient l’organisation la
plus à même de mener une enquête internationale indépendante en vue de clarifier
les événements, les décès et les disparitions ». Apparemment les mots
autodétermination, commission d’enquête et mécanisme de surveillance des droits
de l’Homme au Sahara, auxquels fait référence le Parlement européen, inquiète au
plus haut point le Makhzen et les partis politiques marocains si l’on en juge
par les propos du président du Rassemblement national des indépendants (RNI),
Salaheddine Mezouar. « La marche populaire de Casablanca constitue un nouveau
message du peuple marocain pour tous ceux qui pensent pouvoir nuire à
l’intégrité territoriale du royaume », a-t-il déclaré au cours de la marche
populaire. Les images des foules brandissant les drapeaux marocains rappellent
les images de 1975, quand 350.000 Marocains avaient pris part à la Marche verte
franchissant les frontières du Sahara Occidental, sans que la puissance
occupante, l’Espagne, l’Onu ou toute autre organisation internationale lèvent le
petit doigt. La communauté internationale et la société civile présentement sont
mieux informées et surtout réagissent. C’est ce qui fait peur au Makhzen.
Par : Sadek Belhocine
Le Midi Libre, 30/11/2010 

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