En fait, le renseignement marocain est arrivé à une impasse, née en réalité dune position « de principe » qui ne permet aucune concession, à savoir garder le Sahara sous domination. Un responsable des services secrets marocains avait dit textuellement : « Le Polisario sans lAlgérie ne peut rien faire, et partant de ce constat, il est impératif soit dattiser les tensions entre les deux parties, soit de tenter de « casser le maillon fort » de léquation, à savoir lAlgérie ».
Depuis que jai dévoilé les dessous de la ville de Dakhla sur les pages dEchorouk, jai décidé de dire tout ce que je connais sur le Makhzen et les services secrets marocains, après trois années passées à les étudier de près. Non pas en divulguant des informations qui ont été dites ça et là, ni en reprenant lhistorique de lappareil du renseignement du Palais royal, mais en mettant sur la place publique mon expérience personnelle et des informations que jai puisé dans le fonds secret des renseignements marocains et dans les étapes importantes dun périple qui ne doit pas être mis aux oubliettes de lHistoire. Je pars aussi dans mes propos à partir dentrées dont jai eu un accès privilégié, et non pas à partir dun esprit vindicatif, dun règlement de comptes comme pourraient linterpréter certains. Mon témoignage nest pas non plus un motif pour être mis sous les sunlights des querelles qui secouent la région maghrébine, ni une « mission commandée » menée pour le compte dun service secret, mais simplement et humblement- une mission journalistique pour percer à jour des vérités cachées concernant un service secret qui a eu, et qui a son influence et ses coups fourrés dans le cours de la politique de la région et même au-delà.
Auparavant, mes critiques envers le Polisario, concernant la situation des droits de lHomme, a été utilisé à tort et à travers, et jestime avec toute la moralité et le professionnalisme qui siéent à un homme dans pareille situation- que le temps est den parler ouvertement, dautant plus que le temps passe et que lhomme nest pas le gérant de sa propre destinée, mais je me dois aussi de dissocier le peuple marocain frère de ce que je vais porter sur ses services comme jugements, lesquels jugements ne pourraient que ravir les ennemis.
Mon périple journalistique a été suivi de près, et dès le début, par Echorouk, à travers son directeur Ali Fodhil, et, en fait, mes reportages à Dakhla étaient destinées à Echorouk, qui avait donné à mon travail toute limportance qui lui seyait.
Sur le seuil du renseignement marocain
Tous les services de renseignement du monde travaillent en secret pour sécuriser les structures de lEtat et assurer les intérêts de leur pays. Il est évident aussi que ces services possèdent leurs appareils légitimes et légaux et leurs méthodes illégales et illégitimes. Beaucoup dentre elles « opèrent un sale boulot », comme les assassinats, les liquidations, la désinformation -pour justifier une politique injuste, dompter des adversaires ou imposer un agenda défini. Sous ces derniers qualificatifs, on peut placer le Mossad, ou encore la CIA, lesquels mènent en Palestine, en Irak et en Afghanistan un travail de ce genre.
Toutefois, lorsquun service secret est en situation doccupant, il est plus dangereux encore, car il se trouve dans une position indélicate. A partir de là, on peut mieux appréhender la position des services secrets marocains, lesquels vivent une véritable impasse au sujet du Sahara Occidentale, que lONU place sous le volet de « liquidation doccupation » et que la communauté internationale qualifie de « dernière colonie en Afrique ».
Pour se tirer dembarras, les services secrets marocains travaillent sur deux fronts. Le premier est le front « Algérie », de par sa position de pays inflexiblement allié au Sahara Occidentale, le second étant celui de la communauté internationale et du contexte régional. Ce qui nous intéresse ici, évidemment, est le volet relatif à lAlgérie. Nous allons révéler des choses qui se situent bien loin de ce que la position officielle du Maroc, et même les propos du Palais royal, affichent.
En fait, le renseignement marocain est arrivé à une impasse, née en réalité dune position « de principe » qui ne permet aucune concession, à savoir garder le Sahara sous domination. Un responsable des services secrets marocains avait dit textuellement : « Le Polisario sans lAlgérie ne peut rien faire, et partant de ce constat, il est impératif soit dattiser les tensions entre les deux parties, soit de tenter de « casser le maillon fort » de léquation, à savoir lAlgérie ».
Partant de là, il est devenu clair que les services marocains sy est investi à fond dans cette mission, quitte à commettre assassinats ciblés, oppression des opposants et du peule sahraoui, écrivant par ces actions un long registre, très riche en violations des droits de lHomme, que ce soit au Rif, dans les territoires occupés ou dans certaines villes marocaines même. Ces mêmes services se sont aussi hasardés dans des aventures gravissimes, que ce soit pour liquider des opposants politiques ou pour se débarrasser de complices des putschs militaires manqués contre le roi. Le registre va de Ben Barka à Hichem El Mandari, en passant par Oufkir et les détenus de la triste prison de Tazmamart.
Dans ses priorités, le renseignement marocain se concentre sur lAlgérie, mais aussi sur lEspagne et la Mauritanie, et ce pour des raisons stratégiques, dont les enjeux seront clarifiées plus loin&
Echourouk Online, 3/10/2010
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