Situation au Sahara occidental / Le département d’Etat préoccupé, des membres du Congress interpellent Obama

L’attaque militaire marocaine contre le camp sahraoui a fait réagir le département d’Etat qui a exprimé sa préoccupation sur la situation au Sahara occidental, tandis que plusieurs membres du Congress américain ont appelé le président Barack Obama à une “intervention urgente” pour mettre un terme à cette “tragique situation”.

Au lendemain de la troisième réunion informelle Polisario-Maroc, tenue les 8 et 9 novembre à Manhasset (New York), le département d’Etat américain a fait part à la délégation sahraouie qui a participé aux pourparlers, qu’il suivait “avec préoccupation” la situation qui prévaut au Sahara occidental, a-t-on appris auprès du représentant du Front Polisario à l’ONU, M. Ahmed Boukhari. Cette inquiétude du département d’Etat sur le Sahara occidental a été exprimée lors de la rencontre, tenue mercredi à Washington, entre la sous-secrétaire d’Etat adjoint américaine chargée des Affaires de l’Afrique du Nord auprès du département d’Etat, Mme Janet A. Sanderson, et les membres de la délégation sahraouie composée du président du Conseil national de la République arabe sahraouie démocratique (parlement sahraoui), M. Khatri Addouh, du coordinateur sahraoui avec la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso), M. M’hamed Khaddad, et de M. Boukhari. 

 
Sur invitation de Mme Sanderson, chacune des quatre délégations ayant pris part à la troisième réunion informelle, composées des deux parties au conflit (Polisario et Maroc) et des deux pays observateurs (Algérie et Mauritanie), a été reçue mercredi au département d’Etat dans la capitale fédérale. Vu la gravité de l’opération militaire marocaine, la représentante du département d’Etat a assuré à la délégation sahraouie que ses services “étaient en train de réunir toutes les informations nécessaires sur la situation afin d’avoir une idée plus claire”, confie la même source. Par ailleurs, le porte-parole de département d’Etat, M. Philip J. Crowley, a déclaré mercredi, au sujet de la 3ème réunion informelle, que les Etats-Unis se félicitaient que les deux parties au conflit aient convenu de la reprise du programme de mesures de confiance (qui comprend notamment les échanges de visites entre familles séparées par le conflit), tout en souhaitant qu’elles oeuvrent à “une solution pacifique, durable et mutuellement convenue au conflit du Sahara occidental”. 
 
De son côté, la délégation sahraouie a fait savoir à la diplomate américaine que “l’opération menée par les forces de l’ordre marocaines ont été perpétrées délibérément par le Maroc pour poursuivre son oppression contre le peuple sahraoui et pour saborder le processus de paix mené actuellement sous l’égide de l’ONU”. Dans ce sillage, les responsables sahraouis ont demandé aux Etats-Unis, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, de “faire le nécessaire pour dévoiler la vérité sur cette escalade militaire et sur la dimension de cette tragédie, à travers l’envoi d’une mission d’enquête par le Conseil du sécurité, laquelle constitue un élément indispensable pour maintenir la confiance dans le processus de paix qui est sabordé par la partie marocaine”. Sur ce point, il est à rappeler que le Conseil de sécurité de l’ONU a entamé des démarches à la demande du Mexique, soutenu par 14 autres membres, pour convoquer une séance d’information sur ces violentes attaques 
 
En conséquence, souligne le représentant sahraoui à l’ONU, “nous espérons que les Etats-Unis puissent encourager tous les membres du Conseil de sécurité à prendre une décision claire et nette pour sauver le processus de paix et l’envoi d’une mission d’enquête”. Pour le Front Polisario, ajoute M. Boukhari, “l’assaut sanglant de Gdeim Izik est une répétition, cette fois-ci en Afrique du Nord, de Sabra et Chatila et dont les implications seront profondes dans l’histoire et dans la perspective de la continuité du processus de négociation”. A cet effet, “il est temps que l’ONU montre sérieusement sa volonté de maintenir et préserver le processus de paix car, à travers son attaque militaire, le Maroc n’a pas voulu tester seulement la volonté du peuple sahraoui mais aussi la réaction de la communauté internationale”. Par ailleurs, plusieurs congressistes américains des deux partis démocrate et républicain ont adressé mercredi une lettre au président Obama dans laquelle ils l’exhortent à “intervenir pour mettre fin à la situation tragique” qui prévaut au Sahara occidental. “Nous attirons votre attention sur la situation de plus en plus violente et tragique qui règne dans les territoires occupés du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, où des milliers de Sahraouis sont en danger imminent”, soulignent les congressistes. “Nous sommes très préoccupés par les récents rapports sur la violence dont font l’objet d’innocents Sahraouis par les forces de sécurité marocaines à EL-Ayoun et nous demandons au gouvernement d’appeler le Maroc à mettre fin à cette violence”, notent-ils, ajoutant que “le Maroc continue à empêcher les organisations humanitaires internationales et la presse d’entrer dans les camps sahraouis pour faire leurs rapports sur la situation et évaluer les besoins des manifestants sahraouis”. 
 
Dans leur message au chef de la Maison-Blanche, ils relèvent également que “le Maroc a toujours réprimé les droits du peuple sahraoui à la liberté d’expression et à la liberté d’association dans les territoires occupés”, citant les rapports établis par Human Rights Watch et Amnesty International dans lesquels ces ONG ont confirmé l’interdiction par le gouvernement marocain de l’organisation de manifestations pacifiques et son refus de reconnaissance des organisations de défense des droits de l’homme. Sur ce point, ces membres du Congress ont attiré l’attention du président Obama que “la situation actuelle démontre que la mission de surveillance des droits de l’homme doit être introduite dans le mandat de la Minurso”. Ils ont aussi appelé le président américain à “exhorter le royaume du Maroc à faire preuve de retenue et de respect pour le droit à la liberté d’expression des Sahraouis et à mettre fin à la violence contre les Sahraouis”. Aussi, ajoutent-ils, “les Etats-Unis devrait aussi oeuvrer avec la communauté internationale pour veiller sur la sécurité et l’aide humanitaire qui doivent être fournis au peuple sahraoui. Votre intervention urgente est nécessaire pour contribuer à mettre fin à cette situation tragique”.
Le Citoyen, 11/11/2010

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