Le mouvement berbère visé par Israël

Juifs et Berbères du Maroc, une mémoire à retrouver une émission de Jean Corcos sur Judaïques FM

Jean Corcos au micro depuis le studio de Judaïques FM recevait Kamal Hachkar et Arrik Delouya le 29 Aout 2010

Bonjour amis auditeurs,
Jean Corcos au micro pour ce direct depuis le studio de Judaïques FM.

Ravi de vous retrouver, après je l’espère des vacances bien reposantes pour la majorité d’entre vous, loin du stress des actualités. Pour cette émission de reprise, j’ai choisi un numéro qui apporte vraiment une bouffée d’optimisme, et qui nous fera voyager un petit peu puisqu’un de nos invités est à Jérusalem au bout du téléphone, bonjour Kamal Hachkar. Alors Kamal vous êtes un jeune franco-marocain de 33 ans, chercheur et professeur d’histoire. Nous-nous sommes connus à l’occasion d’une journée organisée par l’association « Shalom-Paix-Salam », et on peut vraiment dire que l’amitié entre Juifs et Musulmans vous tient à cœur puisque vous êtes cet été en Israël pour vous perfectionner en hébreu, et ce n’est d’ailleurs pas votre premier voyage là-bas. Nous parlerons de votre projet de film sur le Mellah disparu de Tinghir, ce village berbère du Sud Marocain qui est aussi le berceau de votre famille.

A mes côtés, Arrik Delouya, bonjour Arrik. Arrik, nous-nous sommes connus à la « Commission pour les relations avec les Musulmans » du CRIF, commission que j’ai l’honneur de présider depuis maintenant un an. Tu es le président d’une association culturelle, « Permanences du Judaïsme marocain », que tu nous présenteras tout à l’heure. Disons simplement en introduction que tu es un chercheur franco-israélien, travaillant infatigablement à préserver le patrimoine 2 fois millénaire de cette communauté aujourd’hui dispersée, et qui était jadis forte de centaines de milliers de personnes ; alors des chercheurs et historiens de plusieurs pays contribuent à vos travaux, mais tu as surtout obtenu la coopération d’intellectuels marocains, berbères comme notre ami Kamal : ce sera donc notre sujet d’aujourd’hui, « Juifs et Berbères du Maroc, une mémoire brisée, en éveil et retrouvée ».

Première série de questions à l’attention de Kamal Hachkar, avant d’aborder la thématique de votre film et le fond de l’interview : ce n’est pas commun pour un Musulman, même français, de choisir Israël comme destination. Pourquoi ces voyages successifs ? Dans quel cadre se fait cet apprentissage de l’hébreu ? Et est-ce que vous vous sentez à l’aise, en parcourant le pays comme vous le faites ?
Arrik Delouya, peux-tu présenter en quelques minutes l’Association « Permanences du Judaïsme Marocain » : combien avez-vous de membres, en France, en Europe, au Maroc, au Canada, en Espagne, aux USA et en Israël ? Quelles sont vos méthodes de travail, la « préservation du patrimoine » est un objet bien vaste, j’imagine que vous cherchez à conserver à la fois des vestiges matériels – synagogues, cimetières – mais aussi une mémoire, avec des témoignages écrits et oraux : en quoi la coopération des Marocains est-elle indispensable ? Est-ce que les Autorités vous soutiennent ?

Arrik Réponse à Question 2: Notre association l’APJM et sa p’tite sœur en Israël « Zohar » ont pour but de « faire connaître la richesse du Judaïsme Marocain sous ses divers aspects au passé et au présent par tous les moyens possibles et contribuer ainsi à sa permanence. On pourra éditer, faire traduire des ouvrages et organiser aussi tous types de rencontres culturelles tels que congrès, colloques, séminaires ou think tanks mais surtout mettre en avant le travail de mémoire qui est le nôtre avec nos côtés nos amis musulmans arabes et berbères du Maroc»

Notre vocation est surtout de faire connaître le judaïsme marocain sous ses multiples aspects, longtemps méprisé, ignoré ou occulté.

Au total nous comptons plus de 3000 sympathisants issus d’une dizaine de pays dont notamment plus de 500 Membres en France qui viennent en turn – over à nos réunions, 400 autres en Israël et plus de 200 au Maroc juifs et musulmans sans lesquels rien n’est possible.

