Mais pourquoi s’amuse-t-on à venir chercher ce traître à Akid-Lotfi, puisque les Marocains eux-mêmes reconnaissent qu’il a été arrêté à Lemheiriz, dans une région sous contrôle du Polisario.
Des sujets marocains se sont invités hier au poste-frontalier Akid-Lotfi afin de nous dire leur nouvel amour pour la gent des harkis. Nos voisins rejoignent ainsi la France officielle, seul pays jusqu’ici à glorifier la trahison. « Dis-moi qui tu fréquentes, je te dirai qui tu es », dit le proverbe. Cependant, l’initiative marocaine d’Akid-Lotfi ne surprend pas tellement, le mauvais virage étant déjà annoncé à demi-mot dans le sillage de la bruyante mobilisation orchestrée par le makhzen autour de Mustafa Salma, ex-policier de la RASD, passé chez lui avec l’intégralité de ses secrets.
Des frères du Maroc à proximité d’Akid-Lotfi, les Algériens en en voient tous les jours, ils échangent avec eux toutes sortes de choses, moins la traîtrise, et malgré tous les interdits, on est tenté de se dire : « tant mieux ». Mais pourquoi s’amuse-t-on à venir chercher ce traître à Akid-Lotfi, puisque les Marocains eux-mêmes reconnaissent qu’il a été arrêté à Lemheiriz (aux territoires libérés du Sahara Occidental, ndds), dans une région sous contrôle du Polisario. Ils disent même qu’il a été mis dans une& « prison mobile ». Aussi mobile que les frontières du royaume ?
A Akid-Lotfi, circulent le carburant, les denrées alimentaires, les produits manufacturés et même parfois du haschich, pourquoi vient-on alors jouer les casses-métiers et polluer une ambiance suffisamment confiante pour survivre aux calculs et autres hostilités officielles ? Le makhzen n’a plus l’envergure qu’il avait du temps du tandem défunt Hassan II-Driss Basri. D’où cette mobilisation aux aspects burlesques autour de Mustafa Salma. On veut en faire une sorte d’Aminatou Haïder, cette militante qui a su confondre et le roi et ceux qui mangent dans sa main.
Le makhzen pousse le ridicule jusqu’à parler d’atteinte à la liberté d’expression quand tous le monde, y compris Rabat, reconnaît que Mustafa Salma était policier. Une fonction tenue par l’obligation de réserve dans tous les pays du monde. Une clause violée par l’ancien policier, accusé aussi d’avoir livré des secrets à l’ennemi en temps de guerre. Mustafa Salma n’est pas, ne peut pas être Aminatou Haïder, personnalité appuyée à fond par les siens. Lui, il a l’appui de Brahim Hakim, un traître comme lui. Au plan international ? Comme attendu, la France est le seul pays à s’aventurer à évoquer son cas.
M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
Le Jeune Indépendant, 5/10/2010
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