Rabat ne peut plus cacher le soleil avec un tamis

MASSACRES D’EL-AAIUN : MANIFESTATION DE SOUTIEN AU PEUPLE SAHRAOUI AU SEIN DU PARLEMENT EUROPÉEN (P.E) À BRUXELLES

Le peuple sahraoui compte, décidément, beaucoup d’amis au sein des institutions européennes. Et, surtout, au sein de la plus prestigieuse d’entre toutes : le Parlement européen.

Mardi dernier, l’intergroupes interparlementaires de soutien au peuple sahraoui a organisé une après-midi dédiée à la cause et pour expliquer les derniers événements survenus à El-Ayoun. Le plateau était des plus fournis, prestigieux : le président, Raoul Romeda Rueda Rueda), eurodéputé vert (Green EFA), Francesco Bastagli, diplomate de l’ONU, ex-représentant personnel de Kofi Annan, le prédécesseur de Ban Ki-moon comme secrétaire général de l’instance onusienne ; Carlos Ruis Miguel, professeur de droit constitutionnel à l’Université Saint-Jacques de Compostelle (Espagne).
Au milieu de ce beau monde, Aminatou Haïder, militante des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés. Une présence médiatique forte accompagnait le séminaire. Parmi les nombreux confrères qui ont suivi la rencontre, de nombreux Espagnols et Anglo-saxons. Signes avant-coureurs d’un frémissement favorable au droit du peuple sahraoui ? Ce n’est pas à exclure, surtout de la part de la diplomatie du Royaume-Uni. Cette dernière a montré, les récentes semaines, un intéressement grandissant en faveur du problème sahraoui et de tout ce qui se passe dans la région. Profitant, sans doute, de l’enlisement français au Sahel, la Perfide Albion se positionne lourdement. Qui peut le lui reprocher ? D’emblée, les intervenants ont situé les responsabilités dans ce qui s’est passé à El-Ayoun à partir du 8 novembre en cours.
C’est une répression marocaine inédite, sanglante, d’une brutalité hors-normes et haineuse contre des civils désarmés et, seulement, clamant un peu de justice, des boulots pour les jeunes et droits pour les autochtones, les Sahraouis, les seuls maîtres du territoire, en définitive. A cet égard, les témoignages consignés et rapportés par les eurodéputés et Aminatou Haïder sont poignants, donnent froid au dos. Les atrocités marocaines ont été et sont, toujours, d’une cruauté inimaginable. Le bilan est lourd. Même les médias traditionnellement peu enclins à dénoncer le Maroc, les Français, notamment, n’ont pas pu cette fois-ci cacher le soleil avec un tamis.
Une vingtaine de morts, des centaines de disparus, des blessés graves et grièvement atteints, des enfants piétinés, des adolescentes violées et violentées. Pour leur part, Francesco Bastagli, ex-envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara occidental, et Carlos Ruis Miguel, constitutionnaliste de renommée mondiale, ont insisté sur deux points cardinaux, névralgiques, preuves juridiques et jurisprudence onusienne à l’appui (Namibie, Timor-Est) sous lesquels aucune avancée n’est possible. Un, la question du Sahara occidental relève de la doctrine des Nations unies, en matière de décolonisation. Deux, seul un référendum crédible d’autodétermination peut assurer aux Sahraouis, dans les territoires occupés par le Maroc ou ceux réfugiés à Tindouf en Algérie, d’exercer ce droit.
Les intervenants et d’autres participants ont soulevé plusieurs autres questions essentielles. Les accords de pêche UE/Maroc et leur caractère illégal, au regard du droit international et même pesés au diapason des fondements de l’Union européenne, la dilapidation des ressources naturelles des Sahraouis, minières et halieutiques, notamment par la frénésie et la gloutonnerie marocaines. Le Parlement européen a porté haut et fort l’étendard du droit bafoué, celui du peuple des ténèbres. Le peuple sahraoui.
Du siège du Parlement européen à Bruxelles, Aziouz MokhtariLe Soir d’Algérie, 18/11/2010

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