Le roi saborde Ross

Comme il fallait s’y attendre, le commandeur des croyants s’est arrangé pour saborder les efforts de Christopher Ross visant à relancer une solution de paix qui assure au peuple sahraoui l’exercice de son droit à l’autodétermination, comme le prévoient toutes les résolutions onusiennes. Dans son discours à l’occasion de la « marche verte », la grande mystification qui annonça les bombardements des populations civiles au napalm et au phosphore blanc, le roi nous réserve la part de… « l’ennemi ». Il nous accuse de toutes les tares, dénie plus que jamais au peuple sahraoui ses droits élémentaires, dit que le Sahara occidental lui a été offert, cite une bible marocaine et proclame impudique : « j’y suis, j’y reste ».

En Algérie personne n’a réagi à sa prose et l’APS n’en parle pas, contrairement à la chaîne Al Jazeera, chassée manu militari du Maroc pour… services rendus. Le discours du roi devrait servir les Algériens à mettre à jour leurs batteries, tant il est vrai que tendre « fraternellement » ses joues, comme le fait notre diplomatie, a des effets contraires. Les dernières hardiesses du Maroc vis-à-vis d’une Espagne qu’il juge vraisemblablement ramollie nous le démontrent suffisamment, si besoin est. Une hardiesse qui prend des libertés avec l’Algérie, notamment avec ses représentations officielles au Maroc et en France. Une hardiesse qu’il faudra penser à stopper vite, à moins d’être prêt cette fois à tendre les joues… inférieures. Il ne faut surtout pas perdre de vue l’avertissement de l’adage qui dit : « lâ thoule a’yne elbedoui lâ t’oud haiyre fi ghlaqeha (n’ouvre pas l’œil au bedoin sinon tu auras des difficultés à la refermer) ».

Le Maroc semble avoir décidé de s’aventurer dans une escalade tous azimuts au dossier sahraoui, à la veille de sa rencontre avec le Polisario à Manhasset. Dans son envolée casse-cou à l’allure d’un quitte ou double, il lance une torpille borgne dans l’espoir de déstabiliser le Front Polisario, son cauchemar. Le mouvement sahraoui a vite réagi pour qualifier le discours de Mohammed VI d' »agressif » et l’accuser justement de « saper » les efforts de la communauté internationale. Mais, comme d’habitude, le roi chargera probablement un mokhazni d’arrondir les angles afin d’entretenir gaiement la politique alternant le chaud et le froid.
Le Jeune Indepoendant, 8/11/2010

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*