Un pas en avant, deux en arrière

Samedi dernier, des centaines de Sahraouis manifestaient devant le siège de l’UNHCR à Tindouf, pour demander à leur mouvement de reprendre les armes. La manifestation qui se trouve être la première du genre depuis le cessez-le-feu passé en 1991 entre le Front Polisario et le Maroc, survenait en réaction à l’attaque meurtrière de l’armée marocaine contre les populations sahraouies à El-Aaiun et à Gdeim Izik. Une grande tuerie à huis clos, quasiment sans témoins, sans bilan avéré et définitif, un carnage tel que le voulaient le trône et le makhzen.

La manifestation sahraouie se produisait à la veille de la réunion du Conseil de sécurité sur la tragédie d’El-Ayoun. Une réunion qui est, elle aussi, la première du genre depuis le début du conflit avec l’invasion militaire marocaine du Sahara occidental, il y a 35 ans. Des événements qui confortent les déclarations de MM. Ban Ki-moon et Christopher Ross, à la veille de la rencontre informelle Polisario-Maroc. Les deux hommes avertissaient honnêtement que le statu quo était devenu intenable au Sahara occidental. Un avertissement qui ne semble pas pris en considération par le trône qui opte plutôt pour une fuite en avant. Le seul changement positif auquel parvint M. Ross, c’est que Rabat a accepté pour la première fois de ne plus s’en tenir à sa proposition d’autonomie et d’inclure en plus dans la négociation les autres options : intégration et indépendance, avancées par le Polisario. Mais s’il accepte que ces options figurent pour la forme dans l’agenda des discussions, le roi les rejette plus que jamais.
Le Maroc ne lâchera pas un seul pouce du Sahara occidental, disait le roi il y a quelques jours à l’occasion de la commémoration de la « marche verte », Le commandeur des croyants ne veut pas ouvrir les yeux et voir que l’intifada sahraouie et la nouvelle forme de résistance pacifique appliquée par Aminatou Haïder et ses concitoyens accaparent les sympathies dans le monde. En raison de leur nature, les humains n’aiment pas la hogra et réagissent globalement à l’injustice. Rabat devrait se rappeler que les habitants de la planète s’opposent à la première puissance mondiale elle-même, lorsqu’elle touche aux droits humains. Rabat n’a pas encore un… Pentagone, même s’il s’est trouvé son Vietnam.
Le Jeune Indépendant, 18/11/2010

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