SAHARA OCCIDENTAL : Graves dérapages de Rabat

Mis au banc de la communauté internationale par le Parlement européen, qui a exigé une enquête sous l’égide des Nations unies sur l’attaque militaire contre le camp de la liberté, le Maroc et ses porte-paroles sont au comble de l’agitation, à la veille d’une importante rencontre de l’UE sur le statut avancé concédé à Rabat et sur l’inévitable débat qui tournera, non seulement autour de la répression marocaine et des défis que ne cesse de lancer le Maroc, se croyant prémunie par la grâce et la protection de Madrid et de Paris, mais aussi sur l’exploitation des richesses, du sous-sol sahraoui sur lesquels il n’a aucun droit. 
 
C’est ainsi que le ministre marocain des Affaires étrangères, qui reflète souvent les points de vue du souverain marocain eut égard à leur grande proximité, n’a pas hésité, dans une interview à un journal espagnol, de parler de la «guerre» à laquelle son pays fait face accusant implicitement l’Algérie de déstabiliser son pays et d’avoir même été jusqu’à organiser la révolte des Sahraouis d’Al Ayoun. Des accusations ridicules et qui montrent, si besoin, l’amateurisme des politiques marocaine qui prennent souvent leurs fantasmes pour des réalités. Mais aussi une naïveté politique qui se nourrit de ce sentiment d’impunité qui prévaut dans les sphères gouvernementales marocaines, en raison du soutien inconditionnel de Madrid et de Paris. 
 
Mais la nouvelle forme de résistance du peuple sahraoui, qui rappelle les manifestations de décembre 1960 qui ont précipité l’indépendance de l’Algérie, ont désarçonné le pouvoir royal, endormi sur une propagande qu’il pensait bien huilée, faisant croire que les Sahraouis de l’intérieur vivaient dans un Éldorado au contraire de leur frères «séquestrés» dans les camps de refugiés auxquels il miroitait un projet fantasque d’autonomie. Ce sont ces cruelles vérités qui mettent aux abois le Maroc et sa diplomatie et sa recherche désespérée de bouc émissaire, se rabattant tantôt sur l’ennemi algérien tantôt sur le parti populaire espagnol. Sans parler des menaces à peine voilées que le régime marocain profère à l’encontre de l’Union européenne pour l’obliger à s’aligner sur ses thèses. Il semble bien que la ficelle ne prend plus et il faudra bien que le Maroc se réveille aux dures réalités et accepte de remettre courageusement en cause sa politique coloniale. C’est pourquoi il faut souligner l’importance de la dernière résolution du Parlement européen et tout l’intérêt qu’elle représente pour les Sahraouis. Pour le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Ettaleb Omar, cette résolution condamnant la répression marocaine contre la population de Gdeim Izik à El-Ayoun «est la meilleure réponse à l’attaque barbare perpétrée par l’armée marocaine contre ce camp». Il a indiqué qu’ «une telle condamnation claire du massacre d’El-Ayoun se veut la meilleure réponse à l’attaque barbare perpétrée par l’armée marocaine contre 30 000 sahraouis qui revendiquaient le respect de leurs droits internationaux ». 
 
«La résolutions du Parlement européen a consacré les revendications et positions qu’ont toujours soutenues le Front Polisario et le gouvernement sahraoui qui n’ont eu de cesse d’appeler à la prise en charge des civils sahraouis à travers l’élargissement des compétences de la Minurso au contrôle du respect des droits de l’Homme au Sahara Occidental», a-t-il ajouté. «L’adoption par le Parlement européen de cette résolution émane de sa conviction quant à l’impératif respect des droits de l’Homme, de la paix et de la Justice». Cette résolution accordera aux Sahraouis «une nouvelle immunité juridique de la part de la plus importante institution démocratique qui respecte les droits de l’Homme», a-t-il encore dit.
Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 29/11/2010

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