Pour l’instant, Paris opte pour un prudent silence, contrairement à Rabat qui qualifie sans vergogne la résolution parlementaire européenne d’injuste.
La cause sahraouie vient de réaliser une percée historique avec une résolution du Parlement européen condamnant fermement les violences issues de l’assaut meurtrier de Gdeim Isik qui a jusqu’à aujourd’hui des prolongements à El-Ayoun, la capitale occupée du Sahara occidental. Si elles peuvent être considérées comme le meilleur cadeau offert au Parlement sahraoui à l’occasion de la commémoration de son anniversaire demain, ces conclusions, une première, constituent une gifle retentissante pour la politique du roi au Sahara occidental.
Des conclusions qui viennent aussi comme un désaveu pour celle de ses protecteurs français, en attendant que Paris puisse se retourner et voir comment redresser la barre le 13 décembre prochain lorsque le Conseil d’association UE-Maroc abordera à son tour, lors de sa réunion, la peu glorieuse charge des FAR conte les campeurs sahraouis à Gdeim Izik. Pour l’instant, Paris opte pour un prudent silence, contrairement à Rabat qui qualifie sans vergogne la résolution parlementaire européenne d’injuste et charge cette fois non pas Gdeim Isik ou comme de tradition l’Algérie, mais le PP espagnol, l’accusant de jeter le makhzen en pâture à l’opinion espagnole pour un intérêt électoral. Comme si les Espagnols n’étaient pas le peuple qui, jusqu’ici, se manifeste le plus en faveur de la cause sahraouie.
Entre autres, Rabat accuse le PP de porter atteinte à son «intégrité territoriale», alors qu’il serait plus juste de parler d’intégrisme territorial. Avant la reunion du PE, Rabat disait ne pas demander la complaisance de ses partenaires à propos des évènements sanglants d’El-Ayoun, mais qu’il réclamait seulement une attitude lucide, objective et réaliste. Une attitude formidable, pensait-on alors. Mais maintenant que c’est fait et que les parlementaires européens se sont prononcés, Rabat refuse le verdict et pointe du doigt le PP. Cependant, ce qui est plus grave, c’est son abominable chantage. Khalid Naciri, le porte-parole du gouvernement marocain, annonce froidement en effet, qu’en Méditerranée, il n’y aura pas de «stabilité en dehors de l’unité territoriale du royaume du Maroc». Et «c’est ce que devront saisir les Espagnols», disait-il pour enfoncer le clou.
M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 27/11/2010
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