Un constat que seuls nos amis nihilistes peuvent contester : la femme marocaine est désormais l’égale de l’homme (même qu’elle l’est un peu trop, selon certains). Bien entendu, cette égalité est loin du concept occidental de l’émancipation de la femme, qui a conduit, comme chacun peut le constater, à la décadence dont nos voisins occidentaux souffrent actuellement.
Voici donc que la marocaine fait des études et accède sans entraves au marché du travail. Seulement, nos traditions sacrées imposent les corvées ménagères aux dames, que Dieu a naturellement destiné à ces nobles tâches. D’où l’utilité des petites bonnes : souvent mineurs, pauvres, analphabètes, inconscientes de leurs droits, elles représentent une main d’oeuvre très abordable et extrêmement docile.
Prenons l’exemple de Kharya Kaaya, jeune ingénieur chez P&G, mariée bien entendu puisqu’elle est mère du charmant Souhail, 7ans. Kharya a un emploi du temps assez chargé : Repas, linge, repassage, vaisselle, aspirateur, en plus des courses et des tâches exceptionnelles lorsque le couple reçoit. Sans oublier que chaque soir, elle doit aider son fils à faire ses devoirs, avant de s’allonger sur le lit conjugal pour faire les siens.
Mais sa vie a changé depuis qu’elle a fait appel aux services d’un intermédiaire, le samsar Chmata, pour se procurer une petite bonne. Après avoir lui avoir exposé les différents modèles disponibles sur le marché, le choix de Kharya s’est porté sur la petite Warda pour les qualités dont voici la liste non exhaustive :
- Warda est très maigre. En d’autres termes, Warda n’est pas gourmande. Elle va donc certainement grossir, chose que l’on va développer plus bas
- Warda est très discrète. Elle n’importune pas le champs visuel de ses maîtres par sa misérable existence.
Arrêtons-nous un moment pour prendre conscience de l’impolitesse intrinsèque de la misère. Franchement, dépenser des sommes importantes afin de décorer et embellir les centre-villes, pour se retrouver en fin de compte avec une horde de miséreux crasseux au regard bêtement béa se pavanant munis de leurs ridicules conjointes habillées en jean’s déjà old fashioned en 1987 ou en djellaba couleur jaune m’as-tu-vu, on n’en a marre !
De même, dépenser des centaines de milliers de dirhams en mobilier et en décoration de sa villa, et devoir subir la pauvreté grossière d’une petite bonne, c’est une chose qu’un esprit sain ne peut le tolérer.
Revenons-en à notre marchandise, susnommée Warda.
- Warda, ou plutôt ses parents, sont très pauvres et habitent très loin. Pour les amateurs, cela signifie que les géniteurs ne viendront pas perturber la quiétude du couple avec leurs visites (et le lot d’odeurs de pauvreté que cela impose à leurs nez).
- Mais surtout, Warda est analphabète, on verra en quoi c’est intéressant.
Donc tandis que Kharya et son mari H’marran mettent en exergue le postulat le Maroc Bouge en allant prendre un café à 6.8 SMIC en passant par un bidon-ville et en ignorant le gamin de 4ans qui fait la manche, la petite Warda fait la vaisselle avant de manger les restes du repas du couple avant de couper les oignons avant de passer la serpillière avant de laver les caleçons de Monsieur avant d’étendre le linge tout en s’occupant du petit Souhail à peine plus jeune qu’elle.
Plus tard, Warda servira d’urinoir séminal à notre petit Souhail. Comme à beaucoup d’entre vous d’ailleurs, n’est ce pas ? ^^
Mais qu’en pensent ses bienfaiteurs Kharya et H’marran ?
“ Je crois que Warda a eu beaucoup de chance de tomber sur des gens bien, comme nous. Nous lui offrons des conditions de vie dont elle n’aurait jamais pu rêver. Tu sais que quand elle est arrivée, elle n’avait jamais mangé de crevettes ? Sans parler des jouets … Nous lui laissons l’après midi du dimanche entre 17h et 19h, quand on va acheter une glace à Souhail, pour s’amuser avec sa poupée. Tiens, en parlant de ça, j’ai déboursé 100dh sur ce jouet, oui monsieur, et je ne vais même pas le crier sur tout les toits … Il faut que tu saches que je fais tout cela pour Allah, parce que j’ai pitié de la petite.” a déclaré H’marran.
Son épouse d’ailleurs le rejoint dans son analyse et ajoute :
“ Si elle ne se montre pas ingrate, je compte la garder encore quelques années, et je vais la marier à un homme bien. D’ailleurs, tu sais, je la prépare déjà à cela : je lui acheté un produit qui fortifie les cheveux. Tu connais les bouzeux, ils concentrent toute la beauté de la femme dans ses cheveux. En plus ça ne coûte pas cher. Je compte bien sauver cette petite fille.”
Mais ce que Kharya n’a pas dit au micro de CJDM-tv, c’est l’aspect un peu bourgeois mais pas trop, un peu altruiste mais pas trop, un peu de gauche mais pas trop, un peu con et d’ailleurs un peu trop, que procure la possession de cet accessoire humain. Par exemple, Kharya affiche un beau sourire quand sa copine Hamda lui fait remarquer :
C’est la même bonne que la dernière fois ? Warda c’est bien ça ? Elle a grossi, tbakallah 3lik tu prends bien soin d’elle. Franchement je vais m’en procurer une moi aussi, mais je ne risque pas de la traiter aussi bien, tu sais, je n’ai pas ta patience Kharya.
Chic, n’est ce pas ?
Source : CJDM, 11/10/2010
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