L’on peut, en effet, être amené à penser que le Maroc, sûr de «ses soutiens » a choisi délibérément le jour d’une reprise des discussions laborieusement négociées par Christopher Ross, l’émissaire spécial du Secrétaire général de l’Onu pour le Sahara Occidental pour charger des Sahraouis violement réprimés . Quelques jours avant l’assaut brutal marocain le président de la Rasd a dans un message au secrétaire général, des Nations unies, Ban Ki-moon, sollicité une intervention urgente des Nations unies, au motif qu’il disait entrevoir une menace d’escalade militaire contre les dizaines de milliers de Sahraouis s’étant regroupés dans le camp pour protester contre leurs conditions sociales sous l’occupation marocaine. Une escalade, a-t-il averti, qui pourrait déboucher sur un nouveau crime contre l’humanité et à une catastrophe humanitaire de premier plan.
UN STATU QUO INTOLÉRABLE
Le coup de force programmé du Makhzen, à quelques heures de l’ouverture de la troisième session de négociations informelles entre le Front Polisario et le Maroc dans la banlieue de New York, avait pour but d’inciter le Polisario à revenir sur son engagement à poursuivre la négociation placée sous l’égide des Nations unies. En réaction, les représentants du Front Polisario présents à New York ont fait savoir qu’ils ne se laisseront pas imposer la politique de la «chaise vide». Constatant depuis quelques temps l’impasse des négociations, Christopher Ross a adressé, fin juin dernier, un courrier au groupe des cinq pays dits «amis» (États-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Espagne et France), pour débloquer politiquement la situation. En février dernier, l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’Onu pour le Sahara Occidental a indiqué que le Front Polisario a fait preuve d’une certaine flexibilité contrairement au Maroc ; le diplomate américain ,successeur de Van Walsum, dira à ce sujet que : «le Front Polisario a fait une esquisse modeste de ce qui pouvait être une négociation authentique après avoir exploré avec le Maroc certains aspects spécifiques de sa dernière proposition d’autonomie. Par contre, le «Maroc a décliné pour sa part d’explorer la proposition du Front Polisario. En conséquence, ce dernier s’est refusé à continuer». Le Conseil de sécurité avait appelé dans sa dernière résolution (1813), adoptée au mois d’avril 2008, à une solution politique au conflit du Sahara Occidental à travers des négociations entre les deux parties au conflit, le Maroc et le Front Polisario, sous l’égide de l’Onu et qui respecte le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination à travers le processus référendaire. Pendant les toutes récentes discussions de Greentree, et auxquelles participaient également deux pays voisins à savoir l’Algérie et la Mauritanie, les parties ont convenu de reprendre «sans délai» les visites familiales par avion sur la base d’une application stricte du plan d’action adopté de part et d’autre en 2004. L’organisation de visites par voie terrestre a aussi été convenue. Les quatre délégations ont prévu de se réunir prochainement à Genève avec le HCR afin de « revoir la mise en oeuvre du plan d’action dans sa totalité et d’avancer vers le lancement des visites par voie terrestre», a indiqué Christopher Ross. Les participants ont décidé de se réunir à nouveau au mois de décembre ainsi qu’au début de l’année prochaine afin de poursuivre le processus de négociation. Soulignons enfin que la nomination de Christopher Ross comme envoyé spécial de l’Onu au Sahara Occidental n’ est pas fortuite, le diplomate est un fin connaisseur de la région, arabisant émérite , précédemment coordonnateur de la lutte antiterroriste au département d’État.
RÉPROBATION DE LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
L’attaque marocaine a suscite la condamnation et la réprobation de la communauté internationale. Des quatre coins du monde des voix s’élèvent pour dénoncer cette agression. La ministre espagnole des Affaires étrangères, Trinidad Jiménez a indiqué, dans une déclaration, que l’Espagne avait demandé au Maroc des «éclaircissements» de manière urgente sur les violences qui ont suivi le démantèlement d’un campement de Sahraouis au Sahara Occidental. «L’Espagne considère que doivent être éclaircies de manière urgente les circonstances (des violences, ndlr) et nous l’avons fait savoir au gouvernement du Maroc», a déclaré la ministre espagnole. Mme Jiménez qui s’exprimait lors d’une conférence de presse à l’issue du conseil des ministres, la ministre a réitéré sa profonde «préoccupation» pour les faits très graves qui se sont produits ces derniers jours au Sahara Occidental. Allant dans la même veine plusieurs personnalités politiques et représentantes de la société civile du Chili ont, par ailleurs, demandé au gouvernement de leur pays de rappeler «immédiatement» l’ambassadeur du Chili à Rabat et de geler toutes les relations bilatérales avec le Maroc. L’Union africaine a réitère sa position ferme vis-à-vis de la question du Sahara Occidental, dernière colonie en Afrique, soulignant que la solution du conflit passe par le plein respect de la volonté du peuple sahraoui à travers un référendum d’autodétermination, a indiqué le président de la Commission de l’Union africaine, Jean Ping précisant que : « La position de l’Union africaine sur la question du Sahara Occidental est une position ferme, fondée sur la résolution 104 de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) de 1983 et le plan d’action émanant du sommet de Tripoli de 2009, appelant à la tenue d’un référendum d’autodétermination au Sahara Occidental», a affirmé Jean Ping.
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