Crise sociale, surendettement, islamisme, Sahara Occidental, le Makhzen vacille.
Dans ce sens, il a été remarqué que le fossé ne cesse de s’élargir entre le peuple marocain et son roi. Preuve en est, lors des différentes joutes politiques, le taux d’abstentionnisme, calculé à plus de 75%, démontre, on ne peut mieux, que les Marocains savent que la profusion des candidats n’est que la résultante des «projections» du prisme politique de la monarchie, détentrice du pouvoir absolu. Cet éveil populaire inquiète à plus haut point les autorités marocaines qui ont compris que leur peuple «a compris».
En effet, le peuple a compris que le Makhzen ne cesse de le berner et ne cherche guère à répondre à ses besoins les plus basiques pour mener une vie décente. Comme il a compris que tant qu’il est considéré comme un sujet, il ne lui sera jamais attribué le statut de citoyenneté. Mais que fait le roi Mohammed VI pour éteindre le brasier qui risque de consumer tout l’édifice marocain ? Au lieu de lancer des réformes à même de tirer son peuple de la paupérisation chronique dans laquelle il se débat, le Makhzen n’a pas trouvé mieux que d’externaliser ses problèmes en s’en prenant à l’Algérie dans une énième tentative de diversion.
Dans ce sillage, la seule fois où le tapis rouge est déroulé au Maroc, c’est pour accueillir certains responsables de partis algériens qui y vont pour déverser tout leur fiel sur l’Algérie. Une pratique qu’avaient encouragée les autorités marocaines avant de se rétracter, étant donné que cela ne faisait pas recette et que ces acteurs politiques étaient des piètres comédiens qui n’ont aucune crédibilité en Algérie. Voulant changer de fusil d’épaule, la dernière trouvaille marocaine qui a été servie consiste à détourner l’opinion publique sur l’amère réalité, et ce, en développant une politique de fuite en avant. En effet, les relais médiatiques et associatifs du Makhzen s’appliquent à indexer l’Algérie en lui endossant, à tort et sans avancer aucun argumentaire, les maux dans lesquels patauge le peuple marocain. C’est le cas du dissident sahraoui Mustapha Selma Ould Sidi Mouloud qui a été exploité par les services marocains pour détourner les opinions nationale et internationale sur les graves atteintes aux droits de l’Homme commises au Maroc et dans les territoires occupés sahraouis dans l’optique d’essayer d’atténuer la tension, sans cesse pesante, issue de leurs différents échecs sur le double plan national et international. Pour ce faire, le Maroc veut faire diversion en essayant vaille que vaille d’impliquer l’Algérie dans des conflits qui ne la concernent ni de près ni de loin.
A cet effet, alors que le dissident sahraoui Mustapha Selma Ould Sidi Mouloud a été libéré par le Polisario, le 6 octobre, le Maroc veut faire croire à l’opinion marocaine que ce dernier est toujours prisonnier en Algérie. Une information relayée par ses suppôts médiatiques et du monde associatif, alors que l’Algérie n’a jamais été partie prenante de cette affaire. Pis encore, comme le ridicule ne tue pas, les services du Makhzen ont organisé un sit-in devant l’ambassade d’Algérie à Madrid, le 10 octobre, pour revendiquer la levée du blocus sur les populations sahraouies qui ont élu domicile dans les camps de réfugiés à Tindouf et la sécurité à Mustapha Selma Ould Sidi Mouloud. Faisant de ce renégat de la cause sahraouie un fonds de commerce, une caravane de solidarité appelant à sa libération a été initiée par l’Instance nationale de protection des biens publics au Maroc, présidée par Mohamed Tarek Sabaï. Autre fait qui démontre l’acharnement dont fait preuve le Maroc pour impliquer l’Algérie dans ses déboires est l’histoire montée de toutes pièces concernant la visite en Algérie qu’a effectuée dernièrement une ressortissant marocain, en l’occurrence Badreddine Mohamed El-Bachir. En effet, ce dernier, qui a été envoyé par les services marocains, est membre de l’Association marocaine pour l’intégrité territoriale de Tan Tan. Lors de son séjour, il a eu à rencontrer des responsables de plusieurs partis et organisations de droits de l’Homme, entre autres, le FFS, le PT, le RCD, la LADDH et la CNCPPDH. Toutefois, dans les supports médiatiques marocains, il a été rapporté que Badreddine Mohamed El-Bachir a été appréhendé à Alger, le 12 octobre, et a été victime de toutes les formes de tortures physique et psychologique pendant six heures avant d’être libéré. Ce n’est, en vérité, qu’un tissu de mensonges, dans la mesure où cette personne est entrée et sortie de l’Algérie sans subir la moindre pression. Néanmoins, le Makhzen semble être fâché du fait que son envoyé, qui s’est drapé de la couverture de la société civile, ne soit pas inquiété lors de sa présence en Algérie. N’empêche, il s’obstine dans sa logique mensongère, en s’égosillant à chaque occasion qu’il provoque, à faire croire que Badreddine Mohamed El-Bachir a subi des sévices corporels en Algérie. D’ailleurs, lors de l’escale à Smara, le 15 octobre, la caravane de solidarité a dénoncé le traitement qu’il a subi tout en exigeant la libération de… Mustapha Selma Ould Sidi Mouloud. En somme, acculé de toutes parts, le régime marocain, en pénurie d’arguments pour justifier l’échec d’une politique qui a plongé son pays dans un état de pauvreté extrême, ne pouvait que délirer. A moins que les effets hallucinogènes d’un certain produit qu’il prise lui font dire de telles inepties.
Mohamed-Cherif Drifi
La Nouvelle République, 25-10-2010
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