Près de 7.000 Sahraouis ont ainsi quitté l’enfer d’El Ayoune pour s’installer dans des campements de fortune à 18 km à l’est de la ville, en signe de protestation contre les conditions socio-économiques précaires dans lesquelles ils vivent et contre l’occupation coloniale. L’intifaddha pacifique qui a gagné les villes importantes comme Smara et Boudjdour, a créé un mouvement de panique dans les rangs de l’occupant.
La réaction des autorités marocaines ne s’est pas fait attendre puisqu’elles ont dépêché, en plus de l’inspecteur général des forces armées marocaines, Abdelaziz Benani, du patron de la gendarmerie, Hosni Benslimane et de hauts gradés de l’armée, des unités des forces armées royales, de la gendarmerie et des forces auxiliaires qui ont procédé à l’encerclement desdites populations par des fils barbelés et en leur refusant tout approvisionnement en eau, nourriture et médicaments, précise une source diplomatique sahraouie. Fidèle à ses traditions répressives, le Maroc a organisé des descendes punitives procédant à des arrestations massives et aux multiples violations des droits de l’Homme. Selon cette source, des témoignages font état d’une « pratique généralisée de la torture ». La question des droits de l’homme dans les territoires occupés a fait le tour du monde, à la faveur du combat de la dignité de la Gandhi sahraouie.
Dans cette autre Ghaza ignorée par les apôtres des droits de l’Homme, la dégradation continue de la situation fait craindre le pire pour la population civile et les humanitaires sahraouis livrés pieds et poings liés à la barbarie coloniale.
La sonnette d’alarme a été tirée par le Front Polisario appelant à un « engagement réel » de la communautaire internationale interpellée notamment sur la question de « la protection des populations civiles en temps de guerre ».
Un appel a été lancé en ce sens par la direction de la Rasd au HCR et au Haut commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme « pour mettre en application, sans délai, la quatrième Convention de Genève de 1949 ». Sera-t-il suivi d’effet ? A la veille de la visite de l’émissaire onusien, Christopher Ross, dans la région, le cri de détresse des populations sahraouies se fait entendre à travers l’intifadha pacifique.
Après deux décennies de promesses de paix déçues, l’impasse voulue, à force de reniement des engagements internationaux dûment contractés et d’intransigeance érigée en ligne de conduite politique, a sapé les fondements et la crédibilité d’un processus menacé d’enlisement.
Plus que jamais, la longue et vaine attente sahraouie a généré un pessimisme qui gagne en intensité toutes les couches notamment juvéniles de la population laminées par la vie inhumaine des camps de réfugiés et l’absence de perspective de règlement juste et définitive de la question sahraouie. A quand la fin du cauchemar et de l’injustice coloniale qui frappe la dernière colonie africaine ?
L. Chaabouni
Horizons, 16/10/2010
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