L’Organisation des Nations unies est plus que jamais appelée à protéger les Sahraouis vivant en territoires occupés contre les abus de pouvoir de l’administration coloniale. La situation a atteint un tel degré que le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et secrétaire général du Front Polisario, M. Mohamed Abdelaziz, évoque carrément un «massacre».
Dans une lettre adressée au SG de l’ONU, M. Ban Ki-moon, le président sahraoui a indiqué que «la présence de différentes forces militaires et sécuritaires qui assiègent les camps constitue une grande préoccupation quant aux véritables intentions du gouvernement marocain», a indiqué samedi dernier l’Agence de presse sahraouie (SPS) relayée par l’Agence de presse algérienne (APS). «Ces forces rappellent les mêmes scènes ayant accompagné l’invasion militaire du Sahara occidental le 31 octobre 1975 et le génocide perpétré contre des citoyens sahraouis sans défense», a précisé le président Abdelaziz. «Depuis la dernière lettre que je vous ai adressée le 18 octobre, des développements ont été enregistrés et font craindre le pire concernant quelque 1 500 citoyens sahraouis installés depuis le début du mois dans des camps à l’est de la ville d’El Ayoun» occupée, a-t-il ajouté.
Le président sahraoui a mis en garde contre l’intensification de la présence militaire et sécuritaire marocaine dans la ville occupée d’El Ayoun et sa périphérie ainsi qu’autour du camp des Sahraouis à l’est de la ville. Il a appelé, dans ce contexte, le secrétaire général à «intervenir en urgence» et la communauté internationale «à assumer ses responsabilités». Le président Abdelaziz a réitéré son appel à la mise en place d’un mécanisme onusien pour la protection et la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental, ainsi qu’à l’acheminement sans plus tarder des aides à ces personnes en vue d’éviter «une catastrophe humanitaire imminente». La même source rapporte que plus de 40 citoyens sahraouis, voulant se joindre à un campement de leurs compatriotes exilés à El Ayoun occupée, ont été blessés suite à l’intervention musclée des forces de la gendarmerie marocaine.
Dans un communiqué repris par l’agence de presse sahraouie SPS, les citoyens sahraouis, qui apportaient de la nourriture et de l’eau à leurs compatriotes, «voulaient se rendre au campement en empruntant des chemins latéraux non pavés pour déjouer la vigilance des forces armées marocaines, dépêchées sur les lieux pour empêcher la venue de nouveaux manifestants», précise la même source. «Au moment de passer l’un des postes de contrôle installés à l’entrée du campement, les citoyens sahraouis ont été assaillis par les forces armées de la gendarmerie qui ont blessé plus de 40 personnes, dont des femmes, des enfants et des vieillards», a-t-on précisé.
Rappelons que plus de 14 000 Sahraouis étaient sortis, depuis plus de deux semaines, des villes occupées d’El Ayoun, Dakhla, Boujdour et Smara, et se sont installés dans des camps qu’ils ont baptisés «camps de l’indépendance» pour protester contre «la marginalisation et l’oppression» qu’ils endurent sous l’occupation marocaine. Très rapidement, les autorités marocaines ont dépêché sur les lieux des forces militaires et sécuritaires pour quadriller ces camps et réprimer toute tentative de manifestation.
Le Front Polisario appelle l’UE à annuler tous les accords de pêche avec le Maroc
Le Front Polisario a appelé l’Union européenne (UE) à «annuler» tous les accords de pêche conclus avec le Maroc et à procéder au «gel immédiat» du statut avancé accordé au Maroc. Le Front Polisario «appelle l’UE à annuler tous les accords de pêche conclus avec le Maroc, qui incluent les eaux territoriales du Sahara occidental», a indiqué hier l’agence de presse sahraouie (SPS), citant un communiqué rendu public samedi au terme d’une réunion extraordinaire du secrétariat national du Front Polisario, présidée par Mohamed Abdelaziz. Le secrétariat national a rappelé que l’arrivée dans des camps démunis à l’est d’El Ayoun occupée de dizaines de milliers de déplacés sahraouis pour «protester contre leurs mauvaises conditions économiques et sociales prouvent indéniablement que ces derniers ne jouissent pas de leurs richesses naturelles que les autorités d’occupation marocaines continuent de piller». Il a également appelé l’UE à «contribuer à une solution démocratique juste au conflit du Sahara occidental et à ne pas créer de nouvelles complications et des difficultés devant cette solution».
Par Ghada Hamrouche
La Tribune d’Algérie, 26/10/2010
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