Berlue collective à El-Ayoun ?

A l’impossible nul n’est tenu, donc la MAP a jugé moins risqué de donner une leçon de crédibilité et de journalisme à… l’AFP.

La ville sahraouie occupée d’El-Ayoun aurait été, mercredi passé, le théâtre d’une berlue collective, essaye des nous convaincre la MAP. Contrairement à ce qui se dit, les activistes sahraouis et leurs compagnons étrangers n’ont pas été violentés à El-Ayoun, tout le monde vous raconte des craques, nous dit la MAP. Particulièrement l’AFP, cette agence qui se plaint actuellement d’une tentative de «mise en coupe réglée» de sa rédaction. Pourtant, l’AFP n’avait fait que reprendre honnêtement les informations de la SPS sahraouie sur ces violences marocaines et la protestation du président sahraoui, M. Mohamed Abdelaziz. 

SPS n’étant jamais prise en défaut, fallait-il la bouder et attendre que l’agence marocaine vous refile le scoop, quitte à défier ses employeurs ? A l’impossible nul n’est tenu, donc la MAP a jugé moins risqué de donner une leçon de crédibilité et de journalisme à… l’AFP. Elle lui reprocha alors d’avoir recouru à la source sahraouie alors qu’elle disposait de son propre correspondant à El-Ayoun. Reproche qu’on pouvait tout aussi bien adresser à la chaîne Al Djazeera qui rapporta, elle aussi, l’information, mais pas de la bouche de son correspondant à El-Ayoun. D’ailleurs, aucun correspondant de média sur place n’a traité l’affaire. Pas par fainéantise ou en raison d’un quelconque déficit professionnel. 

S’ils ne l’ont pas fait, c’est juste parce qu’ils savent que la vérité blesse, qu’un makhzen blessé devient plus dangereux. Et à voir les ruades de la MAP, ils n’ont pas eu tort de faire le mort. A Rabat, on poussa alors la stupidité jusqu’à nous dire que l’acteur espagnol Willy Toledo faisait… du cinéma, que son bandage à la main c’était pour le henné, que les interpellations et les bastonnades étaient une vue de l’esprit et que, somme toute, Willy et consorts étaient plutôt atteints d’une berlue collective. Le makhzen fait bien l’autruche, mais pendant combien de temps pourra-t-il cacher ce phénomène nouveau, cette «escalade» dans l’action solidaire espagnole en faveur des Sahraouis ? 

Parce qu’il n’est pas besoin d’être grand clerc pour s’attendre à l’avenir à plus d’engouement ibérique pour le tourisme militant en terre sahraouie. Et à l’AFP, rien ne dit qu’on est prêt à s’accommoder des ratages. Oublierait-on le feuilleton des otages de Zouerate ?
M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)

Le Jeune Indépendant, 4/10/2010

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