“Les membres du Conseil déplorent la violence à Laâyoune et dans le camp de Gdeim Izik et présentent leurs condoléances aux familles de morts et blessés qui y sont tombés”, a dit le président de tour du Conseil de Sécurité, l’ambassadeur britannique Mark Lyall Grant, dans ses brèves déclarations à la presse, sans ouvrir la voie aux questions.
Le diplomate britannique a renouvelé le soutien du Conseil de Sécurité à la Mission des Nations Unies dans le Sahara Occidental (MINURSO) et a demandé “une plus grande volonté politique” au Maroc et au Front Polisario, afin de trouver une solution au conflit à travers le processus de négociations que patronne les Nations Unies.
Lors de la réunion, les délégations ont écouté un rapport du Secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Opérations de Paix, Atul Kharé, sur le démantèlement du camp de Gdeim Izik et les protestations à Laâyoune. D’après certaines sources, Kharé a expliqué, dans son intervention, que les autorités marocaines ont restreint la liberté de mouvement de la MINURSO, laquelle n’a pu accéder aux zones de conflit.
En plus, l’envoyé spécial pour le Sahara, Christopher Ross, a informé sur la réunion informelle tenue entre les parties dans la banlieue new-yorkaise, la semaine dernière, et dans laquelle elles se sont engagées à poursuivre le dialogue.
INTERRUPTION DES NÉGOCIATIONS
Le représentant du Polisario auprès de l’ONU, Ahmed Bujari, a dit à GuinGuinBali que la position du Conseil peut être vue comme “un verre à moitié plein ou à moitié vide”.
Bujari estime positif le fait que plusieurs membres du Conseil, dont le Mexique, “aient œuvré pour que les événements du Sahara occupé ne passent pas inaperçus”.
Mais cela ne suffit pas. Le Polisario demandait d’appliquer une peine au Maroc et que l’ONU envoie une mission d’enquête ; il avait d’ailleurs menacé d’interrompre les négociations de paix avec le Maroc s’il ne l’obtenait pas.
“L’ONU a perdu l’occasion de revitaliser un processus de paix stagnant, par la faute de la France, qui s’est opposée à une enquête, par peur que le monde connaisse la vérité”, a déclaré Bujari.
Autre demande rejetée par le Conseil de Sécurité, celle d’ajouter un composant de droits humains au mandat de la MINURSO.
Face à cette situation, Bujari admet qu’il y a “un haut risque que « tout s’ébranle»”. Il affirme que, maintenant, ils doivent évaluer “tous les facteurs de l’équation” et tenir compte de la volonté du peuple sahraoui. “Nous devons tenir compte que la plupart des Sahraouis ne voit pas de perspectives sérieuses pour un processus de paix. Le Maroc a miné le drapeau pacifique qu’il portait. Comment demander aux Sahraouis de tendre l’autre joue ?”
L’ambassadeur du Maroc auprès de l’ONU, Mohammed Loulichki, affirmait, en sortant de la réunion, que son pays a en tout moment collaboré avec la mission de paix des Nations Unies et ponctuellement informé des actions de ses forces de sécurité.
“Nous estimons positif le contenu de la déclaration, ainsi que les condoléances présentées par tous les membres du Conseil de Sécurité aux familles des victimes”, disait le diplomate marocain dans ses déclarations à Efe.
“Pour lui, il s’agit du “massacre” d’une dizaine d’agents des mains des manifestants sahraouis. “Il est clair que les forces marocaines ont agi avec la majeure contention et que les autorités ont donné des ordres afin d’éviter qu’il y ait des victimes.”
Le porte-parole de Human Rights Watch (HRW), Philippe Bolopion, a affirmé que la MINURSO est demeurée “aveugle” au moment où ont eu lieu les incidents parce qu’elle manque d’autorité et de ressources pour surveiller le respect des droits humains dans le Sahara Occidental.
Quant aux différents nombres de victimes, HRW confirme la mort de deux civiles et l’arrestation d’une centaine de Sahraouis.
Par ailleurs, Rabat reconnaît treize morts (onze agents et deux civiles sahraouis), tandis que le Polisario parle de 36 morts et 700 blessés.
Guinguinbali, 17/11/2010
Soyez le premier à commenter