Des femmes et des enfants violentés par la Police royale
L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a, dans un communiqué, dénoncé l’expulsion par le Maroc de plusieurs centaines de migrants subsahariens qui cherchaient à atteindre l’Europe après l’intensification des rafles par la police du Makhzen. L’organisation humanitaire s’est dite «préoccupée» par la situation de ces personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants, qu’elle décrit comme «abandonnées à leur sort», sans eau ni nourriture, dans un endroit isolé à la frontière entre le Maroc et l’Algérie.
MSF a affirmé qu’entre 600 et 700 personnes ont été arrêtées lors d’opérations policières dans plusieurs villes du Royaume entre le 19 août et 10 septembre passés. Vivotant à Al-Hoceima, Casablanca, Fès, Nador, Oujda, Rabat et Tanger, ces infortunés ont été déportées à la frontière avec l’Algérie, un comportement quasi quotidien de la part des Marocains. L’ONG a précisé également que durant plusieurs raids, les policiers ont détruit des abris de fortune des immigrants clandestins avec des bulldozers. Abandonnés dans ce no man’s land, certains immigrants ont réussi à retourner à Oujda à pied, complètement démunis. 186 migrants dont 103 présentant des blessures liées aux arrestations violentes ont été pris en charge par MSF.
Selon le chef de mission de l’Organisation humanitaire, au Maroc, Jorge Martín, MSF a été témoin «des conséquences directes de ces expulsions sur l’état de santé physique et mentale des migrants», précisant avoir relevé une «augmentation alarmante» des cas de problèmes de santé liés à la violence. S’agissant d’actions répétées, l’ONG a appelé une fois de plus, le Maroc à respecter ses obligations en vertu du droit international, le Maroc étant signataire de la convention de l’ONU sur la protection des droits des travailleurs migrants et de leurs familles. De même, elle a invité le Maroc à «respecter la dignité et l’intégrité des migrants et éviter de les exposer à une situation d’une plus grande vulnérabilité et d’insécurité» dans sa mise en œuvre des mesures de contrôle des migrations clandestines.
En effet, ce n’est pas la première fois que MSF met en cause le Maroc dans ce phénomène de déportation d’immigrants clandestins. En mars dernier, déjà, l’ONG a publié un rapport dans lequel elle a fait état des violences subies au Maroc par des migrants venant d’Afrique subsaharienne, notamment les femmes. A la fin du mois d’août, l’AFP citant les autorités régionales du nord du Maroc, a fait part de l’expulsion de 72 migrants clandestins subsahariens vers l’Algérie. Pourtant, au début du même mois, le Maroc avait condamné l’abandon par les gardes côtes espagnoles de 8 Subsahariens en état critique au large de Melilla. Le Maroc gagnerait à être plus cohérent. Commentant cette situation, une internaute a écrit «J’ai honte d’être Marocaine. L’Onu doit condamner le Maroc pour cette barbarie».
Miloud Horr
La Voix de l’Oranie, 5/10/2010
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