Les projets :

1 Projet de Sauvetage du Patrimoine Juif dans les environs de Marrakech. Reconstruction et rénovation / restauration de l’infrastructure parmi 134 cimetières juifs marocains ruraux arpentés par Charles de Foucauld en 1884

2 On vient de mettre en ligne les photos des 1800 tombes juives du cimetière de Marrakech. Ils planifient de faire la même chose avec tous les cimetières marocains ! Cesite actuellement achevé est entièrement opérationnel avec des textes et analyses sur la Slat Azama, le Rav vénéré le Grand Saint Itzhak Delouya venant de la ville de Loja d’Andalousie. 70% des tombes recensées sont donc lisibles.

2 Mise sur pied et enclenchement du Projet : Combien de temps reste-t-il avant que « Marrakech-la-Juive » ne disparaisse à jamais ? Il est donc plus qu’impératif aujourd’hui de réaliser non pas un livre, un film ou des photos, mais le livre-le film-les photos qui recèleront l’ultime témoignage d’une des plus vieilles communautés juives en exil localement présente depuis 22 siècles. Ce projet, « Marrakech la Juive » est vraisemblablement une dernière bouée jetée dans les filets de l’Histoire des juifs de Marrakech.

3 Coaching et soutien total de doctorants jusqu’à leur soutenance

4 Organisation de 4 colloques et un 5° en cours pour Octobre prochain : à Marrakech et 2 autres à Cordoue en Andalousie :

– ”Résistance et Persistance du Judaïsme Marocain: Mémoire brisée, mémoire en éveil et mémoire retrouvée”

– Continuité et / ou Discontinuité du Judaïsme Marocain ? Existe-t-il une Coexistence Pacifique Judéo – Musulmane à partir de l’exemple du Maroc ?

– « Sépharade : Géographies et Regards de la Mémoire »

– « Sépharade : Mémoires, Identités et Diasporas »

– Prochain colloque sur « la mémoire juive de Cordoue”
Alors Kamal, dans le synopsis de votre film que vous m’avez envoyé, vous racontez une étrange rencontre en 2005 en Israël, dans un petit village de Galilée du nom de Pki’in, où coexistent des Juifs, des Druzes et des Arabes. Là-bas vous vous sentez « comme au bled » écrivez-vous, et puis vous y faites la connaissance de Yossi Ben Chetrit, sabra mais dont la mère est née à Tinghir, le village d’où vous êtes originaire ; vous la rencontrez et de fil en aiguille, vous faites la connaissance d’autres Juifs qui sont partis dans les années 50 et 60 puisque toute la communauté a disparu en 1964 : pourriez-vous évoquer pour nos auditeurs ces échanges avec eux ; qu’est-ce qui vous a frappé en leur parlant ?

Arrik, notre ami Kamal parle d’une manière très émouvante dans son synopsis des maisons en terre de Tinghir où vivaient autrefois des Juifs, de l’ancienne école de l’Alliance et de la Synagogue aujourd’hui disparues, et il évoque ces chants hébraïques que l’on n’entend plus. Il dit : « Depuis le départ de cette communauté juive, les gens qui sont restés ne les ont pas oubliés » – il a interviewé par exemple sa grand-mère, Zimba, qui se souvient très bien d’une voisine juive, pleurant au moment des adieux et lui disant « Dieu vous protège ». N’est-ce pas trop beau, ou est-ce que d’autres personnes âgées comme sa grand-mère, ont gardé ce genre de souvenirs ? Et quid des jeunes Marocains, qui dans leur écrasante majorité n’ont jamais rencontré de Juifs de leur vie ?

Arrik Réponse à Question 4: dans les villes et dans les campagnes, particulièrement dans le Haut-Atlas et les oasis du Sud marocain, les personnes âgées vous parlent des juifs avec beaucoup de nostalgie. Ils vous parlent de leurs amis, voisins et partenaires de commerce juifs avec qui ils entretenaient des relations amicales, voire fraternelles et dont ils n’hésitent pas à vous dire qu’ils regrettent leur départ. Tous vous diront que depuis leur départ, l’activité économique et commerciale du village a chuté et que bien des métiers artisanaux, notamment la joaillerie a disparu. « Un souk sans juifs est un souk sans témoins » dit l’adage marocain pour expliquer le sérieux et l’animation économique que des acteurs juifs apportaient dans les échanges commerciaux.

