La violence en milieu scolaire prend des proportions alarmantes au Maroc

RABAT, 7/10/2010 – Pas moins de 1000 cas de violence en milieu scolaire au niveau national ont été recensés au Maroc en 2009 selon les dernières statistiques du Centre des droits des gens (CDG) qui précise que les violences corporelles viennent en tête avec 400 cas (40%), suivies des violences psychologiques (350 cas). Selon cette association, les violences sexuelles arrivent en troisième position avec 126 cas (12,6 pc) et pour la seule région de Fès-Boulemane, 126 cas ont été dénombrés dont 81 cas pour les violences corporelles (64,28%) 36 cas pour les violences psychologiques (28, 57%) et 9 cas pour les violences sexuelles (7,14%). 
 
Les violences physiques sont essentiellement des châtiments corporels allant de la gifle aux coups avec des tuyaux, règle en fer, fils électriques, bâtons, coups de pied, note le CDG qui ajoute que la violence psychologique, difficilement quantifiable, se manifeste essentiellement à travers les insultes qui touchent la dignité de l’enfant.

Quant à la violence sexuelle, elle concerne, selon le CDG, les attouchements et les viols. Cette violence en milieu scolaire est générée, selon Bouchaib Karoumi, pédopsychiatre, par une interaction de plusieurs facteurs qui implique la famille, les établissements scolaires et la société. Les jeunes souffrent de problèmes familiaux, violence de leurs parents, pères trop autoritaires, pauvreté, problèmes dans leurs quartiers, a-t-il déclaré avant de préciser que « c’est ce malaise qui pousse certains élèves à la consommation de la drogue qui est aussi une des causes de la violence ». Cette consommation de drogue est due à la présence de revendeurs, aux alentours et au sein même de l’établissement scolaire, a-t-il précisé.

Cette violence est engendrée, également, par des causes structurelles comme la surcharge dans les classes (vacarme, désobéissance, négligence) qui rendent le travail de l’enseignant difficile ainsi que le manque d’infrastructures (terrains de sport, bibliothèque, ateliers) à même de canaliser l’énergie des élèves dans des activités extra-scolaires. Cette situation produit un manque de dialogue entre l’enseignant et l’élève d’où une situation de tension qui ne permet pas à l’enfant de s’exprimer face au comportement jugé sévère de l’enseignant.

De son coté, Jamel Chahdi, président du CDG évoque d’autres cas de violence telles que la violence entre les élèves, les élèves sur leurs enseignants, des responsables administratifs envers les enseignants et celle des enseignants envers leurs collègues. Enfin, M. Chahdi cite également la violence économique matérialisée par les cours supplémentaires que certains enseignants proposent avec insistance à leurs élèves, engendrant ainsi une discrimination et une inégalité des chances: beaucoup de ces élèves, ne peuvent se permettre ces cours pour des raisons financières.

La dernière enquête menée par le ministère de l’éducation nationale marocain avec l’appui de l’Unicef en 2005 avait révélé que 87% des enfants marocains disent avoir été frappés, 60% d’entre eux ont subi des coups en tous genres. La violence dans les écoles peut avoir de graves conséquences sur les enfants en termes de déperdition scolaire, de troubles psychologiques et propagation d’infections sexuellement transmissibles, souligne-t-on. (APS)

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