Christopher Ross, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara Occidental est arrivé, hier à Alger, première étape d’un nouveau périple dans la région visant à préparer les conditions d’un nouveau round de négociations entre le Front Polisario et le Maroc. Christopher Ross, reçu par le président Bouteflika a eu des entretiens avec le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel.
Christopher Ross mène des consultations avec les parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc, et les États voisins, l’Algérie et la Mauritanie en prévision de la prochaine série de réunions informelles prévues en novembre à New York. C’est la quatrième tournée régionale de Christopher Ross depuis sa prise de fonction en janvier 2009. Le dernier round des négociations directes entre les deux parties en février 2010 dernier après une réunion informelle de deux jours près de New York, n’a pas donné de résultats tangibles en raison de l’obstruction du Maroc qui ne veut discuter que de sa « solution » d’autonomie. Les trois premières sessions, tenues auparavant à Manhasset, près de New York, et Vienne, n’avaient pas permis un rapprochement des positions c’est pourquoi on ne s’attend guère à une réelle avancée lors de la prochaine rencontre.
Hasard du calendrier ou nouvelle manoeuvre de Rabat, le périple de Ross coïncide avec la visite du SG de l’ONU Ban Ki-moon, à Marrakech pour assister à la troisième édition de la World Policy Conférence (WPC), consacrée à la “Gouvernance mondiale ”et organisée – est-ce encore un hasard ? – par l’Institut français des relations internationales (Ifri) dont les positions antisahraouies sont notoires.
Le Maroc, et l’Espagne en coulisses puisque le MAE espagnol est présent à ce Forum, qui ne fait rien au hasard et qui affectionne la diplomatie -spectacle à défaut d’engagement sérieux comme le lui recommande les résolutions de l’ONU, veut il faire croire que sa proposition irrecevable d’autonomie est une forme de bonne gouvernance, tournant le dos au droit consacré du peuple sahraoui à l’autodétermination ? Veut-il faire croire que le SG de l’ONU est favorable à sa démarche au moment où il laisse entendre que pour lui, il n’est pas question d’abandonner sa position et, qu’au contraire, l’arrivée simultanée de ces hôtes ne signifie pas moins qu’un appui à ses prétentions et faits accomplis au Sahara Occidental.
Dans cette mise en scène a été associée l’Espagne de Zapatero qui prétend que la volonté des Sahraouis peut s’exprimer autrement qu’à travers le référendum d’autodétermination). L’ONU, de fait, ne peut pas éternellement se déjouer de ses responsabilités dans la question du Sahara occidental, un territoire qui relève encore de son comité de décolonisation et qui vient de réaffirmer à l’unanimité le droit des Sahraouis à l’exercice de leur autodétermination. À moins de ne se décrédibiliser entièrement, comme elle l’est dans le dossier de la Palestine où Israël fait comme bon lui semble en toute impunité.
L’enjeu de la mission de Ross est à ce niveau. La politique de tergiversations et de fuites en avant a des limites, et les Sahraouis menacent de reprendre la guerre après avoir procédé à toutes les concessions qui n’aliènent leur droit souverain à l’autodétermination. De toutes les façons, Ban Ki-moon est lui aussi dos au mur. Il doit se ressaisir, d’autant plus que dans son dernier rapport sur la question sahraouie, il avait exprimé du bout des lèvres son pessimisme! En exhortant les parties en conflit à élaborer des positions “plus créatives”, n’avait-il pas pris le contrecourant des principes de l’organisation dont le mandat lui a été confié. Le Front Polisario a toujours montré sa prédisposition à s’inscrire de bonne foi dans un processus sérieux de négociation pour mettre fin à ce conflit.
La position de l’Algérie a constamment reposé sur les principes de l’ONU mais le Maroc ne veut qu’une négociation de confirmation de son occupation du Sahara Occidental. La tournée de Ross mettra en relief la position marocaine , dévoilera son jeu appuyé ouvertement par Paris et Madrid, alors que la résolution de la quatrième commission de l’Assemblée générale de l’ONU, adoptée le 11 octobre et réitérant l’appui des Nations unies au processus de négociations sur le Sahara, “appelant de nouveau toutes les parties et les États de la région à coopérer pleinement avec le secrétaire général et son envoyé personnel, et les uns avec les autres”, pour atteindre “une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permettra l’autodétermination du peuple Sahraoui”.
Le ministre des AE sahraoui, Mohamed Salem Ould Salek, s’était félicité de cette résolution, soulignant que durant une semaine, les membres des Nations unies, individuellement ou collectivement, ont multiplié les appels pour l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ainsi que pour l’organisation du référendum dans les plus brefs délais en vue de mettre fin à l’occupation illégale de (notre) pays par le Maroc. Plusieurs pays ont aussi tenu à dénoncer les violations systématiques des droits de l’Homme par l’occupant marocain ainsi que le pillage des ressources naturelles du Sahara Occidental, a encore déclaré le ministre sahraoui.
Mokhtar B
Le Courrier d’Algérie, 18/10/2010
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