Quant aux jeunes aujourd’hui, la propagande autour du conflit du Proche-Orient a intoxiqué et influencé leurs esprits, à tel point qu’ils ne gardent du juif que l’aspect négatif de « l’occupant sioniste » de la Palestine. Néanmoins nous pensons qu’il ne faut pas désespérer car de jeunes voix de plus en plus nombreuses s’élèvent,surtout parmi les étudiants et les intellectuels berbères (Amazighs) pour revendiquer la culture judéo-berbère qu’ils estiment et à juste titre faire partie de leur identité et patrimoine culturels. Des associations naissent partout dans les villes, les villages et dans les douars pour défendre cette mémoire millénaire. L’ouverture démocratique du Royaume a ouvert la voie de la recherche de la mémoire et stimule le désir de relecture de l’Histoire et de retrouvailles. Cette semaine des activistes panarabistes ont organisé à Essaouira (Mogador) une manifestation anti-sioniste et des associations amazighs ont organisé une manifestation contre l’anti-sémitisme.

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Kamal Hachkar, vous écrivez au début de votre synopsis : « un pays démocratique se mesure aussi à la manière dont il inclut les minorités au récit national, ainsi qu’à la façon dont il reconnait les richesses dont ces mêmes minorités sont porteuses ». Clairement, et en pensant à une émission récente consacrée au tabou juif en Algérie, on peut dire que votre pays est plus démocratique que vos voisins. Mais, au delà des Juifs, qui ne sont plus aujourd’hui au Maroc qu’une toute petite minorité de quelques milliers de personnes, il y a l’identité berbère : numériquement, les habitants de souche berbère ou parlant une des langues berbères sont majoritaires, mais leur expression culturelle ne l’est pas dans le Royaume qui se revendique d’abord comme arabe. Or on sent une affection particulière des Berbères pour ce passé partagé avec les Juifs, il y a les universitaires qui travaillent avec l’association d’Arrik Delouya mais il y a aussi, par exemple, les 18 enseignants amazighs sont allés l’année dernière visiter le Yad Vashem à Jérusalem : comment l’expliquez-vous ?
Alors Arrik Delouya même question, mais cette fois en essayant d’apporter un éclairage historique : au fond d’où venaient ces « Juifs berbères » ? Vous nous aviez dit un jour que 95 % de la population vivant dans les palmeraies au Sud de Marrakech étaient juive jusqu’aux années 40, cela semble énorme: que penser de la théorie selon laquelle beaucoup de tribus de l’Atlas ont été convertis au Judaïsme à l’origine ? Ou alors est-ce que, en sens inverse, beaucoup de Juifs se sont convertis à l’islam, on entend aussi certains Berbères marocains dire qu’ils sont des descendants de Juifs et qu’ils n’ont rien de commun avec les Arabes ?

Arrik Réponse à Question 6: D’après les historiens,le contact entre les deux peuples remonte à plus de 2960 années(calendrier berbère: 950 Av-JC) quand le Roi juif Salomon (970/937 av jc),qui régnait en terre sainte demanda la main de la fille du roi Berbère Sheshonq, fondateur de la 22ème dynastie des Pharaons en Egypte.Cette alliance avait permis au Roi Saloman d’arrêter les appétits du Pharaon sur Jérusalem. Et c’est ainsi que la fille du Roi Phraon Amazigh devint la première épouse du Grand Roi et prophète du peuple hébreu. La fille de Sheshonq, épouse de Salomon donna naissance aux premiers Hébreu-amazigh de l’Histoire. Les mêmes chroniques nous rapportent que les premiers missionnaires, commerçants, aventuriers juifs furent arrivés jusqu’à la côte atlantique sud marocaine du temps du même Roi Salomon.

Quant à la question de savoir si les juifs amazighs sont des juifs berbérisés ou des berbères judaïsés, l’Histoire nous enseigne encore une fois que le seul royaume juif, en dehors de la terre sainte se trouvait en Afrique du Nord sous le règne de la Reine Berbère Deia que les Arabes conquérants appelaient la Kahéna (la sorcière).

