Tournée de Christopher Ross au Maghreb : Quelle chance pour la paix ?

La tournée de l’envoyé spécial de Ban Ki-moon dans la région du Maghreb constitue une énième tentative dans la perspective d’aplanir les obstacles et de rapprocher les positions des deux parties en conflit, en l’occurrence le Front Polisario et le royaume du Maroc. Après Alger, Christopher Ross s’est rendu hier dans les camps de réfugiés de Tindouf pour rencontrer Mohamed Abdelaziz avant de se rendre en Mauritanie et d’achever sa tournée par le Maroc. 

Les chances de réussite de cette virée semblent minimes au regard des développements survenus ces derniers mois. Du côté marocain, la perspective d’un changement de position ayant trait à sa proposition d’autonomie sont quasiment nulles, lui qui semble bénéficier du soutien de plus en plus fort de la part de son allié traditionnel la France ainsi que celui du principal responsable du conflit, l’Espagne. Quant au Front Polisario, ses responsables affirment qu’ils n’ont plus rien à céder hormis le fait de se «renier» et accepter la «capitulation». Chose qu’ils ne feront «jamais». 

L’envoyé personnel du SG des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Ross, a qualifié le statu quo qui perdure d’«intenable à long terme étant donné les coûts et les dangers qu’il entraîne». Un sentiment largement partagé par la communauté internationale mais aussi par les Sahraouis qui constatent que la tension monte de plus en plus dans les camps de réfugiés. En effet, la base populaire du Polisario et même les militaires postés au Sahara occidental ne veulent plus attendre et adressent même des reproches à leur direction quant aux tergiversations et cette confiance «excessive» en l’ONU chargée de résoudre ce conflit vieux de 35 ans dont 19 ans de cessez-le-feu.

Car il faut le dire d’une manière: la majorité des Sahraouis veulent reprendre la guerre contre le Maroc et sont las d’attendre la mise en place d’un référendum d’autodétermination enterré depuis des années. Ce profond mécontentement est partagé dans l’autre partie du Sahara sous contrôle marocain car, depuis quelques jours, des milliers de Sahraouis ont pris la décision de sortir des villes et d’organiser des campements comme forme de «protestation et de résistance face à la terreur, au désintérêt, au manque de travail et de logements de la part des autorités d’occupation». Ces campements sont formés dans la périphérie d’El Ayoun, Smara, Boujdour et Dakhla. Le plus grand est celui d’El Ayoun qui a reçu plus de 12 000 personnes, et les Sahraouis continuent à sortir.

Mohamed Abdelaziz en appelle au gouvernement marocain pour «ne pas rater» l’opportunité de la paix qu’offre actuellement la tournée de Christopher Ross dans la région, à travers des négociations devant permettre de régler pacifiquement le conflit. Il a émis le vœu que cette visite de Ross puisse contribuer à «faire pression sur le Maroc pour assouplir sa position». Chose difficile à admettre dans les circonstances actuelles même si Ban Ki-moon, a réitéré devant le Conseil de l’Europe à Strasbourg la détermination de l’organisation qu’il préside à continuer ses efforts de médiation en vue de trouver une solution négociée au conflit et espère convoquer les deux parties à une réunion en novembre prochain.
Sahara occidental, 
de notre envoyé spécial 
Yassine Mohellebi

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