La réunion du Groupe d’action antiterroriste des pays du G8 (CTAG) en conclave depuis mercredi à Bamako a pris fin sans qu’aucune indication n’ait été donnée sur les moyens de renforcer la lutte dans le Sahel contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) que cette rencontre était supposée prendre . Des experts des représentants du G8 (États-Unis, Russie, Japon, Canada, Grande- Bretagne, Italie et l’Allemagne, ainsi que de l’Union européenne, la Suisse, l’Espagne, l’Australie et la France dont cinq ressortissants sont encore entre les mains de Aqmi et plusieurs pays de la région, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Sénégal, Nigeria notamment ont été invités à participer à cette rencontre, dont l’Algérie qui n’a pas répondu favorablement à l’invitation.
Le Maroc qui cherche par tous les moyens à s’incruster dans les réunion consacrées à la lutte antiterroriste au sahel a réussi à se faire inviter pour contrer l’action de l’Algérie et surtout faire en sorte que notre pays ne joue un rôle de leader en la matière. Comme par hasard et au moment même où se tenait la réunion de Bamako, les services de sécurité marocains annonçaient, à grand renfort de publicité, le démantèlement d’un vaste réseau international de trafic de drogue qui aurait des connexions avec Aqmi. Or nul n’ignore que le royaume chérifien, qui lui même est un des plus gros pays producteur de drogue est une plaque tournante du trafic international en direction de l’Europe, selon l’observatoire international de lutte contre la drogue. Dès lors on comprend mieux l’urgence de la convocation de la réunion de Bamako, à l’initiative du Canada certes qui préside actuellement le G8, mais qui a été fortement encouragée en sous-main par Paris qui prendra le relais du G8 en novembre prochain.
Ainsi la coalition franco-marocaine croit réussir à isoler l’Algérie, faire diversion sur le dossier brûlant du Sahara Occidental au moment où les Sahraouis de l’intérieur se révoltent par milliers et probablement préparer une intervention militaire contre Aqmi, une fois les otages français libérés contre paiement de rançons. Pour ce qui est de notre pays qui a refusé de répondre à cette rencontre alibi, il est fermement opposé à toute ingérence étrangère dans la région qui ne visait en réalité , qu’à perpétuer l’exploitation des ressources minières dans la région et empêcher par tous les moyens que la Chine y prenne pieds .
En outre la position ambiguë de certains pays du sahel directement concernées par la lutte antiterroriste et qui jouent clairement un double jeu, est dictée par la volonté de plaire à Paris mais surtout de se maintenir coûte que coûte au pouvoir. La révolution de palais qui vient de se dérouler à Niamey n’en est-elle pas une preuve évidente ? La rencontre de Bamako qui intervient aussi à un moment bien particulier relativement au problème du Sahara Occidental, et la participation du Maroc en ce moment précis, renseigne à plus d’un titre, sur les véritables intentions de ceux qui veulent faire taire la lutte du peuple sahraoui et l’isoler de son principal soutien l’Algérie.
La réunion du sous-comité du G8 à Bamako ne peut en rien entraver les décisions de celles tenues à Tamanrasset et Alger. Alger avait développé les mécanismes d’une stratégie basée sur le renseignement devant permettre d’intervenir efficacement sur le plan militaire. En outre et à l’initiative du président Bouteflika un Sommet de l’ensemble des États sahéliens devrait se tenir à Alger fin octobre pour resserrer les rangs et avaliser les décisions militaires prises à Tamanrasset.
M. B.
Le Courrier d’Algérie, 17/10/2010
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