Al Jazeera donne-elle trop la parole au Polisario : Le Maroc se fâche et ferme les bureaux de la chaîne à Rabat .

Les activités du bureau d’Al Jazeera à Rabat ont été suspendues et les accréditations du personnel de la chaîne qatarie retirées, vendredi 29 octobre par les autorités marocaines. Une décision justifiée par le ministère de la communication du royaume chérifien «suite à de multiples manquements aux règles du journalisme sérieux et responsable».

Cette décision est prise, explique le communiqué du ministère, après que plusieurs cas de violations par Al Jazeera des règles du travail journalistique «sérieux et responsable aient été enregistrés, lesquelles règles exigent le respect, dans toutes les circonstances, des conditions d’honnêteté, de précision et d’objectivité, ainsi que l’attachement aux normes et à l’éthique professionnelles, telles que communément reconnues ».

Rabat reproche notamment à la chaîne qatarie son traitement de l’actualité marocaine, ainsi que son traitement de la question du Sahara occidental. Le ministère dénonce ainsi «une intention préméditée de nuire au Maroc», «une obstination affichée de ne véhiculer que des faits et phénomènes négatifs dans une entreprise délibérée de minimiser les efforts du Maroc dans l’ensemble des domaines de développement ». Entre autres. En clair, gouvernement marocain s’irrite de la manière avec laquelle Al-Jazira « traite les dossiers du Sahara», a indiqué un responsable du gouvernement à l’AFP sous le couvert de l’anonymat.

Contacté par l’AFP, Abdelkader Kharroubi, directeur du bureau d’Al Jazeera à Rabat, déclare que la chaîne «a toujours respecté les règles du professionnalisme et de la neutralité, notamment au Maroc». Il ajoute que «le dossier d’Al-Jazira n’est malheureusement pas entre les mains du seul ministère de la Communication. D’autres parties décident à «ce niveau» avant de conclure que «cette suspension est une erreur de la part des autorités marocaines, une erreur à laquelle nous sommes étrangers».

La décision de fermer les bureaux de la chaîne survient au moment où le Maroc se retrouve dans le collimateur de plusieurs ONG suite à l’assassinat, le 24 octobre dernier, d’El Garhi Najem, un jeune sahraoui âgé de 14 ans. La couverture d’Al Jazeera de cet évènement semble avoir été très mal apprécié par les autorités de Rabat. Un journaliste de la chaîne qatarie a été empêché de se rendre (à l’instar de sept autres journalistes espagnols) en avion à El Ayoun, à partir de Casablanca, pour couvrir la mort d’El Garhi Najem. Le 19 octobre dernier, Al Jazeera diffuse une interview du président de la république arabe sahraouie démocratique (RASD), M. Mohamed Abdelaziz, dans laquelle celui-ci affirme que si les prochaines négociations (entre les deux parties) s’avèrent infructueuses, «la situation sera plus grave que ce qu’elle est aujourd’hui, et bien plus encore».

La réponse à cette interview n’a pas tardé à fuser. Le 25 octobre, l’association marocaine des droits des téléspectateurs (AMDT) adresse une lettre de protestation à Cheikh Hamad Ben Tamer Al-Thani, président du conseil d’administration de la chaîne qatarie. L’association entend dénoncer «le traitement par Al Jazeera des informations concernant l’affaire du Sahara marocain». La chaîne est accusée d’ «alignement en faveur de la thèse séparatiste de l’Algérie et de sa création le Polisario». En 2008 les autorités marocaines avait également fermé les bureaux d’Al jazeera avant de les rouvrir quelques mois après. (Photo : bureau d’Al Jazeera à Rabat)

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