C’est notamment la thèse de N. SLOUSCHZ (1909). P. MONCEAUX (1902) affirme également : « A l’arrivée des Arabes, nombre de tribus berbères étaient plus ou moins judaïsées, surtout en Tripolitaine, dans l’Aurès et dans les ksours du Sahara ». D’ailleurs le grand rabbin Eisenbeth (1936) reprend très largement l’hypothèse des berbères judaïsés; il est suivi par de nombreux auteurs plus récents : CHOURAQUI, CHEMOUILLI

Shlomo Elbaz : « La société berbère semble avoir été l’une des rares à n’avoir pas connu l’antisémitisme »: [ ‘…La société berbère semble avoir été l’une des rares à n’avoir pas connu l’antisémitisme. Le droit berbère, Izerf, dit « coutumier », contrairement au droit musulman (et au droit juif, soit dit en passant), est tout à fait indépendant de la sphère religieuse. Il serait, par essence, « laïque » et égalitaire, et n’impose aucun statut particulier au juif, alors que la législation musulmane fixe le statut du juif (et du chrétien) en tant que dhimmi, « protégé », soumis à certaines obligations et interdictions. ….. 

Dans les oasis et dans les ksours du sud du Maroc, la présence juive a été prédominante jusqu’à la domination assez tardive de l’Islam. Des historiens rapportent que les populations blanches de ces ksours (Kasbahs) étaient de confession juive. L’âge des cimetières juifs qu’on y recense encore aujourd’hui atteste de cette présence ancienne. Un autre indicateur de taille de cette présence est la multitude de Saints communs vénérés aussi bien par les musulmans que par les juifs encore aujourd’hui. Cette caractéristique capitale se trouve partout au Maroc, aussi bien dans les villes que dans les campagnes, au nord comme au sud
Kamal, la question classique que l’on se pose c’est « pourquoi presque tous les Juifs sont partis, et pourquoi en majorité en Israël » : vous donnez, au moins en ce qui concerne les Juifs berbères, une explication simple, « ils étaient très religieux, ils attendaient le Messie. Le retour sur la terre de Sion fut l’élément déclencheur ». Alors, cela fera aussi la richesse de votre film, vous avez interviewé deux personnalités qui se considèrent d’abord comme marocains et ensuite comme juifs, ils sont d’ailleurs tous les deux d’anciens militants communistes, Simon Lévy et Edmond Amran El Maleh et eux sont restés dans le pays. Est-ce que, entre ces personnalités qui sont tout à fait minoritaires et la masse, à la fois pauvre et religieuse qui est partie, il n’y avait pas d’autres trajectoires personnelles, et d’autres motivations au départ, des raisons économiques, ou la peur de rester dans un pays arabe ?
Arrik Delouya, en conclusion est-ce qu’on peut donner quelques éléments pour quantifier l’intérêt des nouvelles générations de Marocains pour ce passé juif : combien d’étudiants ont appris l’hébreu, comme notre ami Kamal ? Combien ont fait des thèses portant sur le patrimoine judéo-marocain ? Et est-ce que, au final, ce n’est pas en préservant le passé que l’on pourra aider à mieux partager l’avenir entre Juifs et Musulmans ?

Arrik Réponse à Question 8: C’est tout à fait dans cette direction que nous avançons. Selon les chiffres avancés par mon ami le Professeur Riveline revu à peine ce Vendredi, plus de 400 étudiants marocains musulmans sont passés par l’Université Paris 8 pour l’étude de l’hébreu et du judaïsme Marocain. Au moins 200 étudiants auraient soutenu le diplôme de Maîtrise et une bonne 100 d’étudiants sont docteurs. La plupart de ces diplômés enseignent dans une dizaine d’Université au Maroc l’hébreu, le judaïsme marocain, la littérature Hébraïque et notamment la littérature israélienne.

Ces mêmes anciens étudiants viennent nous revoir au Maroc lors de nos colloques et y participent très souvent.

Le travail de mémoire et la « passage des pouvoirs et des relais » à nos amis musulmans locaux au Maroc pour la sauvegarde de notre patrimoine laissé là-bas. De plus, le Roi du Royaume du Maroc Mohammed VI vient de mettre sa main à la poche pour offrir une somme colossale à l’entretien des lieux saints juifs du Maroc depuis Tanger jusqu’à Tinghir et après jusqu’à Merzouga. Je dois rappeler ici et à cet effet le récent discours plein de courage et de bon sens sur la Shoah et les juifs lors de la conférence de lancement du projet Aladin en Mars 2009 pour un dialogue interculturel fondé sur la vérité historique, la connaissance et le respect mutuel, qui s’est ouverte en Mars 2009 au siège de l’UNSECO à Paris : « Ma lecture de l’holocauste et celle de Mon Peuple ne sont pas celle de l’amnésie. Notre lecture est celle d’une blessure mémorielle que nous savons inscrite dans l’un des chapitres les plus douloureux, dans le Panthéon du Patrimoine universel….. »
Hassan Majdi, 34 ans, récent docteur en anthropologie avec la mention très honorable et les félicitations du jury de Paris en Décembre dernier est auteur de la sainteté juive au Maroc en travaillant à nos côtés sur notre patrimoine et le tourisme judaïque marocain.
Tilila Baida, 25 ans, étudiante marocaine titulaire d’un Master en Médiation culturelle de l’art et de la science, obtenu en octobre 2009 avec mention Bien, à l’Université Mohamed V – Souissi.

