SAHARA OCCIDENTAL : Le Maroc et ses soutiens en accusation au Mans

Aprés l’Assemblée nationale française où le président Mohamed Abdelaziz, a mis en garde contre une nouvelle tragédie qui menace le peuple sahraoui dans les territoires occupés de la RASD, ce week-end, dans la ville française du Mans, c’est au tour de plus de 500 délégués qui prennent part à la 36e Conférence européenne de soutien au peuple sahraoui (Eucoco), d’ interpeller la France et dans une moindre mesure l’Espagne, sur le soutien inconditionnel qu’ils apportent aux thèses marocaines et notamment la prétendue solution d’autonomie.

Le président sahraoui, a, dès vendredi soir, en ouvrant solennellement la rencontre, mis en garde sur la grave situation des 20 000 sahraouis qui ont fuit volontairement Al Ayoun pour établir un camp dit de «l’indépendance, de la fierté et de la dignité». «Nous ne cesserons pas de lancer des appels à la communauté internationale pour desserrer l’étau en ouvrant le territoire aux observateurs et journalistes du monde entier pour dénoncer cette situation intenable», a-t-il dit. «Nous nous trouvons devant une situation flagrante de violation des droits de l’Homme qui a conduit des milliers de réfugiés sahraouis à fuir leurs camps et se réfugier dans le désert, pour échapper à la marginalisation et la pauvreté imposée par les forces d’occupation marocaines».
Une situation qui interpelle l’Onu sur «l’urgence d’un règlement juste et équitable, dans le cadre de la légalité internationale «du conflit du Sahara Occidental, a-t-il insisté. Il a également appelé à doter la Minurso, à l’image des autres missions de l’Onu, des prérogatives qui lui font défaut, lui permettant de surveiller le respect des droits humains dans les territoires occupés». «La nouvelle forme de résistance pacifique menée par le peuple sahraoui suscitera certainement des échos et engendrera un élan de solidarité internationale et un soutien juste à la cause sahraouie », a-t-il dit.
Par ailleurs, le président sahraoui a également exprimé la disponibilité du Front Polisario pour une troisième rencontre informelle avec le Maroc, début novembre, à la demande du représentant personnel du secrétaire général de l’Onu, Christopher Ross, qui vient d’achever une tournée dans la région pour convaincre les deux parties en conflits (le Maroc et le Front Polisario) à reprendre les négociations. «Nous restons ouverts au dialogue, pour peu que le Maroc soit réceptif aux préoccupations du peuple sahraoui sur son droit à l’autodétermination».
La conférence qui se tient au Mans, a-t-il conclu, n’est pas une rencontre organisée contre le Maroc, mais «un acte de solidarité et de paix construit sur les intérêts réels des peuples sahraouis et marocains». En plus de l’intérêt porté par la conférence a la nouvelle forme inédite de l’intifada d’Al Ayoun , les débats ont porté sur la protection des ressources naturelles sahraouies et sur l’urgence qu’il y a d’agir pour que l’Onu et en particulier le Conseil de sécurité se décide enfin à élargir le mandat de la minurso pour qu’elle protège un peuple menacé à nouveau de génocide .
Dans quelques jours, cela fera 35 ans que le Sahara Occidental connaît l’occupation militaire marocaine, avait rappelé à Paris M. Abdelaziz, «35 ans d’illégalité, de transgression du droit, de violations des droits de l’Homme et d’affront à la communauté internationale». Mais 35 ans aussi de résistance d’un peuple et surtout de respect de ses engagements internationaux. Et en dépit de «toutes les difficultés de la guerre qui nous a été imposée, nous avons été toujours fermement attachés à la paix et avons loyalement coopéré pour la mise en application du plan onusien de 1991 et des engagements pris en 1997» de cessez-lefeu.
Pour s’en convaincre et pour rappel, le président sahraoui retracera toutes les péripéties par lesquelles est passé, à la trappe marocaine, l’arsenal juridique constitué par la série de résolutions de l’Onu qui n’ont connu aucune application, y compris la dernière proposition de 2003 du Conseil de sécurité. Autre centre d’intérêt de cette conférence, le pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental. Le territoire étant non-autonome, ses ressources naturelles ne peuvent être exploitées qu’en respectant la volonté et au bénéfice des habitants autochtones du territoire, et ce, selon le droit international.
Dans un avis juridique, le Parlement européen a déclaré que la pêche des navires européens dans les eaux du Sahara Occidental représente une violation du droit international. Mais L’Union européenne a signé un Accord de pêche avec le Maroc qui exploite, sans être inquiété, les ressources halieutiques du peuple sahraoui. Pour le phosphate, dont les rentrées pour le Maroc sont colossales, la situation est identique.
L’Europe a une grande responsabilité dans la pérennisation du conflit parce qu’elle ferme les yeux et participe au pillage des ressources naturelles du territoire. Mais que ce soit au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU ou au niveau de la politique européenne à l’égard du conflit, la position prédominante de la France, quitte à renoncer aux principes des droits de l’Homme, a toujours privilégié l’alignement sur les thèses du Maroc . C’est pourquoi une centaine d’élus français se mobilisent au Mans pour sensibiliser l’ensemble des élus européens et interpeler le président Sarkozy pour qu’il rééquilibre sa politique d’autant qu’il s’apprête à présider le G20.
Du Mans, Mokhtar Bendib
Le Courrier d’Algérie, 31/10/2010

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