Une question de principe

Lors de son passage à la Chaîne III, le représentant du MSP était manifestement gêné par les questions concernant la position de son parti sur le dossier du Sahara occidental. Ces questions sont justifiées par des informations rapportées par la presse nationale et qui font état du soutien du MSP au plan marocain d’autonomie. En premier lieu, la question du Sahara occidental n’est pas une affaire nationale au sens où elle nécessite une «union sacrée» et une position commune entre tous les Algériens. A ce titre, il est nécessaire de noter qu’il est du droit de tout parti d’adopter la position qu’il juge juste sur la question du Sahara occidental ou sur la question palestinienne. A ce propos, la position du MSP est souveraine. Cependant, les auditeurs ont dû relever l’ambiguïté de M. Mokri et le malaise qui a caractérisé son intervention. 

Pour esquiver la question et éviter d’assumer le choix de son parti, l’invité de la Chaîne III a voulu noyer le poisson dans l’eau en parlant de la construction de l’UMA qui ne doit pas être entravée par le conflit sur le Sahara occidental. A ce propos, la déclaration de Zéralda de 1987 stipulait clairement que la question du Sahara occidental ne doit pas interférer dans l’édification du Maghreb. Cette question est entre les mains de l’ONU et elle doit suivre son développement conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. Depuis cette date, la construction de l’UMA est engagée sur cette base avant que Hassan II ne décide d’appeler le Polisario à des négociations directes dans le but d’aller vers un référendum. 

Le terrorisme en Algérie a modifié la donne au plan régional et le Maroc a manifestement perçu un affaiblissement de l’Etat algérien que les problèmes internes pourraient détourner de ses engagements internationaux et, partant, fermerait les yeux sur le dossier sahraoui. L’affaire de l’attentat de Marrakech en 1994 a été un prétexte pour geler sa participation au processus de l’UMA, fermer ses frontières avec l’Algérie et imposer le visa aux Algériens. Donc, la partie qui a sciemment mêlé la question du Sahara occidental et la construction de l’UMA, c’est bien le Maroc. En second lieu, et c’est là que le bât blesse, M. Mokri impose une différenciation entre l’occupation de la Palestine par Israël et celle du Sahara occidental par le Maroc. 

La première semble avoir un caractère sacré puisqu’elle est, selon l’intervenant, l’affaire de tous les musulmans, et la seconde serait une affaire banale qui concerne on ne sait qui. Si Mokri a le droit de soutenir qui il veut et de sacraliser une cause au détriment d’une autre, il ne peut, au nom d’un parti, tromper les Algériens qui ont souffert des affres du colonialisme. Le colonialisme, qu’il soit le fait d’un pays musulman, chrétien ou juif, qu’il soit l’œuvre d’une puissance occidentale capitaliste ou communiste, qu’il soit mené par une civilisation millénaire ou une jeune nation, est une horreur et un crime contre toute l’humanité qui se reconnaît dans les idéaux de la dignité, de la liberté et de la souveraineté. 

Le soutien de l’Algérie à la Palestine et à son combat pour l’indépendance est le même que son soutien inconditionnelle au Sahara occidental et à son droit à l’autodétermination. Toutes les causes justes sont sacrées pour les peuples à principes. Les peuples qui refusent d’être dominés par une force étrangère ne peuvent admettre qu’un autre peuple reste sous domination coloniale, quelle que soit la couleur du colonialisme. 
La Tribune d’Algérie, 15/11/2010

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