Il était une fois la ligne Bar Leiv…

On préfère habiller cette formidable action d’une djellaba aux couleurs strictement sociales malgré sa simultanéité, sa superbe synchronisation et une discrétion qui a quand même pris de court la famille des taupes royales de la région.

Lorsqu’on aborde la question du Sahara occidental dans le pays du dernier des commandeurs des croyants, on le fait de deux manières : on dénie carrément les droits du peuple sahraoui, sinon on minimise la portée de ses actes et intentions. Il en est ainsi de l’exode massif des populations sahraouies des villes occupées. Alors qu’on assiste à un geste unique au monde, où l’on voit plus de 12 000 personnes quitter dans le même temps la vie citadine avec ses conforts pour se regrouper dans des terrains vagues loin des villes de leur résidence, sans eau, sans nourriture, sans électricité, sans gaz et même sans médicaments. Des camps de fortune assiégés par les forces d’occupation marocaines qui en interdisent l’approvisionnement. 

Dans ce triste décor, l’inestimable MAP nous parle d’un négligeable «dressement de tentes de la part d’un groupe de citoyens» pour juste d’insignifiantes «revendications sociales», que le makhzen comptait d’ailleurs traiter. On préfère habiller cette formidable action d’une djellaba aux couleurs strictement sociales malgré sa simultanéité, sa superbe synchronisation et une discrétion qui a quand même pris de court la famille des taupes royales de la région. La MAP fait comme si Ban Ki-moon, Christopher Ross et tous les autres «Amis du Sahara occidental» étaient nés de la dernière pluie. 

Mais il y a plus grave. Des voix s’élèvent pour semer le doute sur les risques d’une reprise des hostilités au cas où l’«intenable» statu quo l’emporterait sur les efforts onusiens visant à la décolonisation du Sahara occidental. Les avertissements d’un Polisario poussé de manière irresponsable, sans le moindre scrupule, vers la guerre, sont presque tournés en dérision par la propagande marocaine qui dit et répète à celui qui veut l’entendre que le Polisario est incapable de reprendre la guerre. Une situation qui nous rappelle les moqueries sionistes face aux mises en garde égyptiennes avant que Bar Leiv ne saute en 1973. A travers sa presse, Rabat veut pousser, M. Ross à conclure comme son prédécesseur, que le référendum d’autodétermination et l’indépendance étaient des options à écarter, oubliant que si le diplomate américain est là, c’est que justement il y croit et qu’il n y dérogera pas. Comme d’ailleurs à tous les principes onusiens.
M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
Le Midi Libre, 20/10/2010

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