Passionnée de diversité culturelle et particulièrement de culture juive marocaine, l’axe de recherche que vous dirigez à Paris 8 m’intéresse particulièrement. Je souhaiterais vivement faire partie des étudiants que vous encadrez. Elle travaille sur les sujets suivants :

– Présence juive dans les festivals artistiques au Maroc

– Les relations intercommunautaires dans le film marocain d’expression amazighe

– Patrimoine immatériel judéo-marocain, recensement et perspectives d’avenir

Mes sentiments concernant mon court séjour avec vous tous à Marrakech sont très partagés. J’ai été très heureuse de rencontrer les différents participants de faire connaissance avec certains, de partager des opinions, de raconter des anecdotes, rire, chanter, danser et surtout d’apprendre. Je suis donc repartie à Rabat le coeur gros. D’une part car, « maskhitch », j’aurais voulu continuer le voyage pour continuer à essayer de combler ce manque dont je souffre depuis toujours (étant née en 1986, je n’ai pas eu le chance de grandir auprès d’enfants de confession juive). D’autre part, car je ne pouvais m’empêcher de penser que mes enfants n’auront pas la chance de vivre ce que j’ai vécu. En effet, l’héritage culturel judéo marocain perd peu à peu sa marocanité. D’abord on perd son accent, puis sa langue et peu à peu, ses habitudes et traditions (principalement celles qui ne sont pas liées directement à la religion).

J’ai réalisé que si le « judaïsme marocain »est encore et sera bien vivant pour encore quelques siècles, ce n’est malheureusement pas le cas des « juifs marocains ». Bientôt, il n’y aura plus de juifs marocains, il n’y aura plus que des juifs d’origine marocaine. Pourtant il est très simple de rester ou de redevenir marocain tout en demeurant français, canadien, espagnol ou israélien.

Kamal Hackar, 32 ans, Son film part à la rencontre de cette mémoire enfouie auprès de la génération qui a connu cette présence juive, mais très vite cette recherche me mène en Israël où je retrouve quelques-unes des familles originaires de Tinghir. Entre ici et là-bas, ces anciens me racontent d’une même voix leurs vies passées et répondent à mes interrogations : Comment nos deux communautés ont-elles cohabité ? Comment et pourquoi cette séparation si soudaine et définitive ? Pourquoi un tel silence ?

Khouloud Kebali Sajid, 28 ans, Journaliste Responsable marocaine de la communication de notre association Reporter Magazine Economique du Maroc Atlantic Radio a réalisé plusieurs reportages sur les Juifs au Maroc et continue de s’intéresser à notre travail et présence au Maroc.

Mounim Tarik, 26 ans, acteur de cinéma (film “Adieu Mères”) ? un scénario co-écrit avec Reine Danane, traitant une page d’histoire controversée du Maroc moderne : l’immigration massive de la communauté juive marocaine au début des années soixante. C’est l’histoire de deux familles, une musulmane et une juive, à travers laquelle nous voulons mettre en valeur la cohabitation paisible entre communautés au Maroc, mais c’est aussi l’histoire de 300.000 juifs qui ont quitté, clandestinement pour la plupart d’entre eux, le territoire national a la poursuite de promesses sans lendemain… La paix peut régner avec des efforts mutuels de compréhension de l’autre. 

En plus de 8 thésards Marocains musulmans et surtout d’obédience berbères inscrits chez moi et chez le prof Ephraim Riveline du département d’hébreu de l’Université de Paris 8
Projet humanitaire « Sauvons une Oasis du Haut-Atlas marocain – Goulmima en Danger » entre l’APJM et Zohar que je représente et l’association berbère« Arraw N’Ghriss » (’Les Enfants de Ghriss en Amazigh, Berbère) qu’animent Ali et Moha nos amis avec lesquels nous tissons des relations professionnelles et amicales depuis 1986 (et notamment un projet agricole de formation avec le Centre Peres pour la Paix)
Source : Terre d’Israël, 29/8/2010

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