Les «ONG «version Makhzen

Un collectif de seize «ONG» marocaines ont adressé une lettre ouverte à Abdelaziz Bouteflika, dans laquelle elles lui demandent de les autoriser à visiter la famille d’un Sahraoui, rallié aux thèses du Makhzen et «enlevé par les milices du Polisario le 21 septembre dernier à son arrivée dans les camps de Tindouf». Dans le tas, il y a même une «association de blogueurs» et un «Cercle des Jeunes démocrates marocains» aux côtés d’une procession de sigles droitdel’hommistes, pour la plupart invisibles sur la scène où se pratiquent, au quotidien, les dénis de droits, la répression et l’oppression de tout ce qui bouge au royaume des alaouites.

Pour vérifier leur habilitation, dans le domaine, on devrait interroger les victimes des exactions de la police et de l’armée de Mohammed VI. Il faut qu’il nous soit permis de rendre visite aux nombreux militants d’Agadir et de Ksar el-Kebir qui ont été condamnés à des peines de prison de plusieurs années sous le prétexte d’avoir «porté atteinte aux valeurs sacrées du royaume». Il faudrait qu’on puisse aussi s’enquérir de l’opinion de ceux de Beni-Mellal, ces quatre militants qui ont été condamnés à des peines de prison allant de deux mois à un an ferme, pour avoir participé à un sit-in de solidarité avec les détenus des deux villes citées plus haut. On se rendra ensuite auprès des associations pour les droits de l’homme et des syndicats, qui ont appelé à une journée de solidarité autour de la même affaire et dont la manifestation a été interdite à Casablanca et sauvagement réprimée dans plusieurs villes, comme à Rabat. 

Il sera utile, encore, d’écouter les membres de l’Association marocaine des droits humains (AMDH) dont plusieurs membres et dirigeants se sont retrouvés à l’hôpital. Mais on sait, déjà, qu’aucune des 16 «ONG» ne s’est manifestée nulle part où des marocains souffrent ou ont souffert. Les victimes de la violente intervention des forces de répression contre le sit-in organisé le jeudi 25 février 2010 par 850 mineurs licenciés abusivement par l’Office chérifien du phosphate (OCP, le premier groupe économique marocain (organisme public), n’ont pas vu l’ombre de l’une d’entre elles. Pas plus que les militants de l’AMDH, les militants d’Annahj Addimocrati, qui ont été arrêtés alors qu’ils exerçaient leur rôle de défenseurs des droits humains lorsque la tribu Igli, de la région Missour (Maroc oriental), a été illégalement spoliée de ses terres collectives. 
Les habitants avaient décidé d’organiser un sit-in de protestation. Le jeudi 10 juin 2010, les sbires du Makhzen ont donné l’assaut contre, principalement des femmes, faisant des dizaines de blessés. Pas plus que les autres victimes du règne de Mohammed VI, les habitants de Sidi Ifni n’ont pas vu ces 16 «ONG», sauf une, l’organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH), qui est venue écouter les chefs des forces d’intervention. C’était à la suite d’événements qui se sont produits dans la nuit du 6 au 7 juin 2008, où plus de 4 000 hommes de différents corps de répression bloquent les issues de la ville, dispersent violemment le piquet de blocage du port, investissent la ville, par air, par terre et par mer, puis pénètrent dans les maisons des quartiers populaires, cassant les portes et le mobilier, terrorisant les familles réveillées en sursaut, arrêtant qui s’y trouve, violentant et terrorisant les femmes. Plusieurs témoins ont fait état de morts. 
Autant d’occasions ratées de gagner des galons dans la militance, pour ceux qui veulent, pitoyablement, accréditer la thèse qu’ils se soucient d’un Sahraoui. Un détail les enfonce, ils écrivent à Bouteflika au lieu de s’adresser au Polisario. La manœuvre est claire, l’objectif étant de crier au refus d’accès aux camps de réfugiés. L’AMDH et d’autres ne faisant pas partie des seize, pourront nous éclairer sur leur absence de l’initiative sur Tindouf (où setrouvent les réfugiés du Sahara Occidental, ndds),  même si nous savons que le sigle ONG se prouve justement par des actions non gouvernementales, comme elles s’y attellent.
Par Mohamed Habili
Le jour d’Algérie, 25/10/2010 

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