L’envoyé spécial pour le Sahara occidental a terminé son périple dans la région occidentale du Maghreb. Un nouveau round de discussions sur l’affaire doit s’ouvrir prochainement, mais la question de savoir si Ross est parvenu à convaincre le roi du Maroc sur le respect du principe de décolonisation demeure entière.
L’ambassadeur du secrétaire général des Nations unies, achevant sa tournée au Maroc, a déclaré : “Il faut parvenir à un règlement politique juste, durable et convenu entre les deux parties (Sahara occidental et Maroc) garantissant au peuple du Sahara occidental le droit à l’autodétermination, et ce, avec l’appui des pays de la région, particulièrement les deux pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie.”
On l’aura remarqué, c’est encore une déclaration d’intention qui traduit bien que le Maroc reste fidèle à sa posture d’occupant. Prudent, Ross a qualifié ses rencontres avec Mohammed VI et ses ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur “d’utiles”. Sibyllin et diplomatique. Et pourtant, la situation a quelque peu évolué dans la région et sur la sphère internationale en ce qui concerne ce dossier. Au point qu’à Alger, juste avant de regagner la capitale marocaine, Ross a déclaré : “Le statu quo actuel était intenable.”
Dans la capitale algérienne, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, devait remettre les pendules à l’heure : “Nous regrettons le fait qu’il subsiste, à ce jour, un certain nombre de situations où ce principe fondamental se heurte à des obstacles et se trouve contrarié. C’est particulièrement le cas du Sahara occidental dont le processus de décolonisation connaît de graves entraves, en dépit des résolutions pertinentes des Nations unies qui consacrent le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.”
Dans la région, la question du terrorisme dans le Sahel est devenue préoccupante et prioritaire et, à l’ONU, la lassitude s’est dessinée quant au blocage ininterrompu du dossier sahraoui qui, n’est-il pas manqué d’être souligné dans la Maison du monde, demeure le dernier pays dans le monde à vivre sous le statut de colonie. Les prochains pourparlers entre le Maroc et le Front Polisario se tiendront normalement début novembre. Mais ce rendez-vous sera-t-il le bon ? C’est d’autant plus à voir que Ross n’a pas arrêté, tout au long de ses rencontres avec les représentants du peuple sahraoui et responsables de la Mauritanie, de l’Algérie et du Maroc, d’attirer l’attention des parties de la nécessité de dépasser la situation actuelle pour garantir les négociations, appelant à la responsabilité et à la confiance.
C’est un peu trop général dans un dossier qui est sur le pupitre des Nations unies depuis 1973 lorsque la Cour de justice internationale avait jugé que la colonie espagnole n’est pas une terre sans habitants et que ceux-ci y menaient un combat d’indépendance. Il ne fait pas de doute que ces appels et exhortations s’adressent à la partie marocaine dont la posture est loin d’atténuer la tension qui prévaut dans la région, tout comme elle entrave tout progrès dans les négociations, y compris, par ailleurs, le prochain. L’envoyé spécial de l’ONU a en outre indiqué que ses entretiens au Maroc ont concerné la situation politique dans toute la région et l’état qui y prévaut. Et en dépit des tergiversations marocaines, les responsables de la République arabe sahraouie démocratique ont fait preuve de compréhension jusqu’à accepter de faire retomber la pression en déclarant s’abstenir, en prévision du prochain round de négociations, d’actions pouvant aggraver la situation ou entraver les discussions. “Nous avons été satisfaits de la visite de Christopher Ross, et nous lui avons réitéré notre confiance et notre soutien à ses démarches visant l’application des résolutions de l’ONU sur le Sahara occidental”, a déclaré sobrement Mohamed Kheddad, chargé au sein du Polisario de l’organisation d’un référendum d’autodétermination.
Par : Djamel Bouatta
Liberté, 27/10/2010
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