Dans le temps, les officiels français défendaient becs et ongles, une idée colonialiste désormais écule, selon laquelle l’Algérie faisait partie intégrante de la France. En 1962 et après une lutte âpre et des sacrifices incommensurables, le peuple algérien avait démontré le contraire à cette puissance qui fut contrainte de se retirer de l’Algérie.
Aujourd’hui, nous vivons presque le même cas avec la question du Sahara occidental occupé par le Maroc depuis 1975, et qui contre toute logique, s’acharne à soutenir que ce territoire lui appartient et que le peuple sahraoui est partie intégrante du peuple marocain. Rabat refuse jusqu’à l’idée de consulter ce peuple par voie référendaire, s’il est marocain ou non, lui déniant jusqu’au plus élémentaire de ses droits, celui de décider de son librement, destin. Les autorités marocaines sont prêtes à tout pour faire accroire que le Sahara occidental est une province marocaine. Elles ne lésinent sur aucun moyen pour cela, alors que ce territoire a été déclaré par les lois internationales « non autonome » et qu’il fait l’objet annuellement, depuis son annexion par l’armée marocaine, d’un vote de résolution par l’assemblée générale des Nations unies, réaffirmant ce statut.
Rabat s’est mis à dos son voisin l’Algérie, parce que notre pays refuse de reconnaître la marocanité du Sahara occidental avant les Sahraouis, premiers et derniers concernés par leur avenir. Pis, le régime marocain accuse Alger de monter des « plans hégémoniques » dans la région maghrébine, alors que cette pratique est son sport préféré. Récemment, le roi Mohamed VI, qui se soucie comme d’une guigne de la construction maghrébine, s’en est allé de son analyse à propos du gel de ce projet, en déclarant sans aucune retenue que « l’intégration souhaitée par les peuples de la région et dictée par l’esprit du temps se heurte à des plans hégémoniques et à des écueils politiques rendus pourtant obsolètes avec la fin de la guerre froide ».
Le roi affirme que l’Union du Maghreb Arabe « reste l’otage de calculs étriqués liés au conflit artificiel suscité autour du Sahara marocain ». Rabat se met subitement à se préoccuper de l’UMA, qu’il s’est employée (et le fait toujours) à torpiller. N’a-t-on pas au Maroc couru derrière une adhésion pleine et entière à l’Union européenne et faute d’y parvenir, n’a-t-on pas fait des concessions souveraines pour obtenir le statut avancé de ce regroupement ? Dans ces conditions, qu’attendre de plus d’un régime qui avait accepté, pour assouvir ses besoins expansionnistes, de partager en 1978, le Sahara occidental avec la Mauritanie ? Qu’attendre d’un tel régime qui avait accepté de tenir un référendum en 1991 sur le devenir de ce territoire, après des négociations directes, à Rabat même avec les dirigeants du Polisario, avant de les diaboliser et renier tout engagement à ce sujet ? Qu’attendre d’un régime qui jette en prison pour longtemps, ses propres sujets qui osent s’exprimer sur les erreurs commises durant le conflit armé avec les indépendantistes du Polisario ? L’un d’eux, un ancien prisonnier de guerre du mouvement indépendantiste, croupit dans les geôles du roi, pour avoir adressé à ce sujet.
Il s’agit d’un militaire à la retraite qui en 2006, plaidait dans cette une lettre au roi Mohamed VI « l’amélioration de la situation de ses anciens compagnons d’armes », libérés par le Polisario sous les auspices du CICR. Il avait aussi dévoilé un « secret militaire » sur la guerre entre l’armée marocaine et l’armée de libération sahraouie. Rabat ne s’encombre d’aucun scrupule pour « punir » quiconque ose évoquer ce sujet en mal. Ainsi, il y a deux jours, ce sont les correspondants de la chaîne Al Jazera qui ont vu leurs accréditations au Maroc, annulées. Cette fois-ci, ils n’ont pas entre autres, adhéré à la thèse marocaine sur ce qu’on appelle à Rabat, la question de « l’intégrité territoriale ». Ce reproche n’est pas paru dans le communiqué officiel avalisant cette décision contre le staff de cette chaîne. Cependant, il n’est un secret pour personne aujourd’hui, que les autorités n’attendaient qu’un petit prétexte pour sévir contre cette chaîne qui n’illustre plus des reportages sur le Maroc avec la carte de ce pays incluant le territoire sahraoui. Et le fait de reconnaître que ce territoire est encore non autonome relève pour le Makhzen, du crime de lèse-majesté.
Salim Ouali
Le Citoyen, 30/10/2010
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