Au cours de sa récente tournée dans la région, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental a déclaré que la tenue de la réunion informelle entre le Maroc et le Front Polisario viserait «à parvenir à un règlement politique juste, durable et convenu entre les deux parties, garantissant au peuple du Sahara Occidental le droit d’autodétermination». Par ailleurs, il sera notamment question de la présence de l’Algérie et de la Mauritanie comme observateurs lors de cette réunion, en leur qualité de pays voisins du Sahara Occidental.
La teneur de la réunion informelle sera portée dans le rapport de Christopher Ross à l’adresse du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki- moon en prévision de la réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara Occidental avant la fin du mois en cours. M. Khaddad, coordinateur du Front Polisario avec la mission des Nations unies pour l’organisation du référendum au Sahara Occidental (Minurso), la réunion de lundi prochain, aura «à examiner les voies et moyens pour surmonter l’impasse actuelle en vue de trouver une solution qui garantira le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui conformément aux résolutions de l’ONU». Une impasse qui pour le responsable sahraoui «est due à la prétention du Maroc d’imposer au Sahara Occidental sa proposition de l’autonomie comme seule base de solution au conflit».
La troisième réunion informelle entre le Front Polisario et Rabat sous les auspices onusiens intervient dans une conjoncture particulière : nouvelles formes de protestation pacifiques des Sahraouis des territoires occupés, appels de la communauté internationale pour l’application du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, réaffirmé et adopté récemment par la quatrième commission onusienne en charge de la décolonisation, protestations des Sahraouis des territoires occupés réprimées par les forces d’occupation marocaine avec le déploiement des forces militaires du royaume à proximité des camps de Gdim Izik, installés par les Sahraouis et la mort du jeune Sahraoui ElGarhi Najem par des tirs de l’armée royale.
A noter que la réunion initiée par le responsable onusien se tient deux jours après la date marquant l’invasion par l’armée marocaine le 6 novembre 1975 du Sahara Occidental. Loin d’être une simple coïncidence, la date de la réunion à Manhasset recadre le contexte des évènements marquant l’occupation par le Maroc des territoires sahraouis. Le Maroc, en affichant son hostilité à toute voie visant l’application du droit international pour une question de décolonisation inscrite à l’ONU, persiste dans son refus de se souscrire dans cette voie. Une voie pour le responsable onusien autant irréversible qu’elle engage la crédibilité et la responsabilité de l’institution onusienne dans la promotion de l’esprit et les textes de sa charte.
Connu pour être un fin diplomate, Christopher Ross n’omet pas l’expérience de son prédécesseurs, James Baker, qui, devant l’intransigeance de Rabat, a dû jeter l’éponge. Il est à noter que le Front Polisario, par le biais d’un de ses membre et responsable de la première région militaire, Taleb Ami Deih, a déclaré, hier, à l’occasion du 35e anniversaire de l’occupation du Sahara Occidental par le Maroc que «le camp des réfugiés sahraouis à Gdem Izik rappelle ceux des réfugiés à Tifariti, Oum Dreiga et Amgala, qui ont fui les affres de l’invasion marocaine en 1975».
Karima Bennour
Karima Bennour
La Nouvelle République, 4/11/2010
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