Un dernier thé à Manhasset ?

La prochaine rencontre informelle entre le Maroc et le Front Polisario débutera finalement lundi prochain à Manhasset, dans la banlieue newyorkaise, a indiqué hier l’agence SPS citant M. Ahmed Boukhari, le représentant du mouvement sahraoui aux Nations unies. La première chose qui vient à l’esprit c’est de se demander : pour quoi faire ? Aucun signe ne vient démontrer que le trône voisin revient à la raison et qu’il y a des chances pour qu’il aille à ce rendez-vous, sans préalables et de bonne foi, comme ne cesse de demander le Conseil de sécurité.
Le roi a parlé ! Il dit et répète qu’il ne rendra pas un pouce du Sahara occidental, ce territoire spolié grâce à l’invasion des Forces armées royales (FAR) en 1975, mais aussi et surtout à la… trahison historique de Madrid. Une décolonisation volontairement ratée qui nous a durablement pollué le climat dans la région, retardant la construction de l’ensemble maghrébin, un objectif inscrit noir sur blanc dans la « Déclaration de Novembre » et qui fait toujours rêver les peuples du Maghreb.
Rabat ira à Manhasset pour ânonner des solutions coloniales que le monde entier connaît par cœur et qu’approuvent de rares puissances aux antécédents colonialistes comme la France. Pourquoi Rabat changerait-il de politique lorsqu’il est défendu au Conseil de sécurité par Paris qui couvre de son veto les atteintes aux droits humains dans les territoires occupés, au point de lui assurer une impunité aussi inviolable que celle dont jouit Israël. Paris qui, hier, avait appuyé moralement et matériellement la guerre contre le Front Polisario couvre aujourd’hui les dépassements et autres injustices marocains et nous dit tout sourire que le roi est dans la bonne voie et que sa proposition est la meilleure et qu’il faut l’accepter. Ce qui n’est pas du tout partagé par les principaux concernés : les Sahraouis. « Il est temps pour la France de respecter le droit international », pense plutôt Aminatou Haïder. Une dame qui n’est pas Polisario, qui ne réside pas à Alger mais qui vit l’occupation, qui donne beaucoup de fil à retordre a un roi qui le lui rend en tortures. Mais peut-être faudrait-il associer Paris dans les pourparlers et les tournées de M. Ross. A moins de se faire une raison et de commencer à envisager un passage au… chapitre VII.
M. Z.
mohamed_zaaf@yahoo.fr
Le Jeune Indépendant, 3/11/2010

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