La position de lAlgérie confortée par lONU

Le Conseil des droits de lHomme des Nations unies vient de conforter lAlgérie dans sa position incriminant le paiement de rançons pour la libération des otages détenus par les groupes terroristes.

Le Conseil des droits de lHomme des Nations unies a adopté, lors de sa 15e session tenue à Genève, une décision, initiée par lAlgérie, pour organiser, lors de sa prochaine session, prévue en mars 2011, un panel de discussions sur la thématique des droits de lHomme et des questions liées à la prise dotages par les terroristes, a indique jeudi dernier le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué qui souligne que « cette adoption consensuelle a été ressentie par lensemble des membres du Conseil des droits de lHomme comme une avancée conceptuelle au niveau des principaux organes onusiens des droits de lHomme ». Linitiative lancée par le président de la République commence à donner ses fruits. Ainsi, septembre dernier, le chef de lEtat, Abdelaziz Bouteflika, avait plaidé devant lAssemblée générale de lONU pour «linterdiction absolue de paiement de rançons aux preneurs dotages qui a atteint, au cours des dernières années, des proportions inquiétantes». Selon lui, «le produit de ces rançons sest révélé être, désormais, la principale source de financement du terrorisme». Et seule une résolution du Conseil de sécurité est à même de réduire les capacités de nuisance des groupes terroristes. Auparavant, le sommet de lUnion africaine, tenu en juillet 2009 à syrte (Libye), avait adopté une résolution pour le lancement dun appel au Conseil de sécurité de lONU pour adopter une résolution contraignante contre le paiement de rançons aux groupes terroristes preneurs dotages. Il faut rappeler que certains pays occidentaux, Espagne, France, Canada, dont les ressortissants ont été pris en otage et menacés dexécution, ont dû recourir à ce procédé pour obtenir leur liberté. Les groupes terroristes ont trouvé, par ce procédé de chantage, une source importante de leur financement. Le chef de lEtat algérien y a opposé la plus grande fermeté. «Le produit de ces rançons sest révélé être, désormais, la principale source de financement du terrorisme», avait-il déclaré en septembre 2009, ne manquant pas de critiquer les Etats qui cèdent aux revendications, rançons et libérations des activistes islamistes, des groupes terroristes. Le tarif est cher : la libération dun otage avoisine les 5 millions deuros. Des revenus qui alimente le terrorisme. 

Ainsi, Aqmi a récolté 150 millions deuros de largent des rançons. Le commerce des otages est devenu un commerce juteux pour les terroristes dans la sous-région du Sahel. Intervenant dans le cadre de la deuxième revue par lONU de la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme tenue du 7 au 9 septembre à New York, le conseiller du président de la République, Rezag Bara avait affirmé que « le phénomène de prises dotages par les groupes terroristes suivi de demandes de rançons et délargissement de terroristes détenus en contrepartie de la libération dotages a pris une telle ampleur quil compromet la stabilité de ces régions et la sécurité internationale ». « Lefficacité des mesures prises, jusquà présent, pour lutter contre le financement du terrorisme international, a contraint les groupes terroristes et à leur tête Al-Qaïda, à recourir à des voies alternatives parmi lesquelles figurent, notamment la contrebande, le trafic de drogue et darmes mais aussi et surtout, les enlèvements contre paiement de rançons », a-t-il déclaré regrettant, cependant, quen cédant au chantage, les Etats qui ont versé des rançons ne font quencourager les groupes terroristes à persévérer dans leurs activités criminelles. « Certains de ces pays semblent, en tout cas, obéir à la seule sécurité de leurs ressortissants, tout en sachant lusage que fait le terrorisme des rançons récoltées pour le financement de ses activités criminelles, notamment en termes dacquisition darmements, de capacité de recrutement et de moyens logistiques sophistiqués », a-t-il déploré, soulignant que « les évènements récents ont montré, à juste titre dailleurs, quen labsence dune norme juridique contraignante, la pratique de la prise dotages devient encore plus complexe lorsquelle est suivie par lexigence de paiement de fortes rançons jumelée à lélargissement de terroristes détenus ». Il a ainsi interpellé la communauté internationale à ne pas rester indifférente, et ce, par le renforcement de lensemble des mesures prises par les résolutions 1373, 1267 et 1904 du Conseil de sécurité des nations. De même quil a relevé aussi les insuffisances de la résolution 1904 de décembre 2009 du Conseil de sécurité « qui nappelle pas de manière express à incriminer le versement de rançons aux terroristes ». Ce qui a encouragé, selon lui, les groupes terroristes à poursuivre les opérations de kidnappings. Cest à cette condition, a-t-il déclaré, « que la lutte contre le terrorisme transnational pourra sorganiser et aboutir à des résultats et donner un contenu concret à la lutte mondiale contre ce fléau, telle que définie dans la stratégie antiterroriste mondiale des Nations unies».
Par : Sadek Belhocine
Le Midi Libre, 16/10/2010

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